Les Marseille – Lyon ou les Lyon - Marseille de ces dernières années ont rarement déçu. Même si les deux clubs ne rivalisent plus pour les mêmes objectifs, leurs oppositions récentes ont aussi été tendues qu’animées. Et tout porte à croire qu’il en sera de même lors du bras de fer de ce dimanche au Stade Orange Vélodrome.
Marseillais comme Lyonnais se présentent à ce rendez-vous en étant dos au mur. Bien sûr c’est le cas à plus forte raison de l’OL, lanterne rouge du classement avec 3 points pris seulement en 9 matches et qui réalise sa pire entame de saison depuis quarante ans. Toutefois, du côté de l’OM, il n’y a pas de quoi pavoiser non plus. L’équipe phocéenne a perdu trois de ses quatre dernières parties de championnat et un nouvel accroc ce week-end sonnerait assurément le glas de ses ambitions d’avant-saison.
C’est dans ce contexte, relativement pesant, que les deux formations vont être appelées à croiser le fer. Et à cet enjeu sportif s’ajoute aussi la rivalité qui existe entre l’OL et l’OM depuis quelques années et qui est de nature à électriser encore un peu plus le duel qui se profile.
L’Olympico qui se présente s’annonce donc crispant et c’est celui que sont appelés à vivre deux vieux amis. Gennaro Gattuso et Fabio Grosso, autrefois coéquipiers en sélection italienne, seront sur des bancs opposés dimanche soir. Heureux de se retrouver, mais surtout conscients que la défaite, si défaite il y a, risque de faire très mal au perdant.
Gattuso en avance sur Grosso
Evidemment, ce n’est pas exactement dans les mêmes circonstances que les anciens Azzurri abordent ce rendez-vous. La pression est légèrement moindre sur les épaules de « Rino ». Depuis qu’il s’est installé à la barre technique de l’équipe phocéenne, en remplacement de Marcelino, il a déjà gouté à deux victoires (contre Le Havre et l’AEK Athènes en Ligue Europa). Et les défaites qu’il a concédées, c’était contre des formations qui scrutent actuellement le haut de classement de la Ligue 1 (Monaco et Nice).
GettyLe tableau est beaucoup plus sombre en ce qui concerne Grosso. L’ancien défenseur de l’OL n’a pris qu’un point sur 12 possibles. Il a vécu une défaite à domicile face à la seule équipe que les Gones devançaient au classement (Clermont, 1-2) et les multiples onze (26 joueurs différents titularisés) et schémas qu’il a expérimentés se sont tous soldés par des ratages. Il n’y a donc pas besoin d’être spécialiste des équipes en crise pour décréter que l’air est un peu plus respirable du côté de la Commanderie que sur les bords du Rhône.
Deux vestiaires, deux ambiances
Entre l’OL et l’OM, il n’y a pas que les positions au classement qui contrastent. Il en est de même en ce qui concerne l’atmosphère qui règne dans chaque vestiaire. Si à Marseille, tout semble aller pour le mieux de ce côté-là depuis que Gattuso a débarqué, à Lyon en revanche cela semble être la Berezina. Et Grosso avait beau affirmer vendredi en conférence de presse que tout va bien désormais, il parait clair qu’il existe une réelle fracture entre les joueurs et le coach.
L’épisode de la taupe, qui a animé la semaine lyonnaise, est la preuve que Grosso n’est pas vraiment arrivé en terrain conquis à Lyon. Ou alors, ce sont ses méthodes qui ont amené ses troupes à se braquer contre lui. Des cadres de l’équipe l’auraient même étiqueté comme « le coach le plus nul » qu’ils aient connu ! Bien sûr, on ne peut pas prendre pour argent comptant tout ce que rapporte Jérôme Rothen, mais il est certain qu’il y a une part de vérité dans les révélations qui ont été faites au média.
Le successeur de Laurent Blanc veut désormais croire que la hache de guerre est enterrée et que tout le monde regarde de l’avant. Un discours positif mais qui ne prendra tout son sens qu’en cas de résultat positif en terre phocéenne. Autrement, la tension interne ne fera que s’aggraver et il n’est pas sûr alors que Grosso passera l’hiver.
GettyUne affiche qui ne répond à aucune règle
Pour un supporter de l’OL, il y a donc infiniment plus de raison de s’inquiéter que pour celui de l’OM. Néanmoins, tout n’est pas si noir. Et s’il est ridicule d’emboiter le pas à John Textor en adoptant la méthode coué, il est tout aussi inutile de verser dans l’alarmisme. La saison est encore longue et s’il y a bien un terrain qui sent bon le rebond pour les Gones c’est bien celui du Vélodrome.
Il y a cinq ans, les Lyonnais, alors coachés par Bruno Genésio, étaient au bord du gouffre avant leur déplacement à Marseille et leur succès chez le rival (3-2) au terme d’un magnifique combat les avait complètement requinqués pour la fin de la saison. Et il y a évidemment cette correction infligée aux troupes de Sampaoli (3-0) devant leur public le 1er mai 2022. Bien que sans conséquence sur la fin d’exercice des deux équipes, cette démonstration avait clairement marqué les esprits. Et probablement permis à Peter Bosz d’attaquer une deuxième saison à la tête de l’OL.
Généralement, les voyages à Marseille réussissent donc bien à l’OL. C’est même l’équipe de Ligue 1 qui s’est le plus souvent imposée dans le fief phocéen de l’histoire (13 succès en 53 parties). Aujourd’hui, c’est contrebalancé par une série de 6 matches de suite à l’extérieur sans le moindre succès mais retrouver l’antre honni peut justement inspirer Cherki et ses partenaires. Pour eux, il n’y a clairement pas de meilleur lieu pour se refaire une santé.
Marseille est prévenu, mais Marseille n’a pas non plus toutes les statistiques en sa défaveur. L’OM reste sur deux victoires d’affilée sur l’OL et un troisième de rang constituerait une première. Une belle source de motivation en vue de la confrontation dimanche. Enfin quelle meilleure affiche pour permettre à Gattuso de célébrer son premier succès de prestige dans le championnat français ? Cela vaut aussi pour le camp d’en face avec Grosso, cela dit.



