Real Madrid tophy-less GFXGetty/GOAL

De la gloire annoncée au chaos : L'implosion du Real Madrid expliquée en 6 points clés (et ça fait mal)

C'est désormais officiel : le Real Madrid n'est plus le champion d'Espagne. Sa couronne en Liga est en route pour Barcelone, après que les Catalans ont scellé le titre jeudi dernier en s'imposant face à l'Espanyol. Mais non seulement les Madrilènes ont été détrônés sur la scène nationale, mais ils vont aussi, de manière officielle, terminer cette saison 2024-2025 sans le moindre trophée majeur à leur actif. Les victoires en Supercoupe de l'UEFA et en Coupe Intercontinentale FIFA ont pu être appréciées sur le moment, et la Coupe du Monde des Clubs reste une possibilité cet été, mais les compétitions que le Real Madrid convoitait réellement lui ont toutes échappé cette saison.

Il y a douze mois à peine, un tel scénario aurait été tout simplement impensable. Après que Carlo Ancelotti eut guidé un effectif déjà sur-talentueux à un doublé historique Liga-Ligue des Champions lors de la saison 2023-2024, les Blancos avaient ajouté la superstar Kylian Mbappé à leur constellation, un transfert censé inaugurer une nouvelle ère de domination sans partage à Madrid et en Europe. Ajoutez à cela l'arrivée du prodige brésilien Endrick, et il était alors bien difficile d'imaginer une seule équipe qui, sur le papier du moins, pourrait réellement contester la suprématie de l'armada assemblée par Florentino Perez au Santiago Bernabeu.

Mais le football, heureusement, ne se gagne pas uniquement sur le papier. Et le Real Madrid a lutté, peiné, dès le début de cette saison. L'équipe a bien montré quelques aperçus, quelques éclairs de son immense potentiel en Liga comme en Ligue des Champions, mais au final, elle a été complètement surclassée et a failli lorsque les enjeux sont devenus vraiment importants, dans les moments cruciaux. Ainsi, si le talent individuel des joueurs madrilènes ne peut être remis en question, il est très vite apparu au fil des mois que cette équipe était profondément imparfaite, déséquilibrée et collectivement défaillante. Une situation qui a mené à une campagne globalement décevante et à oublier pour le club de la capitale espagnole, une saison pour laquelle Carlo Ancelotti paie aujourd'hui de son poste.

Alors, à qui la faute ? Et surtout, comment Xabi Alonso (le successeur pressenti sur le banc) pourra-t-il résoudre les nombreux problèmes qui ont miné et paralysé le Real Madrid au cours des neuf derniers mois ? GOAL se penche sur les raisons de ce naufrage et analyse en détail où tout a déraillé pour les Merengue...

  • KYLIAN MBAPPE REAL MADRID Getty Images

    L'effet Mbappé : une superstar qui déséquilibre le Real ?

    Lorsque le Real Madrid a finalement officialisé, l'été dernier, la signature tant attendue de Kylian Mbappé après des années de tentatives et de feuilletons à rebondissements pour le faire quitter le Paris Saint-Germain, deux prédictions principales étaient sur toutes les lèvres de la plupart des supporters et des consultants : la première, que Mbappé allait inscrire une quantité astronomique de buts pour les géants espagnols ; la seconde, que son arrivée, aussi spectaculaire soit-elle, risquait fort d'avoir un impact négatif sur l'équilibre de l'équipe et le rendement d'autres joueurs. Force est de constater aujourd'hui que ces deux prédictions se sont largement vérifiées.

    Kylian Mbappé a effectivement marqué des buts, beaucoup de buts. Plus, en fait, que n'importe quel autre joueur du Real Madrid n'en avait jamais inscrit lors de sa toute première saison au club. Sa réalisation inscrite mercredi dernier lors de la victoire contre Majorque était ainsi sa 39ème toutes compétitions confondues sous le maillot blanc. Et bien peu parieraient contre le fait qu'il dépasse la barre symbolique des 40 buts lors des deux derniers matchs de la saison. Mais ces statistiques individuelles impressionnantes ont eu un coût collectif indéniable pour le Real Madrid.

    On a beau vouloir tourner le problème dans tous les sens, mais Vinicius Jr et Kylian Mbappé sont tous deux des joueurs qui sont bien plus à l'aise et bien plus performants lorsqu'ils évoluent sur le côté gauche de l'attaque. Certains ont bien tenté de pointer les performances de Mbappé dans un système à deux attaquants avec l'équipe de France, ou de rappeler le fait que Vinicius avait parfois joué avec succès sur l'aile droite lorsque Madrid avait battu Manchester City en Ligue des Champions la saison précédente, comme autant de raisons pour lesquelles le duo pourrait être compatible. Mais il est clair aujourd'hui que ces arguments s'apparentaient davantage à des vœux pieux qu'à une analyse tactique lucide.

