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Xabi Alonso face à un chantier colossal ! Le Clasico rappelle cruellement à Madrid l’avance prise par le Barça… malgré Mbappé

Alors Xabi, toujours partant ? Après plus de 90 minutes de football haletant, tendu et riche en polémiques entre le Real Madrid et le FC Barcelone, une chose est claire : celui qui reprendra ce vestiaire madrilène devra être un peu fou, un brin magicien… voire carrément masochiste.

Les deux géants espagnols ont livré une quatrième bataille de très haut niveau cette saison. Et à nouveau, le Barça a dominé Madrid, confirmant qu’il filera sans opposition vers un nouveau sacre en Liga. Après cette victoire 4-3, les Catalans comptent sept points d’avance à trois journées de la fin. Ils pourraient même finir avec une dizaine d’unités d’écart. Ce serait douloureux pour Madrid, mais pas immérité au vu de la différence de niveau affichée.

Et pourtant, tout avait bien commencé. Pendant 15 minutes, le Real a cru rêver. Mbappé, auteur d’un triplé malgré un match en demi-teinte, a rapidement frappé deux fois. Le suspense revenait. Puis le Barça a commencé à jouer. Et là, ce fut le cauchemar. Flick et ses hommes ont inscrit quatre buts sans forcer avant la pause. Eric Garcia a ouvert le score sur corner, Lamine Yamal a enchaîné avec une nouvelle merveille de frappe, et Raphinha a claqué un doublé sur deux contres éclairs.

Le Real a bien tenté de réagir. Mbappé a complété son triplé, et Vinicius a réussi le tour de force de servir deux fois son coéquipier sans jamais vraiment exister dans le match. Le Barça, lui, s’est vu refuser un cinquième but par la VAR et aurait pu obtenir un penalty évident. Jamais un succès 4-3 n’a semblé aussi écrasant.

Le Real n’a pas à se plaindre de ce qui s’annonce comme une saison blanche (si l’on met de côté la Supercoupe d’Europe ou la Coupe intercontinentale FIFA). Ancelotti est sur le départ (poussé ou partant de lui-même, peu importe) et l’ensemble du club semble prêt à tourner la page. Alonso arrive, lui, dans un environnement instable.

Il héritera d’un effectif rempli de talents, à commencer par Mbappé, mais sans réelle alchimie collective. Ancelotti, malgré toute son expérience, n’a pas réussi à trouver la bonne formule. Qu’est-ce qui ferait croire qu’Alonso, lui, y parviendrait ? Son défi ne sera pas seulement de rattraper le Barça. Il devra le dépasser, l’écraser, et réinstaurer la domination madrilène. Et comme l’a prouvé dimanche : même trois buts d’un génie n’y suffisent pas toujours.

  • FC Barcelona v Real Madrid CF - La Liga EA SportsGetty Images Sport

    GAGNANTS : Les ailiers magiques du Barca

    On pouvait le pressentir. Lucas Vazquez n’est pas un latéral de métier, et Fran Garcia n’est que le troisième choix côté gauche du Real. En face, Barcelone aligne deux prétendants très sérieux au Ballon d’Or : Lamine Yamal et Raphinha. À eux deux, ils font voler en éclats toutes les défenses – et celle de Madrid avait déjà encaissé 12 buts en trois Clasicos cette saison avant même le coup d’envoi de dimanche. Le drame semblait inévitable.

    Yamal et Raphinha sont aussi complémentaires qu’ils sont différents. L’un, le Brésilien, déborde, accélère, fixe et déclenche. L’autre, l’Espagnol, tricote, hypnotise, trouve des espaces invisibles. Ensemble, ils déstabilisent tout.

    Et ce fut encore le cas dimanche. Sur le flanc droit, Yamal a martyrisé Garcia, signé une merveille de frappe enroulée et offert trois occasions franches. À gauche, Raphinha a rayonné, percutant et létal. Il a marqué deux fois et aurait pu doubler la mise sans les arrêts réflexes de Courtois.

