Jude Bellingham devait être le nouveau Zinédine Zidane. Son numéro 5, hérité de la légende française, semblait le prouver. Puis, très vite, il fut annoncé comme le prochain Cristiano Ronaldo. Ses buts en cascade en début de saison dernière venaient étayer cette comparaison audacieuse. Et maintenant, dix-huit mois après son arrivée en fanfare, le voilà en pleine difficulté. Après une première campagne absolument magique sous le maillot du Real Madrid, le milieu de terrain international anglais traverse sa deuxième saison en bafouillant son football, loin de son meilleur niveau. Le fameux "sophomore slump", ce difficile cap de la confirmation, est une réalité tangible pour lui.
Ce n'est pas un phénomène nouveau, bien entendu. Il n'est pas rare que les footballeurs, même les plus grands et ceux au sommet de leur art, connaissent des périodes de doute et de difficulté. C'est aussi le lot des jeunes joueurs qui cherchent encore leur voie dans le monde professionnel – l'ironie étant que Jude Bellingham, à 21 ans, se situe un peu à la croisée de ces deux catégories. La différence majeure, cependant, et elle est de taille, c'est que Bellingham fut absolument étincelant la saison passée, et surtout, qu'il joue pour le Real Madrid. Et le Real n'est pas un club qui a la réputation de vous accorder beaucoup de temps pour traverser quelques matchs sans, et encore moins de tolérer une saison entière de turbulences et de performances en demi-teinte.
Bellingham le sait pertinemment. Il est déjà trop aguerri par le soleil brûlant de Madrid, trop conscient des exigences extrêmes et des fluctuations émotionnelles qui accompagnent le port du maillot blanc merengue. Pourtant, force est de constater qu'il a été par moments véritablement transparent, voire médiocre, cette saison. Ses statistiques de buts sont en chute libre par rapport à l'an dernier, tandis qu'il passe le plus clair de son temps sur le terrain à afficher une mine frustrée, l'image d'un joueur qui, visiblement, ne prend tout simplement plus autant de plaisir à pratiquer son sport qu'auparavant.
Les raisons expliquant les difficultés actuelles de Bellingham pourraient être multiples et complexes. La plus évidente, celle qui saute aux yeux, est l'intégration de Kylian Mbappé dans l'effectif cet été. Une arrivée qui s'apparente, sur le plan footballistique, à l'idée saugrenue de vouloir râper une truffe noire hors de prix sur un plat de pâtes déjà délicieux. Intriguant sur le papier ? Certainement. Nécessaire pour l'équilibre de l'équipe ? Absolument pas. L'arrivée du Français a semble-t-il tout déséquilibré sur le plan offensif, et Bellingham est peut-être celui qui en a le plus souffert tactiquement. Une partie de la responsabilité lui incombe aussi, bien sûr : ses performances individuelles ont été globalement insuffisantes et décevantes. Ce fait ne peut être nié. Et peut-être plus largement encore, il faut reconnaître qu'un véritable nuage noir semble planer au-dessus du Real Madrid en ce moment. L'ambiance générale ("the vibes") est mauvaise. Les résultats ne suivent pas. Les trophées ne sont pas au rendez-vous.
Le moment semble donc idéal, ou au contraire terriblement périlleux, pour affronter le FC Barcelone dans ce qui est assurément le match le plus important de leur saison en championnat. Un Clasico au sommet de la Liga qui pourrait soit permettre à Bellingham de racheter sa deuxième saison en demi-teinte et de sauver les apparences, soit la condamner définitivement aux oubliettes comme une campagne à rapidement oublier.






.jpg?auto=webp&format=pjpg&width=3840&quality=60)



