PSG majestic midfield GFXGetty/GOAL

Arsenal-PSG : Pourquoi tout se jouera dans la bataille du milieu (surtout sans Partey)

Il ne restait que cinq petites minutes à jouer dans le temps réglementaire au stade Santiago Bernabeu lorsque le milieu de terrain d'Arsenal, Thomas Partey, a commis l'irréparable. Un geste stupide : pousser violemment son homologue du Real Madrid, Dani Ceballos, au sol, juste sous les yeux de l'arbitre français, M. François Letexier. Le carton jaune brandi dans la foulée était la seule issue possible, et la colère froide de Declan Rice envers son coéquipier en disait long. Se faire suspendre aussi bêtement pour la demi-finale aller de la Ligue des Champions relevait de l'impardonnable.

Car Thomas Partey, qui avait été absolument immense et impérial lors de l'élimination sans appel du grand Real Madrid en quart de finale, aurait été un atout crucial pour Arsenal quel que soit l'adversaire dans ce dernier carré de la plus prestigieuse des compétitions européennes. Mais son absence, ce mardi soir à l'Emirates Stadium risque d'être particulièrement criante et ô combien préjudiciable pour les Londoniens. En effet, les Gunners s'apprêtent à défier le Paris Saint-Germain. Une équipe qui, selon de nombreux observateurs, peut se targuer de posséder, et de loin, le meilleur milieu de terrain de la compétition cette année.

  • Kvaratskhelia PSGGetty Images

    Comment le PSG est devenu meilleur (et plus séduisant) sans Mbappé

    La décision de Kylian Mbappé de rejoindre le Real Madrid l'été dernier a sans conteste été un coup dur pour le Paris Saint-Germain, surtout d'un point de vue financier et pour l'image du club. Perdre gratuitement l'un des joueurs les plus chers et médiatiques de la planète représentait, sur le papier, un désastre incontestable pour les propriétaires qataris. Pourtant, contre l'avis général, l'entraîneur Luis Enrique n'a cessé de marteler un message à contre-courant : sur un plan purement sportif, le PSG pouvait devenir une équipe plus forte, plus cohérente, plus équilibrée sans son attaquant vedette. Un sacré pari, quand on sait que le Français avait tout de même inscrit 35% des 124 buts parisiens lors de la saison 2023-2024.

    Quelques mois plus tard, force est de constater que le technicien espagnol avait vu juste. Malgré le départ de son numéro 7 iconique, le PSG version Luis Enrique a non seulement de nouveau atteint les demi-finales de la Ligue des Champions, mais il l'a fait en pratiquant un football souvent plus chatoyant et collectivement plus maîtrisé que jamais auparavant. En effet, ce club parfois décrié, financé par un État, longtemps obsédé par l'accumulation de superstars galactiques et dont la plupart des observateurs neutres se délectaient jadis de voir échouer de manière toujours plus spectaculaire et rocambolesque sur la scène européenne, est aujourd'hui paradoxalement devenu l'une des équipes favorites des puristes et des amateurs de beau jeu.

    Cette transformation séduisante s'explique en partie par son utilisation remarquable de la largeur du terrain et par la densité impressionnante de dribbleurs aussi rapides que dévastateurs que Luis Enrique parvient à aligner et faire cohabiter dans son onze de départ. Cependant, si le jeu flamboyant proposé sur les ailes, incarné par des joueurs comme Khvicha Kvaratskhelia et ses partenaires, a logiquement et largement attiré les louanges à travers l'Europe, leur milieu de terrain désormais souverain mérite sans doute tout autant, si ce n'est plus, d'attention. Car c'est bien son évolution structurelle et technique qui est absolument fondamentale et au cœur de la métamorphose réussie du PSG en l'une des équipes les plus attrayantes et "sympathiques" du football européen cette saison.

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  • Arsenal FC v Paris Saint-Germain - UEFA Champions League 2024/25 League Phase MD2Getty Images Sport

    Du naufrage à la métamorphose : le déclic parisien

    Il faut dire que lorsque le PSG et Arsenal se sont affrontés à l'Emirates Stadium plus tôt cette saison, probablement lors de la phase de groupes, les visiteurs parisiens n'avaient absolument pas affiché le visage d'un potentiel futur vainqueur de la Ligue des Champions, loin s'en faut. La rencontre était d'ailleurs quasiment pliée dès la mi-temps, tant Paris avait semblé dépassé et incapable de mettre la moindre pression sur des Gunners alors souverains. Après la rencontre, Luis Enrique, lucide, ne pouvait que déplorer l'impuissance flagrante de son équipe ce soir-là.

