La tension monte entre les présidents de Ligue 1 et la LFP : "Vous nous prenez pour des cons"

Le 14 février dernier, lors d’une réunion du collège des présidents de Ligue 1, le président du RC Lens, Joseph Oughourlian, a fait part de son exaspération face à la gestion de la crise des droits TV. Il a notamment critiqué Vincent Labrune, président de la LFP, ainsi que plusieurs autres dirigeants influents, comme Jean-Pierre Caillot (Reims), Louis Nicollin (Montpellier) et Nasser Al-Khelaïfi (PSG).

Réagissant aux récentes décisions prises sans consultation préalable, Oughourlian a exprimé son mécontentement. « On parle souvent d’intelligence collective mais excusez-moi messieurs, on est quand même un sacré exemple de bêtise collective », a-t-il lancé d’après des échanges dévoilés par L’Equipe.

L’annonce de l’action en justice contre DAZN, qui a été découverte dans la presse plutôt qu’en interne, a provoqué un profond ressentiment chez certains présidents de club, qui dénoncent un manque de transparence.

Pour Joseph Oughourlian, la situation économique de la Ligue 1 est critique. Selon lui, le championnat ne vaudrait pas plus de 200 millions d’euros par an, un montant bien inférieur aux attentes initiales. Il base son estimation sur le faible nombre d’abonnés recrutés par DAZN, qui tourne autour de 500 000 depuis son arrivée en France.

Ce constat est inquiétant, surtout dans un contexte où DAZN pourrait activer sa clause de sortie en décembre 2025 si le cap des 1,5 million d’abonnés n’est pas atteint. La perspective d’une nouvelle crise des droits TV plane donc sur la Ligue 1.

L’ire d’Oughourlian ne s’arrête pas là. Il pointe directement la responsabilité du management de la LFP : « Je pense qu’aujourd’hui, le management de la Ligue, Vincent Labrune en particulier, le management du collège, Jean-Pierre Caillot, ont une responsabilité importante dans ce putain de désastre qui est le nôtre ».

D’autres présidents partagent son opinion et estiment que certaines décisions prises récemment ont mis en péril l’avenir économique du football français.

Le président lensois ajoute avec ironie : « Grâce aux décisions de notre petite clique éclairée. Voilà où on en est. Donc ce que je vous demande, je vous en supplie, je me mets à genoux parce que c’est mon fric, et j’en ai assez de payer les pots cassés de décisions qui n’ont ni queue ni tête ».

Oughourlian n’est pas le seul à exprimer son ras-le-bol. Jean-Michel Roussier (Le Havre) et Waldemar Kita (Nantes) se sont eux aussi insurgés contre la manière dont les décisions sont prises au sein de la Ligue.

Roussier a notamment déclaré : « Les petits, vous nous prenez pour des cons parce qu’on n’est pas capable de comprendre, parce qu’on n’est pas discrets, parce qu’on parle plus que vous aux journalistes ? C’est insupportable ».

Cette frustration croissante témoigne d’une cassure entre les clubs dits « petits » et les grands décideurs de la Ligue 1, accusés d’imposer des choix sans concertation réelle.

Un nouveau collège de présidents est prévu ce jeudi après-midi. Par ailleurs, le lundi 3 mars, la FFF organisera une table ronde afin de réfléchir à une réforme du modèle économique des droits TV et de la gouvernance du football français.

Alors que les tensions sont à leur paroxysme, cette réunion pourrait être la dernière chance d’éviter une scission encore plus grande au sein du football professionnel français.