La patience, Mike Maignan l’a apprise à Lille. Débarqué en 2015 dans le Nord en provenance de Paris, dans l’ombre de Vincent Enyeama alors titulaire incontestable, il a été promu par Marcelo Bielsa au poste de gardien n°1 du LOSC cette saison. Une confiance témoignée par le staff technique que le joueur de 22 ans rend parfaitement au quotidien, se muant en atout inattendu parmi les nombreuses nouvelles recrues. Depuis le début de la campagne en cours, il signe des copies très convaincantes et se démarque au sein d’une équipe en souffrance et secouée par les problèmes internes. Comme si les vents contraires n’avaient aucune emprise sur lui, il tient la défense à bout de bras. Si on lui avait demandé son avis, le Guyanais n’aurait pourtant pas opté pour ce rôle si spécifique que celui de portier.
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Enfiler les gants a été un petit coup du destin pour le gamin de Villiers-le-Bel. Alors qu’il évoluait en tant que milieu de terrain en poussins, il est désigné pour devenir le dernier rempart : "Un jour on l’a mis dans les buts pour dépanner et il s’est avéré être très performant. Du coup, on l’a laissé dans les buts, explique pour Goal Romain Damiano, son formateur à la Jeunesse Sportive de Villiers-le-Bel entre 10 et 14 ans. Déjà à l’époque, il était très performant." Malgré ses capacités, il hésite, tiraillé par son envie d’évoluer en tant que joueur de champ. "Il y a eu une période où il doutait, continue Damiano. Avant d’être sélectionné à l’INF Clairefontaine, il n’était pas encore sûr de vouloir jouer gardien. Il a ensuite pris conscience qu’il pouvait réussir à devenir joueur pro dans les buts."
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"Il a un secret pour les penalties"
| L'ANECDOTE | |
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"Au PSG, on avait pris l’habitude de faire des toros le jeudi après-midi. Il y avait Hervin Ongenda, Adrien Rabiot, Presnel Kimpembe, et d’autres joueurs de qualité dans ce groupe. Le niveau était très relevé. Quand il est arrivé, il était en souffrance totale avec ses pieds. Il a mangé, mangé, mangé… On voyait qu’il était très persévérant, qu’il s’accrochait. En milieu de saison, c’était lui qui animait le toro, il n’allait jamais au milieu et il avait fait des progrès énormes au pied. Il s’est accroché et s’est mis même au-delà du niveau. C’est toute cette détermination, cette volonté d’atteindre l’objectif qu’il se fixe qui fait qu’il en est là aujourd’hui. Il a un tel mental - je ne dirais pas un égo - mais un tel mental, que c’est ça qui fait qu'il peut espérer aller encore bien plus haut." Jean-Luc Vasseur, entraîneur de Mike Maignan au centre de formation du PSG | |
Car les qualités, l’ancien parisien les a. Au centre de formation du Paris Saint-Germain à partir de 2009, il les dévoile à son entraîneur de l’époque. Et ce qui le marque le plus, c’est son caractère bien affirmé : "C’est un joueur qui a une énorme volonté, qui a un gros potentiel là-dessus, confie pour Goal Jean-Luc Vasseur, aujourd’hui entraîneur de Châteauroux et anciennement des U17 du PSG dont faisait partie Maignan. Il ne se met pas de barrières. Mike, c’est ça. C’est un mental très fort, très puissant qui lui permet de ne jamais lâcher. Il n’a pas que des qualités mentales mais elles sont décuplées. Je ne peux pas le voir autrement que par rapport à ses qualités mentales qui font qu’il optimise du coup toutes les autres, qu’elles soient d’ordre tactique, technique, ou physique."
À Lille, ses débuts sont remarqués. En septembre 2015, il s’illustre en arrêtant deux penalties lors de ses deux premiers matches, face à Paul-Georges Ntep puis David Ngog. Les mois ont passé mais n’ont en rien altéré les aptitudes montrées. Bien au contraire. Cette année, en une moitié de saison, Mike Maignan confirme être un véritable spécialiste de l’exercice. Quatre tentatives stoppées et un tir sur le poteau sur huit, soit un total de 50%. Un avantage précieux pour les Dogues. Si Fernando Da Cruz, son coach actuel, certifie qu’il n’effectue "pas de travail spécifique à l'entraînement", Romain Damiano tient un discours tout autre : "Il a un secret pour les penalties, mais il ne veut pas le dire", lâche-t-il en souriant. Un secret qui pourrait lui ouvrir les portes de l’Équipe de France dans un futur par si lointain.
À l’heure actuelle, la hiérarchie de Didier Deschamps est assez clairement définie. Voir Mike Maignan sélectionné pour la Coupe du monde en Russie (14 juin-15 juillet 2018) serait étonnant. Rien ne l'empêche cependant de voir un peu plus loin et de s’imaginer revêtir la tunique bleue pour de prochaines grandes échéances. "La maturité, la détermination, la volonté sont pour moi les bases de la réussite, continue Vasseur. Tous les grands joueurs ont ça en commun. Après c’est le talent qui fait la différence. On pourrait très bien le retrouver en Equipe de France, peut-être pas pour la Russie, mais au Qatar. Je vois bien les choses comme ça." D'ambition et de talent, le Val d'Oisien n'en manque pas. Des places seront à prendre à un poste très exigeant. Ne reste plus désormais qu'à confirmer et se montrer prêt lorsque l'occasion se présentera.
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