    Le plan initial d'Ancelotti était de faire évoluer Mbappé en tant que numéro 9 axial, avec Vinicius et Rodrygo positionnés de chaque côté de lui sur les ailes, tandis que Jude Bellingham devait reculer d'un cran pour retrouver un rôle de milieu de terrain plus traditionnel, après avoir pourtant brillé en tant que "faux neuf" lors de sa propre première saison au Bernabeu. Et si Mbappé, grâce à son immense talent, a globalement trouvé le moyen de faire fonctionner ce système pour lui-même et pour ses statistiques personnelles, la structure offensive globale de l'équipe, elle, n'a jamais vraiment semblé fonctionner de manière fluide et cohérente. L'attaquant français a continué de dériver très (trop ?) souvent sur le côté gauche, son couloir de prédilection, tout en n'offrant que rarement les appels en profondeur instinctifs ou le jeu en pivot dos au but que l'on attend d'un avant-centre plus traditionnel.

    Conséquence directe de ce déséquilibre : le total de buts de Jude Bellingham en Liga a chuté de manière spectaculaire, passant de 19 réalisations la saison dernière à seulement 8 cette année (et sept de ces huit buts ont été inscrits sur une courte période, entre novembre et la première semaine de janvier). Rodrygo, quant à lui, n'a été que l'ombre de lui-même, tant le jeu offensif du Real Madrid a penché de manière excessive sur le côté gauche. Le Brésilien s'est d'ailleurs retrouvé sur le banc lors de plusieurs matchs clés en fin de saison. Défensivement, enfin, la réticence parfois visible de Mbappé à effectuer le travail de pressing et de replacement sans ballon a commencé à déteindre sur certains de ses coéquipiers stars. Résultat : l'équipe a souvent manqué de cohérence et de liant lorsqu'elle avait le ballon, et s'est fréquemment retrouvée en infériorité numérique et désorganisée à la perte de celui-ci. Kylian Mbappé a peut-être rempli sa part du contrat en termes de buts marqués, mais de très nombreux autres problèmes et dysfonctionnements du Real Madrid cette saison semblent directement liés à son intégration complexe dans le collectif.

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  • Vinicius Jr Real Madrid 2024-25Getty

    La tournée revancharde (et ratée) de Vinicius

    Personne, cependant, n'a été aussi négativement et directement impacté par l'arrivée de Kylian Mbappé au Real Madrid que son compère d'attaque Vinicius Jr. Certes, ses statistiques globales de contributions directes aux buts (36 buts et passes décisives combinés toutes compétitions confondues cette saison, contre 37 en 2023-24) n'ont pas chuté de manière flagrante ou particulièrement notable sur le papier. Mais il ne fait absolument aucun doute, pour quiconque a suivi les matchs du Real cette saison, que "Vini" est loin, très loin d'être aussi influent et surtout aussi décisif dans les moments importants qu'il a pu l'être au cours des années précédentes. Le fait que Mbappé limite considérablement l'espace disponible pour Vinicius sur le flanc gauche, son côté préférentiel, a certainement contribué à une partie des problèmes rencontrés par le Brésilien. L'une des tâches les plus importantes et les plus complexes qui attendra Xabi Alonso lorsqu'il arrivera en provenance du Bayer Leverkusen sera d'ailleurs de trouver un moyen de tirer le meilleur de ses deux superstars offensives et de les faire cohabiter harmonieusement. Mais l'ancien milieu de terrain du Real devra aussi, et peut-être avant tout, trouver un moyen de sortir Vinicius de sa sorte de "déprime" et de sa spirale négative post-Ballon d'Or.

    La frustration publique et à peine masquée de l'ailier brésilien de ne pas avoir remporté le Ballon d'Or 2024 (finalement attribué à Rodri) en avait amusé plus d'un à l'époque. Mais la plupart des observateurs s'attendaient à ce que Vinicius tienne parole et réponde sur le terrain, lui qui avait alors fièrement déclaré, en réaction à ce qu'il considérait comme un affront, que les votants et le public "n'étaient pas prêts" pour la réponse qu'il allait apporter sur les pelouses. Ce sentiment s'était d'ailleurs certainement renforcé après qu'il eut marqué son premier match de Liga suivant la cérémonie de Paris d'un triplé retentissant pour battre Osasuna le 9 novembre dernier. Mais malheureusement pour lui et pour le Real, ce fut en réalité le point culminant, et quasiment le seul fait d'armes notable, de la saison de Vinicius.

