Cinq raisons pour lesquelles Jean-Louis Gasset va réussir à l’OM et faire mieux que ses prédecesseurs

Si les dirigeants marseillais ont fait appel à Jean-Louis Gasset ce n’est certainement pas pour ses beaux yeux. Et encore moins pour remporter un quelconque concours de jeunesse. Non, si cet entraineur a été appelé en urgence pour cette mission commando c’est parce qu’il a le profil idéal pour sortir l’équipe du marasme dans lequel elle se situe. Il l’a d’ailleurs déjà fait précédemment, du côté de Saint-Etienne (saison 2018/2019). Présent à l’époque dans le Forez, Stéphane Tressier, l’actuel directeur administratif de l’OM, a dû assurément s’en souvenir au moment où il a soufflé le nom de cet entraineur à sa hiérarchie.

Même s’il est surtout connu pour avoir été le bras droit de Blanc, Gasset jouit donc de l’expérience nécessaire pour mener à bien cette tâche. Contrairement à Marcelino et à Gattuso, il ne débarque pas dans un environnement inconnu. La Ligue 1, il la connait parfaitement bien. Alors, certes, il n’a encore jamais coaché un club de l’envergure de Marseille, mais il sait tout de même ce que c’est une grande institution. Il était présent au PSG au début de l’ère qatarie, suscitant notamment l’admiration de Zlatan Ibrahimovic. Et il était aussi dans le staff technique de l’équipe de France (entre 2010 et 2012). Donc oui, le nouveau patron sportif de l’OM a clairement les épaules pour ce job si exigeant.

Gasset n’en est pas à son premier passage à Marseille. Il y avait déjà effectué un séjour en décembre 1994 comme préparateur physique. C’était sous la direction de Gérard Gili. Il n’y est resté cependant que deux semaines, car le club, en proie à des difficultés financières, ne pouvait pas lui proposer un contrat. Quand il a eu à évoquer cet épisode mardi dernier lors de sa conférence de presse de présentation, Gasset a parlé de « bons souvenirs » et citer les joueurs qu’il a pu côtoyer. Toutefois, on peut imaginer qu’à l’époque il y avait chez lui une pointe de frustration de n’être resté que brièvement dans la cité phocéenne.

Engagé jusqu’à la fin de la saison, il est certain de connaitre cette fois un séjour plus long du côté du Vélodrome. Et ça sera dans un rôle qui sera à la fois plus valorisant et plus exposé. « Je ne voulais pas finir ma vie en ayant des regrets », a-t-il confié au moment de justifier sa décision de dire oui à l’OM. Nul doute qu’il prendra cette immense responsabilité à cœur et qu’il fera tout pour remplir les objectifs qui lui sont fixés.

Gasset a déjà connu des émotions fortes au Vélodrome. Il était sur le banc de Montpellier lors du fameux 4-5 de la saison 1998/1999. Il a hâte de pouvoir connaitre des moments tout aussi forts, mais avec des issues plus radieuses. Même s’il n’est plus très jeune, il est, comme chaque coach qui se respecte, en quête de sensations fortes.

Il ne faut pas se mentir. Si le board marseillais a fait appel à Gasset c’est aussi parce qu’il est français et qu’il était urgent de pouvoir compter sur un coach parfaitement au fait des besoins du championnat français et qui surtout arrive à se faire comprendre rapidement. Car le football a beau être un langage universel il y a parfois des situations qui requièrent une communication plus fluide. Dans le cas de Gasset, être un bon orateur est un autre plus non négligeable. Il se dit d’ailleurs que des joueurs ont pleuré après son premier discours dans le vestiaire.

Là où Gasset se démarque par rapport à ses prédécesseurs c’est aussi à travers son caractère. Il a une personnalité consensuelle. De fait, même quand il pique ses protégés en leur rappelant qu’ils sont les premiers responsables de la piteuse situation dans laquelle se trouve le club alors le message passe facilement. Il génère donc de la sympathie tout en imposant une autorité. Et n’est-ce pas exactement ce dont a besoin l’équipe aujourd’hui.

Evidemment, il ne faut pas oublier ses compétences tactiques. Et le match face au Shakhtar Donetsk du jeudi soir (3-1) a démontré que le football pouvait parfois être très simple lorsqu’on revient aux fondamentaux et qu’on exploite au mieux les qualités des joueurs dont on dispose. Sur ce point-là, Gasset a aussi su être plus malin que Marcelino ou Gattuso.

Ce qui pourrait aider Gasset dans son entreprise c’est aussi le fait qu’il connait la mentalité sudiste. Il comprend les gens de la région et mesure parfaitement le degré de passion qui peut y avoir dans un club comme l’OM. A l’instar de Rolland Courbis, il peut donc très bien s’identifier aux Marseillais. Et la réciproque est aussi vraie. Une fois les remarques désobligeantes sur son âge expédiées, l’annonce de son arrivée a d’ailleurs été plutôt bien accueillie par les fans de l’équipe. Car s’il y a bien quelqu’un en mesure de comprendre et s’adapter assez vite au contexte marseillais c’est bien lui.

Au fil du temps, les résultats seront le seul juge de paix et Gasset ne survivra probablement pas à une succession de mauvais résultats. Mais ce dont on peut être sûr c’est que la pression mise sur lui ne sera pas excessive. Aucun risque par exemple qu’il se fasse siffler dès son premier match au Vélodrome comme l’a été Igor Tudor. Il y a forcément de la sympathie et du respect envers cet entraineur chevronné.

Gasset a déjà réussi son premier examen avec l’OM. Jeudi soir, il a mené ses troupes aux huitièmes de finale de la Ligue Europa en dominant le Shakhtar (3-1). Démarrer l’aventure marseillaise par un match européen crucial n’était clairement pas un cadeau. Lui a donc su idéalement le négocier. Et c’est clairement la meilleure façon de se mettre tout le monde dans la poche d’entrée, travailler dans la sérénité et se projeter tranquillement vers la suite des échéances.

Contre les Ukrainiens, il n’y avait pas que le résultat à classer parmi les satisfactions. La manière a aussi séduit, et on pouvait déjà y déceler la patte Gasset. Avec un pressing haut, de l’intensité et des projections propres vers l’avant. L’équipe a aussi montré du caractère en se redressant après une entame compliquée, avec un pénalty concédé d’entrée. Evidemment, l’appui du public y est pour quelque chose, mais il n’est pas sûr qu’avec Gattuso l’OM aurait réussi à échapper au traquenard. L’aventure de Gasset avec les Olympiens a donc débuté sous les meilleurs auspices et on peut légitimement penser que ce n’est certainement pas un feu de paille.