Santiago Solari Real Madrid 2018-19Getty Images

Real Madrid - Ajax (1-4) | Les 5 raisons d'une fin de cycle

C'est vieux comme le foot. Les chutes des plus grandes équipes de l'histoire sont aussi spectaculaires que leurs conquêtes. Le Real Madrid, première équipe de l'ère moderne de la Ligue des champions à grimper sur le toit de l'Europe à trois reprises consécutives, laissera sa couronne cette année. Il clôt une semaine terrible, qui aura balayé comme un violent coup de vent toutes ses illusions - en Liga et en Coupe du Roi, à chaque fois contre son plus grand rival, le Barça - et en Ligue des champions.

Cette bande de champions avait des restes de ce qu'elle fut, il y a trois semaines, quand elle a froidement douché une équipe de l'Ajax aussi romantique que naïve (1-2). Mais le retour de bâton a été sévère, ce mardi, à Bernabeu (1-5). Peut-être faudrait-il rappeler la porteur de son exploit, après trois années à faire la pluie et le beau temps, partout, contre les petits et les plus grands. Mais l'ingratitude du moment impose un constat cruel : le cycle du Real est terminé. En voici les raisons.

Un leader offensif non remplacé

L'histoire d'amour entre Cristiano Ronaldo et le Real Madrid ne pouvait pas être éternelle, c'est un fait. Pourtant, il était difficile d'imaginer que son départ laisse un tel vide. Ronaldo avait été l'homme des sommets, la personnification d'un état d'esprit et d'un niveau de performances. Meilleur buteur de l'histoire de ce club et de l'histoire de la Ligue des champions tout court, le Portugais a si souvent répondu présent pour sortir le Real des traquenards par sa rage, sa ténacité, ses frappes, ses penalties, ses coups de génie, ses coups de pattes ou ses buts du genou... Bien-sûr, il serait réducteur de renvoyer la responsabilité de cet échec à Karim Benzema, nouveau leader offensif de l'attaque madrilène. Mais la saison tout à fait honorable du Français ne peut pas lui permettre d'égaler le rendement de son association avec son ancien compère. De la même façon que le PSG, avec le seul Cavani, aussi fructueux soit-il, il y a deux ans, ne pouvait pas avoir les mêmes attentes qu'avec l'association Ibrahimovic-Cavani. C'est mathématique. "On ne remplace pas un joueur à 50 buts comme ça", avait prévenu Toni Kroos cet été.

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Des entraîneurs impuissants

Aux yeux de Florentino Perez, le départ surprise de Zinédine Zidane est bien le pire des traumatismes. Le président du Real ne s'en est pas caché. Et ses décisions prises dans l'urgence cet été, puis cet automne, sont aussi là pour l'attester. Perez a débauché Julen Lopetegui juste avant la Coupe du monde en Russie, provoquant une situation de crise au sein de la sélection espagnole, non sans incidence sur son parcours, d'ailleurs. Mais le vaste échec de Lopetegui lui a donné tort. Et son remplacement par Santiago Solari, fin octobre, n'a pas porté ses fruits, malgré un climat apaisé. Homme du cru, l'Argentin aura eu le mérite de ramener un peu de sérénité dans le vestiaire et autour du club. Mais c'est à la fin de l'hiver ou début du printemps que les saisons se décident dans un club comme Madrid. Son avenir s'écrit en pointillés, forcément.

Santiago Solari Real Madrid 2018-19Getty Images

Des leaders techniques défaillants

On aurait tendance à l'oublier, mais le Real Madrid alignait encore un Ballon d'Or sur sa pelouse, ce mardi. Cristiano Ronaldo n'est plus là, mais Luka Modric n'est plus que l'ombre du joueur qu'il était il y a un an. Le Croate ne s'est pas caché, mais il n'a pas été assez influent pour inverser le cours des choses, dans une soirée qui a viré au cauchemar. Toni Kroos, l'autre homme clé dans l'animation du Real, laisse une impression encore moins flatteuse. Effacé, emprunté, eminemment discret, le milieu allemand traverse la période le plus inquiétante de son aventure au Real. Une aventure qui, pour lui aussi, semble plus proche de la fin. Enfin, Marcelo, si brillant et incisif dans les grandes épopées de ces dernières années, a assisté à la débâcle sur le banc, le regard hagard.

Un capitaine qui abandonne

Mais où était donc Sergio Ramos ? A force de jouer au plus malin, le capitaine du Real a été rattrapé par ses calculs. "En regardant le résultat, je mentirais si je disais que je n'ai pas forcé l'avertissement (...) Il ne s'agit pas de sous-estimer l'adversaire ni de penser que le match est fini, mais en football, il faut prendre des décisions difficiles", avait-il déclaré à la presse après le match aller, avant de revenir sur ses propos en publiant un communiqué sur les réseaux sociaux. "Je tiens à préciser que cela me fait plus mal qu'à quiconque. Je n'ai pas forcé le carton, comme je ne l'ai pas fait contre la Roma lors de mon précédent match en Ligue des champions", avait-il déclaré à ses fans sur Twitter. "Je vais soutenir depuis les tribunes comme un autre fan avec l'illusion d'être dans les quarts". De quarts, il n'y aura pas. Et c'est une erreur difficile à avaler pour les socios madrilènes.

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Un président toujours plus contesté

Il ne fallait pas tendre l'oreille plus que cela pour entendre une grande partie des socios de Bernabeu réclamer le départ de Florentino Perez. Le public de l'enceinte madrilène est exigeant, c'est bien connu. Mais les choix du cacique espagnol justifient cette tendance, au vu de la photographie de cette saison. Entre son relationnel pointé du doigt avec Ronaldo, un recrutement qui n'a pas porté ses fruits, des choix d'entraîneur hasardeux et une communication trop politique, Florentino Perez, sur une pente glissante, aura du pain sur la planche cet été. Cet homme ressemble à son club. Il est à un tournant de sa grande histoire. 

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