    Depuis ce fameux triplé, il n'a en effet marqué que trois petits buts supplémentaires en Liga. Pis encore, la grande majorité de ses réalisations en Ligue des Champions à partir du mois de décembre se sont avérées totalement anecdotiques et sans conséquence sur le résultat final des rencontres. Plus inquiétant, Vinicius a surtout semblé trop souvent vouloir trop en faire, comme s'il cherchait désespérément à prouver sa valeur au monde entier. Résultat : son jeu est apparu forcé, brouillon, désespéré par moments, voire même dangereusement imprudent et individualiste à d'autres. Carlo Ancelotti, de son côté, s'est montré de plus en plus frustré par l'attitude et le rendement de son ancien joueur vedette. On l'a ainsi vu à plusieurs reprises implorer Vinicius de faire les efforts défensifs nécessaires, et même le réprimander vertement lorsqu'il ne suivait pas son adversaire direct ou ne participait pas au repli. Les rumeurs d'un possible transfert vers l'Arabie Saoudite semblent pour l'instant s'être estompées. Mais il ne fait aucun doute que le Real Madrid aura impérativement besoin d'un Vinicius Jr retrouvé et revenu à son meilleur niveau s'ils veulent espérer se remettre au sommet du football espagnol et européen la saison prochaine.

  • Real Madrid CF v Villarreal CF  - La Liga EA SportsGetty Images Sport

    L'hécatombe de blessures : l'autre cauchemar du Real

    Un élément majeur du déclin du Real Madrid cette saison, et pour lequel Kylian Mbappé ne peut décemment pas être tenu pour responsable, est la cascade invraisemblable de blessures qui s'est abattue sur l'effectif tout au long de la campagne. Bien sûr, toutes les équipes du football mondial doivent faire face à des problèmes de condition physique au cours d'une saison de plus en plus chargée et exigeante, mais les Merengue ont été bien plus durement touchés que la plupart de leurs concurrents par ces absences forcées en 2024-2025.

    Dès la mi-novembre, Carlo Ancelotti avait par exemple déjà perdu l'intégralité du flanc droit de sa défense préférentielle, après que Dani Carvajal et Eder Militao eurent tous deux subi des ruptures des ligaments croisés du genou, synonymes de fin de saison prématurée pour eux. David Alaba, autre pilier défensif, a également lutté pour enchaîner les matchs depuis son retour en janvier d'un autre long problème au genou. Eduardo Camavinga, quant à lui, terminera la saison en ayant manqué près de la moitié des matchs de Liga de son équipe en raison de diverses blessures musculaires et articulaires. De son côté, Ferland Mendy n'a plus joué depuis la mi-mars après avoir enchaîné deux blessures musculaires consécutives. Et une multitude d'autres joueurs de l'effectif ont également manqué de courtes périodes de compétition après avoir contracté des pépins physiques plus mineurs.

    Pour ne rien arranger, la suspension de six matchs infligée à Antonio Rüdiger suite à son expulsion et à son comportement inqualifiable lors de la finale de la Coupe du Roi a conduit le club à avancer une opération au ménisque que le défenseur allemand repoussait depuis des mois. Il aurait ainsi joué avec une douleur intense pendant près de sept mois avant de finalement céder. Jude Bellingham, lui aussi, devrait rejoindre Rüdiger sur la table d'opération cet été, alors que le milieu de terrain anglais cherche enfin à se débarrasser définitivement de ce problème récurrent à l'épaule qui l'a handicapé et gêné tout au long de la saison.

    Même s'il a souvent serré les dents et joué malgré la douleur pour ne pas exposer davantage les carences de l'effectif madrilène, il est clair aujourd'hui que le manque criant de profondeur de banc de qualité a fini par durement rattraper le Real Madrid. Les Castillans auraient impérativement dû investir dans d'autres secteurs de jeu que la seule attaque l'été dernier, mais ils ne l'ont pas fait, préférant tout miser sur Mbappé. La précipitation avec laquelle ils tentent désormais de boucler les dossiers menant à Trent Alexander-Arnold et au jeune Dean Huijsen témoigne de cette tentative tardive et un peu désespérée de résoudre enfin ce problème structurel. La honte pour eux, c'est que, pour cette saison du moins, c'est bien trop peu, et surtout bien trop tard.