    « Nous étions très, très loin des standards de performance requis pour exister dans ce genre de match européen à haute intensité », avait alors amèrement confié le technicien espagnol au micro du site officiel de l'UEFA. Avant d'ajouter, terrible constat : « Je pense sincèrement que nous avons perdu la quasi-totalité des duels que nous avons disputés sur le terrain. » Une faillite collective dans l'engagement et l'impact physique.

    Cependant, comme le soulignait très justement l'ancien ailier emblématique d'Arsenal, Theo Walcott, après une performance récente et convaincante du PSG, l'équipe parisienne version printemps 2025 n'a plus grand-chose à voir avec celle, encore en rodage, du début de saison : « Le PSG n'avait pas encore vraiment trouvé son rythme de croisière ni ses automatismes à l'époque », expliquait l'ex-international anglais dans la célèbre émission Match of the Day. « Mais aujourd'hui, c'est clairement le cas, ils sont bel et bien lancés et montent en puissance. » Et, coïncidence ou non, c'est d'ailleurs une victoire référence obtenue contre une autre équipe anglaise de premier plan qui semble avoir marqué le véritable tournant et servi de déclic majeur dans leur campagne européenne 2024-2025.

  • Paris Saint-Germain v Manchester City - UEFA Champions League 2024/25 League Phase MD7Getty Images Sport

    Le soir où le PSG a renversé son destin

    C'est presque ironique d'y repenser avec le recul, mais le Paris Saint-Germain était bel et bien au bord d'une élimination précoce et particulièrement embarrassante en Ligue des Champions lorsqu'il s'apprêtait à recevoir Manchester City au Parc des Princes, le 22 janvier dernier. Une défaite à domicile face aux champions d'Europe 2023 aurait sans aucun doute sonné le glas des espoirs parisiens dans la compétition cette saison, surtout après un parcours jusque-là en dents de scie. Pour ne rien arranger, après 53 minutes de jeu ce soir-là, les coéquipiers de Marquinhos étaient menés 2-0 et semblaient complètement dépassés, au fond du trou.

    Pourtant, comme l'a joliment résumé Luis Enrique après la rencontre, « quelque chose a changé » au sein du club et de l'équipe durant cette soirée mémorable. La nouvelle vague de jeunes joueurs talentueux et recrutés à prix d'or par le PSG a non seulement prouvé sa qualité technique intrinsèque, mais aussi et surtout sa force de caractère et son mental. Ils ont commencé, ce soir-là, à sérieusement écorner cette réputation tenace d'une formation fébrile dans les grands rendez-vous, cette image d'une équipe magnifique mais incapable de tenir la pression et de répondre présente dans les grands rendez-vous européens cruciaux.

    L'entrée en jeu d'un Ousmane Dembélé sorti du banc et visiblement revitalisé fut l'un des éléments déclencheurs déterminants dans ce spectaculaire renversement de situation. Son compère de l'autre aile, le jeune Bradley Barcola, a également joué un rôle prépondérant dans la révolte parisienne par ses accélérations et ses dribbles. Mais, comme Pep Guardiola lui-même l'a sportivement et lucidement reconnu en conférence de presse après la rencontre, ce sont bien les trois hommes du milieu de terrain parisien, Vitinha, Joao Neves et Fabian Ruiz, qui ont véritablement fait basculer le match en faveur du PSG. Ce trio a littéralement fait tourner en bourrique et asphyxié les métronomes habituels de City, Bernardo Silva et Mateo Kovacic.

    « Ils ont été bien meilleurs que nous dans les duels ce soir », a ainsi admis, presque dépité, l'entraîneur catalan. « Et nous n'avons tout simplement pas pu rivaliser car ils allaient si vite, ils mettaient tellement d'intensité. Tout s'est joué au milieu du terrain, et ils y avaient plus de joueurs, plus d'impact, plus de présence. Nous n'avons pas réussi à les contrôler défensivement et c'était là tout le nœud du problème : pour bien défendre dans le football moderne, il faut aussi savoir garder le ballon, ressortir proprement, faire cette passe supplémentaire qui soulage. Et nous n'en avons pas été capables ce soir-là. » Une analyse limpide qui soulignait la supériorité du milieu parisien.