    Dans les quatre confrontations face à Madrid cette saison, le Barça a dominé tous les secteurs. Mais sur les ailes, l’écart entre les deux équipes est tout simplement abyssal.

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  • FC Barcelona v Real Madrid CF - La Liga EA SportsGetty Images Sport

    PERDANT : Lucas Vazquez

    Le Barça aurait sans doute eu plus de mal si Ancelotti avait fait le bon choix au poste de latéral droit. Depuis la grave blessure au genou de Dani Carvajal, le coach madrilène alterne entre deux options peu naturelles : Federico Valverde, qui dépanne parfois mais est indispensable dans l’entrejeu, et Lucas Vazquez, ancien ailier reconverti à contrecœur. Et à 33 ans, ce dernier semble avoir perdu ses jambes.

    Dimanche, Ancelotti a opté pour Vazquez… et le résultat a été catastrophique. Le vétéran madrilène s’est fait déchirer pendant 84 minutes par un Raphinha déchaîné, baladé dans tous les sens et impliqué directement sur au moins deux des quatre buts encaissés. Offensivement, il n’a rien apporté non plus.

    La bonne nouvelle pour les supporters merengue, c’est qu’un renfort est en route : Trent Alexander-Arnold. Mais si le nom fait rêver, le profil interroge. Le latéral anglais est le joueur le plus souvent éliminé en un contre un en Premier League cette saison… et face à des ailiers comme Yamal ou Raphinha, cela pourrait vite tourner au cauchemar.

    Une chose est sûre : Alexander-Arnold ne sera pas un ailier repositionné à l’arrière. Et rien que pour ça, il semble déjà représenter une amélioration. Car dimanche, Vazquez a surtout confirmé qu’il ne peut plus tenir son rang à ce niveau.

  • Hansi Flick Barcelona 2024-25Getty

    GAGNANT : Hansi Flick

    Le parcours de Hansi Flick mérite à lui seul un documentaire. Génie tactique encensé après avoir tout raflé avec le Bayern Munich lors de la saison 2019-2020, il incarnait alors l’apogée du pressing à l’allemande, avec une équipe parfaitement huilée et un Lewandowski de gala à la pointe de l’attaque. Puis est venue la sélection allemande… et le retour brutal à la réalité. Le jeu international est plus lent, le pressing quasi inexistant : Flick n’y trouvait pas sa place, et son éviction à quelques mois de l’Euro 2024 n’a surpris personne.

    Alors, le voir débarquer au Barça avait de quoi intriguer, tant le club catalan reste très attaché à une certaine idée du jeu. Mais Flick a su bâtir un collectif redoutablement équilibré. Son bloc haut, parfois critiqué, a parfaitement fonctionné face à Madrid, perturbant sans cesse Mbappé et Vinicius. Au milieu, son trio a pressé, harcelé, étouffé ses vis-à-vis. Bellingham, Valverde et Ceballos n'ont jamais eu l’espace de s’exprimer. Et en transition, le Barça a été létal.

    Et dire que Flick devait composer sans ses latéraux titulaires, sans son buteur numéro un, avec un gardien censé être à la retraite il y a encore un an… Rien de tout cela ne s’est vu. L’Allemand est en passe de remporter la Liga pour sa première saison, après avoir déjà soulevé la Coupe du Roi et la Supercoupe. Et le plus inquiétant pour la concurrence, c’est que ce Barça-là n’est peut-être qu’au début de son ascension.

  • كيليان مبابيGetty Images Sport

    PERDANT : Kylian Mbappe

    Mbappé, roi des triplés inutiles ? L’expression peut paraître sévère, mais elle n’est pas totalement infondée. En décembre 2022, son triplé en finale de Coupe du monde avait fait vaciller l’Argentine et offert l’un des plus grands matchs de l’histoire du football. Une défaite, certes, mais une prestation individuelle majuscule.

    Dimanche, rebelote. Trois buts inscrits face au Barça… pour une défaite. Encore une fois, Mbappé a brillé dans une équipe globalement dépassée. Et encore une fois, on peut penser qu’il aurait pu, voire dû, marquer plus.