  • Toni Kroos Real Madrid 2024Getty

    Sans Kroos, le Real a perdu sa boussole

    Le vide que le Real Madrid doit sans doute le plus urgemment combler, celui qui explique en grande partie ses maux actuels, se situe peut-être au cœur même de son milieu de terrain. La décision de Toni Kroos de prendre sa retraite à l'âge de 34 ans, à la fin de la saison dernière, en a surpris plus d'un, c'est certain. Mais le fait qu'il ait annoncé son départ bien avant la fin effective de l'exercice 2023-2024 laissait au moins à son club une chance, un temps précieux, pour prendre la mesure de la situation, évaluer les options disponibles sur le marché et anticiper son remplacement. Au final, pourtant, la direction madrilène a pris la décision, aujourd'hui lourdement critiquée, de continuer avec les joueurs déjà présents dans l'effectif, sans recruter de véritable successeur à l'Allemand. Un pari qui, force est de le constater, n'a absolument pas fonctionné.

    Il faut dire que la dernière campagne de Toni Kroos sous le maillot blanc (2023-2024) fut sans doute l'une de ses toutes meilleures sur le plan individuel. Sa maîtrise technique, son contrôle du tempo, son sang-froid et sa vision du jeu exceptionnels au milieu du terrain assuraient en permanence au Real Madrid une capacité à garder le contrôle des matchs, à dicter le rythme, quel que soit le score ou la physionomie de la rencontre. Le métronome allemand était capable de distribuer avec une précision chirurgicale aussi bien des passes courtes que des transversales millimétrées, tout en sachant instinctivement quand il fallait ralentir le jeu ou au contraire l'accélérer. Si Vinicius Jr et Jude Bellingham marquaient les buts et faisaient les gros titres la saison dernière, c'est bien Toni Kroos qui était le véritable cerveau, le joueur qui faisait "tourner" et briller ce Real Madrid alors irrésistible.

    Remplacer un joueur aussi unique, aussi influent, n'est évidemment jamais une tâche aisée pour aucun club au monde. Mais le fait que le Real Madrid n'ait apparemment fait aucun effort significatif pour tenter de le faire, ou du moins pour recruter un profil capable d'assumer une partie de ses responsabilités créatives, s'est finalement avéré extrêmement coûteux cette saison. Toute impression de contrôle, de maîtrise collective dans le jeu des Madrilènes a quasiment disparu depuis son départ. Et tant qu'ils ne parviendront pas à trouver un remplaçant adéquat, un nouveau chef d'orchestre capable d'organiser le jeu avec autant d'intelligence et de sérénité, ils risquent fort de continuer à peiner pour rivaliser durablement au plus haut niveau européen et national.

  • La-Liga-Real-Madrid-Athletic-ClubAFP

    Le Real Madrid, une passoire : autopsie d'un naufrage défensif

    Cependant, il semble bien que le chantier le plus urgent et le plus pressant pour le Real Madrid cet été sera de colmater les brèches béantes d'une défense qui a été mise en pièces, encore et encore, tout au long de cette saison 2024-2025. Le jeune Dean Huijsen et, dans une moindre mesure car il est attendu plus haut sur le terrain, Trent Alexander-Arnold, sont certes pressentis pour venir aider à consolider l'arrière-garde des Madrilènes. Un nouveau latéral gauche de haut niveau figurerait également en bonne place sur la liste de souhaits de Xabi Alonso.

    Mais si un seul but devait résumer à lui seul l'étendue des carences défensives collectives du Real Madrid cette saison, ce serait sans doute l'ouverture du score improbable inscrite par Martin Valjent, le défenseur central de Majorque, au Bernabeu mercredi dernier. Sur cette action surréaliste, on a vu Valjent sortir tranquillement de sa propre défense, échanger quelques passes anodines avec un milieu de terrain, pour se retrouver, à son propre grand étonnement, en l'espace de seulement douze secondes, aux abords de la surface madrilène, dans le dernier tiers adverse. Totalement libre de tout marquage, esseulé au milieu d'un espace caverneux et ne subissant pas la moindre pression adverse, il a alors tranquillement ajusté une frappe dans le petit filet pour inscrire ce qui n'était que le neuvième but de toute sa carrière. Un but qu'il a semblé marquer presque à contrecœur, tant sa chevauchée offensive n'avait rencontré aucune opposition.

