Qatar Infographie 1

Stades, organisation, sélection… Où en est le Qatar à quatre ans de sa Coupe du Monde en 2022 ?

C’est une première dans l’histoire du ballon rond, la Coupe du Monde se déroulera en plein milieu d’une saison, entre l’automne et l’hiver. La FIFA a officiellement prévu le 22 novembre 2022 comme date d’ouverture du prochain Mondial, organisé aussi pour la première fois dans le Golfe Persique, plus précisément au Qatar. Depuis décembre 2010, le pays dirigé par l’Émir Al Thani est fixé sur son sort avec d’immenses défis logistiques, écologiques mais aussi sportifs à mettre en œuvre avant l’échéance finale dans quatre ans.

Stades : des chantiers aux nombreuses questions

"Ce sera la plus belle Coupe du monde de l’histoire".  En visite officielle sur les chantiers des futurs stades, fin octobre, Gianni Infantino avait annoncé la couleur. Le président de la FIFA n’a pas hésité à clamer son optimisme à propos des travaux en cours. La compétition prévoit de s’installer dans huit stades dont sept entièrement neufs. Rien que Doha, capitale de l’émirat, aura quatre nouvelles enceintes, en plus de deux autres en cours de rénovation. À ce jour, seulement un stade est terminé (le Khalifa International Stadium) même si les autorités locales n’ont jamais douté de la bonne tenue des travaux. L’un des problèmes soulevés par ces enceintes reste la climatisation à marche forcée. Si le Mondial a été installé en période pré-hivernale afin d’éviter des températures caniculaires, proche des 50 degrés, il fera tout de même chaud, surtout que d’ici quatre ans le réchauffement climatique se sera poursuivi. Un premier test grandeur nature sera effectué cet été avec les championnats du monde d’athlétisme, avec la climatisation activée mais dans un stade à ciel ouvert. L’empreinte carbone risque d’être forte.

Qatar Infographie 1

Au-delà des soucis pour l’environnement, d’autres informations plus ou moins vérifiées interpellent à propos de ces travaux : les conditions des ouvriers sur place. De nombreux incidents et même des décès (crises cardiaques, épuisements, chutes) sont intervenus sur les chantiers, et un rapport récent d’Amnesty International estimait que la plupart des ouvriers venus du Népal, d’Inde et des Philippines n’étaient pas payés. Si la FIFA a rejeté en bloc ces accusations, l’opacité autour des travaux des douze stades laisse songeur. Selon une autre étude, réalisée par l'institut Impactt, 13 des 19 entreprises sous-traitantes surchargent leurs employés, les faisant travailler parfois plus de 72 heures par semaine. "Dans le cas le plus extrême, (certains ouvriers ont travaillé) 14 heures par jour (...) et 402 heures par mois".  Selon les lois qataries, les ouvriers ne doivent pas travailler plus de 48 heures par semaine.

L'article continue ci-dessous

Organisation : à 32 ou 48 sélections ? 

Fin octobre, Gianni Infantino a laissé entendre que le prochain Mondial pourrait voir son nombre d'équipes passer de 32 à 48. 16 sélections en plus seraient ainsi de la partie pour la plus prestigieuse des compétitions internationales. Le principal dirigeant de la FIFA a d'ailleurs acté cette réforme pour la Coupe du monde suivante, organisée conjointement par le Canada, les États-Unis et le Mexique en 2026. "Cela arrivera-t-il en 2022 ?  Vous me connaissez. C'est possible. C'est possible.. Nous discutons avec nos amis Qataris. Nous discutons avec beaucoup d'autres amis dans la région. Nous espérons que nous pourrons rendre cela possible", a ainsi indiqué l’ancien secrétaire général de l’UEFA.

Dans les faits, une confédération comme l'AFC (Asie) verrait son nombre de places attribuées passer de 4,5 à 8,5. Un coup de pouce non négligeable alors que de nouvelles élections se profilent en juin 2019. Un coup politique plus qu'un apport sportif ? Le calcul n'est pas innocent pour Infantino qui est bien un candidat déclaré à sa propre succession. Pour ce qui est de la visibilité, la décision devra être actée avant le début des qualifications. Le choix définitif devrait intervenir lors du premier trimester de l'année prochaine.

Sélection : une dynamique intéressante en 2018

Mercredi dernier, l’équipe classée 96e a surpris de nombreux observateurs en parvenant à battre la Nati, qui s’était présentée avec une équipe B face au futur pays hôte. Cette performance était accompagnée quelques jours plus tard d’un match encourageant face à l’Islande, autre nation européenne constante sur ces dernières années. Petit à petit, le travail de l’entraîneur espagnol Felix Sanchez semble payer. Arrivé à Doha en 2006, le technicien ibérique a d’abord dirigé la fameuse Aspire Academy, véritable centre technique national du Qatar pour le développement des jeunes sportifs. Il a ensuite pris en main les U19 en 2019, puis les Espoirs l’année suivante, et enfin les A en 2017. Un parcours singulier afin de permettre à l’ancien entraîneur des équipes de jeunes de Barcelone de connaître tous les rouages sportifs, politiques, sociaux et économiques du Qatar.

Qatar Infog 2

Le chemin est encore long cela dit puisque les résultats des dernières éliminatoires de la Coupe du monde 2018 ont été bien calamiteux. Les Al-Annabi (les Bordeaux, du nom de la couleur de leur maillot), ont terminé sixièmes et derniers de leur groupe de qualification en zone asiatique, loin derrière l’Iran et la Corée du Sud. Un premier désaveu pour la fédération et qui permettait en même temps de mesurer le fossé qui sépare cette équipe des autres nations phares du continent asiatique. Comme pour le handball en 2015, la tentation de naturaliser de nombreux joueurs étrangers, notamment des Brésiliens, a été avancée par les dirigeants du football qatari. Cependant un virage à 180 degrés a été amorcé par les instances, qui ont vivement encouragé la formation des joueurs locaux, via l’Aspire Academy et d’autres leviers. "La QFA ne s'interdit pas de réguler encore plus le système pour stimuler les joueurs locaux en vue de 2022. Ils veulent aussi rectifier le flux de naturalisations, les permissions deviennent plus rares et concernent des cas spéciaux" , a indiqué Ahmed Hashim, un observateur local, pour France Football.

Controversé dès l’annonce de son attribution et par les conditions de travail de plusieurs centaines de milliers de travailleurs sur place, le Mondial version Qatar continue de susciter la défiance. Dans l’ombre, la sélection continue d’avancer avec des résultats enfin concluants, mais aussi une politique de formation ciblée. Il existe bien une volonté d’avoir l’équipe la plus compétitive possible afin  d’éviter le ridicule que de nombreux observateurs lui prédisent. Enfin, de leur côté, la FIFA et les principaux dirigeants de l’Émirat s’efforcent par leur communication de rendre l’événement le plus harmonieux possible, même si le chemin semble encore long avant le 21 novembre 2022, date du chemin d’ouverture.

Publicité