  • FBL-EUR-C1-LIVERPOOL-PSGAFP

    Le pressing étouffant, l'arme fatale du PSG

    Ce ne sont d'ailleurs pas que les Citizens qui ont souffert face à l'entrejeu parisien. Liverpool et Aston Villa, autres représentants de la Premier League éliminés par le PSG lors des tours précédents de cette Ligue des Champions, ont éprouvé exactement les mêmes difficultés abyssales à conserver le ballon et à construire leurs attaques. Et même si ces deux équipes anglaises ont montré un visage un peu plus résistant lors de leurs matchs retour disputés à domicile, elles n'ont finalement jamais semblé en mesure de trouver la clé pour déjouer le plan parisien et franchir l'obstacle.

    Car le problème principal posé par ce PSG version 2024-2025, sa véritable signature collective, réside dans sa capacité déroutante à exercer un pressing d'une intensité et d'une coordination rares à ce niveau. Comme l'a fièrement et maintes fois souligné Luis Enrique en conférence de presse, dès que le ballon est perdu, ses joueurs ont pour consigne de ne jamais cesser de harceler collectivement le porteur adverse pour tenter de récupérer la possession le plus haut et le plus vite possible. Une philosophie exigeante mais redoutablement efficace.

    Pour illustrer concrètement l'impact de ce pressing incessant, les statistiques de la Ligue des Champions cette saison sont particulièrement éloquentes. Ainsi, seuls sept joueurs à travers toutes les équipes engagées ont réussi à récupérer plus de 68 ballons depuis le début de la compétition. Fait remarquable : cinq de ces sept joueurs évoluent sous les couleurs du Paris Saint-Germain : Achraf Hakimi, Joao Neves, Vitinha, Nuno Mendes et Willian Pacho. Sans réelle surprise, les deux milieux portugais Neves et Vitinha pointent d'ailleurs conjointement en tête de ce classement spécifique pour les joueurs de l'entrejeu, à égalité avec l'infatigable métronome du Bayern Munich, Joshua Kimmich.

    Joao Neves est également, selon les statistiques officielles de l'UEFA, le joueur qui a remporté le plus grand nombre de tacles dans toute la compétition cette saison (31). Quant à son compatriote Vitinha, il démontre une qualité de passe et une fiabilité technique exceptionnelles : seul l'inévitable Kimmich a réussi à compléter plus de passes que lui depuis le début de la C1. Des performances individuelles et collectives de très haut vol qui poussent aujourd'hui leur entraîneur, Luis Enrique, à présenter Vitinha – avec une certaine dose de justification au vu de ses prestations constantes et de son influence – comme étant tout simplement le meilleur numéro 6 du monde à l'heure actuelle.

  • Aston Villa FC v Paris Saint-Germain - UEFA Champions League 2024/25 Quarter Final Second LegGetty Images Sport

    Vitinha et Joao Neves, les deux font la paire

    Petite anecdote révélatrice : lorsque Luis Enrique a été interrogé en fin de saison dernière (2023-2024) sur le nom du joueur qui l'avait le plus impressionné au PSG, tout le monde s'attendait logiquement à ce qu'il désigne l'omnipotent Kylian Mbappé. Pourtant, à la surprise quasi générale, l'entraîneur espagnol avait choisi de mettre spécifiquement en avant son milieu de terrain portugais, Vitinha. « Si vous prenez le temps d'additionner toutes ses qualités intrinsèques de footballeur, alors oui, pour moi, il est le meilleur joueur de l'équipe », avait alors tranquillement déclaré l'ancien sélectionneur de la Roja aux journalistes présents. Et d'insister : « Attention, tous les joueurs de cet effectif sont très bons, évidemment, mais lui, Vitinha, il est tout simplement exceptionnel. »

    Le plus impressionnant dans tout cela, c'est que le joueur de 25 ans semble avoir franchi un cap supplémentaire cette saison, se montrant sans doute encore plus influent et dominant dans l'entrejeu parisien. Il s'est affirmé au fil des mois comme un véritable leader sur le terrain, un potentiel capitaine en puissance pour l'avenir, non seulement par sa capacité à dicter le tempo du jeu du PSG mais aussi par son attitude exemplaire et son charisme naturel auprès de ses coéquipiers. C'est d'ailleurs Vitinha, on s'en souvient peut-être, qui avait pris la parole avec une assurance tranquille après une défaite 1-0 concédée à domicile contre Liverpool, déclarant sans sourciller que le PSG irait s'imposer avec la manière à Anfield lors du match retour. Une preuve de caractère.