    Bien sûr, la cascade de blessures qui a touché chacun des membres de la défense titulaire habituelle du Real Madrid peut expliquer une partie des difficultés rencontrées par l'équipe dans ce secteur. Mais le problème est bien plus profond, c'est un mal collectif, systémique, qui ne sera pas résolu par la simple arrivée de quelques nouveaux visages derrière. Tout au long de la saison, les adversaires du Real ont pu jouer avec une facilité déconcertante aussi bien entre les lignes que sur les côtés du bloc madrilène. Il n'y avait souvent aucune structure défensive claire, aucune organisation collective rigoureuse, et surtout, aucun pressing digne de ce nom. Les trois lignes de l'équipe (défense, milieu, attaque) étaient soit beaucoup trop compactes et resserrées les unes sur les autres, laissant d'énormes espaces dans leur dos, soit au contraire beaucoup trop espacées et déconnectées les unes des autres. L'absence cruelle d'un véritable milieu de terrain défensif fiable et performant – et plus globalement le manque de "jambes" et de volume de jeu dans l'entrejeu – a eu pour conséquence directe de permettre aux milieux et attaquants adverses de percuter régulièrement et avec une grande liberté balle au pied, arrivant lancés face aux défenseurs centraux madrilènes, souvent livrés à eux-mêmes.

    Le Real Madrid s'est ainsi fait littéralement découper en morceaux tant par des équipes spécialistes du contre rapide et dévastateur, comme le FC Barcelone, que par des formations misant davantage sur une possession de balle contrôlée et patiente, comme Arsenal, lors des grands rendez-vous de la saison. En résumé, en 2024-2025, il fut tout simplement beaucoup trop facile de jouer et de se créer des occasions face à cette équipe du Real Madrid.

  • Lamine Yamal Raphinha Barcelona 2025Getty

    Pendant que le Real doute, le Barça de Flick régale (et gagne tout)

    Il y a bien sûr toujours deux côtés à chaque histoire, et il serait profondément injuste de ne pas souligner à quel point le FC Barcelone a été très, très, très bon cette saison 2024-2025. Beaucoup d'observateurs étaient pourtant sceptiques, voire ouvertement critiques, concernant la nomination du nouvel entraîneur Hansi Flick, notamment après son passage jugé raté à la tête de la sélection allemande. De plus, un Robert Lewandowski vieillissant, un milieu de terrain souvent décimé par les blessures et des problèmes financiers institutionnels et incessants peignaient le portrait d'une équipe barcelonaise qui, pensait-on, aurait encore besoin de plusieurs années de reconstruction pour pouvoir espérer se refaire une place parmi l'élite européenne.

    Ces sombres prédictions ont cependant aussi mal vieilli que du lait laissé en plein soleil. Certes, le Barça version Hansi Flick a connu quelques inévitables problèmes de rodage et quelques difficultés passagères en début de parcours, mais l'équipe s'est montrée véritablement magnifique et impressionnante durant la majeure partie de la campagne. L'ancien entraîneur à succès du Bayern Munich a su bâtir une merveilleuse équipe résolument tournée vers l'attaque, emmenée par un duo d'ailiers, Lamine Yamal et Raphinha, littéralement déchaînés et intenables sur leurs flancs respectifs, tandis que Robert Lewandowski, au centre de l'attaque, a semblé rajeuni et a retrouvé son efficacité diabolique. Un Pedri enfin débarrassé de ses pépins physiques et de retour à son meilleur niveau a également été une véritable révélation et le métronome de cette équipe. Et si la ligne défensive très haute prônée par Flick a certes ses détracteurs et a pu montrer quelques signes de fébrilité par moments, elle a aussi et surtout permis au Barça d'étouffer littéralement ses adversaires par un pressing intense et coordonné, les forçant à la faute et à la soumission.

    Les résultats obtenus par le Barça cette saison face à son grand rival madrilène illustrent d'ailleurs parfaitement cette nouvelle domination barcelonaise retrouvée : sur les quatre confrontations directes entre les deux équipes cette saison, toutes compétitions confondues, le Barça a enregistré quatre victoires, inscrivant la bagatelle de seize buts au passage ! Aux succès éclatants obtenus en finale de la Coupe du Roi et de la Supercoupe d'Espagne face à ce même Real Madrid, est donc venu s'ajouter ce week-end le sacre logique et mérité en Liga. Et compte tenu de l'énorme marge de progression que possède encore cette jeune et talentueuse équipe dirigée par Hansi Flick, on peut légitimement se demander si le Real Madrid pourra encore se targuer bien longtemps de posséder le "meilleur effectif d'Europe"... Le trône semble avoir changé de mains.