    Ce Clasico incarne à merveille ce que Mbappé représente au Real Madrid cette saison. Il a déjà battu le record de buts pour une première saison sous le maillot merengue, et il semble bien parti pour devancer Lewandowski au classement du Pichichi. Mais à quoi bon ces chiffres si impressionnants quand ils ne pèsent pas dans les moments clés ?

    Contre le Barça, Mbappé a inscrit trois buts sans pour autant élever le niveau collectif de son équipe. C’est tout le paradoxe. Son talent est indiscutable, mais son impact global reste frustrant. À 26 ans, il semble être le même joueur qu’il y a cinq ans : explosif, brillant balle au pied, mais peu impliqué sans ballon et toujours aussi centré sur lui-même. Sans lui, ce Clasico aurait viré à la déroute totale, c’est vrai. Mais avec lui, ce ne fut qu’un naufrage maquillé.

  • FBL-ESP-LIGA-CORRUPTIONAFP

    GAGNANTS : Javier Tebas et La Liga

    Ces dernières années, les Clasicos avaient un goût d’eau tiède. Il faut dire que nos standards ont été faussés par l’époque dorée du début des années 2010. On parle ici de Messi marchant fièrement au Camp Nou après avoir désossé le Real, de Cristiano Ronaldo intimant au public de se calmer, de Gareth Bale déposant toute la défense du Barça en passant hors du terrain, ou encore de la guerre froide tactique entre Guardiola et Mourinho. C’étaient des sommets de football moderne, des affiches cultes, où le génie se mêlait au drame.

    Depuis, la rivalité avait perdu en intensité. Les tensions subsistaient, bien sûr, mais l’adrénaline, le feu, le spectacle… tout semblait s’être estompé. Jusqu’à cette saison. Et que dire de ces 23 buts en quatre confrontations entre le Real et le Barça ? Une réponse spectaculaire aux critiques sur le manque d’envergure du Clasico.

    Les deux équipes sont imparfaites. Le Barça se régale offensivement mais laisse trop d’espaces derrière. Le Real aligne des stars planétaires, mais semble désorganisé. Et pourtant, cette saison, ce Clasico a coché toutes les cases : des polémiques arbitrales, des gestes de grande classe, un suspense haletant jusqu’au bout… Le genre de match qu’on regarde sans pouvoir décrocher, du coup d’envoi au dernier sifflet.

    Pas de doute, le Clasico est bel et bien de retour, et Javier Tebas, président de La Liga, peut sabrer le champagne.

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    PERDANT : Xabi Alonso

    Rien n’a encore été officiellement confirmé, mais c’est un secret de polichinelle : Xabi Alonso va s’asseoir sur le banc du Real Madrid la saison prochaine. L’Espagnol a lui-même annoncé son départ du Bayer Leverkusen, et a reçu une ovation méritée lors de son dernier match à domicile, dimanche.

    Mais en regardant de plus près, le chantier qui l’attend à Madrid est colossal. En l’espace de quelques mois, les Merengue se sont transformés en une équipe déséquilibrée, en manque criant de latéraux, sans véritable métronome au milieu, et surtout sans un pur numéro 9 comme Alonso aime les utiliser. Résultat : des prestations irrégulières et une dynamique en chute libre.

    Et ce n’est pas tout. Le climat médiatique autour du club est devenu toxique. Sur le terrain, Vinicius, Mbappé et Bellingham ne parviennent pas à coexister harmonieusement, tandis que Rodrygo est passé de pièce maîtresse à oublié du banc – il n’est même pas entré en jeu dimanche. En dehors, les attaques répétées du club contre l’arbitrage ont renforcé son image de “méchant” en Espagne comme en Europe.

    Alors, oui, diriger le Real Madrid reste un rêve pour n’importe quel entraîneur. Oui, travailler avec des stars comme Bellingham, Vinicius et Mbappé a de quoi séduire. Mais la vraie question est ailleurs : le jeu en vaut-il encore la chandelle dans un tel chaos ? C’est ce que Xabi Alonso s’apprête à découvrir… à ses risques et périls.

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