    Bien sûr, l'éclosion spectaculaire de Vitinha au plus haut niveau a aussi été grandement facilitée cette saison par l'arrivée à ses côtés de son jeune compatriote Joao Neves, avec qui il forme désormais un duo aussi complémentaire que redoutable dans l'axe du milieu parisien. « C'est tellement facile et agréable de jouer à ses côtés », confiait d'ailleurs Vitinha il y a peu au sujet de son partenaire. Il faut dire qu'il était déjà évident, dès sa saison d'explosion précoce sous le maillot de Benfica alors qu'il n'était encore qu'un adolescent, que le jeune Neves possédait un potentiel absolument phénoménal. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si tant de grands et riches clubs européens, y compris Manchester United, s'étaient rapidement positionnés sur son dossier l'été dernier.

    Mais c'est finalement le PSG qui a su trouver les arguments – et sortir le chéquier – pour convaincre et recruter ce milieu de terrain qui a grandi en idolâtrant la légende barcelonaise Andres Iniesta. Et après seulement quelques mois, leur investissement conséquent de 70 millions d'euros ressemble déjà à une excellente affaire, tant le jeune Portugais s'est adapté à la vitesse de l'éclair à son nouvel environnement et aux exigences de Luis Enrique. « Les qualités techniques et les capacités athlétiques de Neves étaient déjà évidentes lorsque nous l'observions à Benfica ; on sentait bien qu'il allait rapidement devenir un joueur très important pour nous », a commenté récemment l'ancien entraîneur du Barça. « Mais je dois avouer que sa période d'adaptation a peut-être été encore plus rapide que ce que nous avions anticipé – normalement, pour un si jeune joueur arrivant de l'étranger, cela prend un peu plus de temps. » Enrique concluait : « Ses caractéristiques intrinsèques correspondent parfaitement à nos idées de jeu : être très bon avec le ballon, techniquement propre, et être aussi très performant à la récupération et dans l'intensité défensive. C'est exactement le profil que nous recherchons en priorité. Et c'est exactement ce qu'il est. »

  • Aston Villa FC v Paris Saint-Germain - UEFA Champions League 2024/25 Quarter Final Second LegGetty Images Sport

    Ruiz-Vitinha-Neves : un trio sans point faible ?

    Il ne faut évidemment pas oublier le troisième membre essentiel de ce milieu de terrain parisien, l'Espagnol Fabian Ruiz. Toujours aussi étrangement sous-coté malgré ses qualités évidentes, il se montre pourtant tout aussi efficace et influent, avec ou sans le ballon, que ses compères Vitinha et Joao Neves. Il est d'ailleurs très difficile de trouver de réelles faiblesses dans la palette technique et tactique très complète de l'international espagnol. Comme le déclarait son sélectionneur Luis de la Fuente lors du triomphe de la Roja à l'Euro 2024 l'été dernier, le qualifiant de joueur de "classe mondiale", Ruiz fait partie de ces rares talents capables d'exceller dans tous les compartiments du jeu.

    L'ancien joueur de Naples a certes connu un début de saison 2024-2025 logiquement un peu poussif sous le maillot parisien, conséquence de ses efforts importants consentis lors de l'Euro victorieux en Allemagne. Mais il est indéniablement revenu à son meilleur niveau ces derniers mois, rayonnant dans l'entrejeu du PSG. Fait intéressant, il n'est pas inutile de rappeler que ce joueur, régulièrement annoncé par le passé dans le viseur de l'Arsenal de Mikel Arteta, était resté sur le banc des remplaçants lors de la défaite parisienne à l'Emirates en octobre dernier.

    Ce mardi soir pour la demi-finale aller, en revanche, Fabian Ruiz sera quasi certainement titulaire et constituera une pièce maîtresse au sein d'une équipe parisienne métamorphosée, qui ne ressemble plus du tout à celle qui s'était fait assez facilement bousculer lors de sa dernière visite dans le nord de Londres. Bien sûr, du côté d'Arsenal, on aura beau jeu de rétorquer, à juste titre, qu'ils ont eux aussi énormément progressé depuis cette confrontation automnale, et ce malgré la perte récente de plusieurs joueurs clés sur blessure. Il n'en reste pas moins que la suspension aussi idiote qu'évitable de Thomas Partey constitue un problème majeur, un véritable coup dur pour les Gunners avant d'aborder ce choc au sommet face à un tel milieu de terrain.

    « Je pense sincèrement qu'il [Partey] va énormément leur manquer ce soir », prédisait d'ailleurs l'ancien Gunner Theo Walcott. « Car ce match, cette double confrontation, va entièrement se jouer et se décider au milieu de terrain. » Et dans ce secteur clé du jeu, en Ligue des Champions cette saison, force est de constater qu'aucun trio n'a semblé plus complet, plus dominant techniquement et physiquement, plus complémentaire et plus impressionnant collectivement que celui du Paris Saint-Germain.

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