Djidji TorinoGetty Images

"La meilleure saison de ma carrière"… l’ex-Nantais Koffi Djidji explique pourquoi il s’épanouit en Serie A

Avant votre blessure, vous étiez le joueur qui a remporté le plus de duel en Serie A. Qu’est-ce que cette statistique dit de vous et de votre saison ?

Cela prouve que je suis en train de faire une bonne saison, que je suis solide, que j’ai confiance et que je ne veux pas perdre mes duels. C’est quelque chose dont j’ai horreur et je ne lâche jamais rien. C’est le reflet d’une certaine hargne. Mais sur un plan plus global, cela montre aussi que j’arrive à maturité dans un championnat où il y a des attaquants de très haut niveau. En terme de nombre, si l’on prend club par club, il y en a beaucoup plus en Italie qu’en France. Donc le fait d’être le joueur qui remporte le plus de duel est assez révélateur. En L1, il y a trois ou quatre grosses équipes, ici, tu en as sept et la plupart joue l’Europe. Elles ont toutes de grands attaquants internationaux qui marquent plus de dix buts par saison. Et même quand tu joues Sassuolo, être au marquage de Berardi quand il rentre à l’intérieur ce n’est pas facile.

Avant cette saison, tout a été très irrégulier depuis votre arrivée en Italie. De bons débuts avant d’être opéré du genou puis un prêt à Crotone. En quoi toutes ces étapes vous ont-elles aidées ?

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Il y a des choses positives et négatives dans la vie. Mais j’ai toujours essayé de tirer du positif dans le négatif. C’était une grande fierté de pouvoir jouer à Crotone et sincèrement, c’est une expérience que j’ai appréciée. C’était une mission d’aller là-bas. Je sortais d’une saison difficile après mon opération du genou et j’aurais pu rester au Torino mais cela n’était pas mon souhait. Le but, c’était de rejouer et sur un plan individuel ça s’est bien passé. Je suis allé dans une équipe qui venait de monter avec un objectif à atteindre : malheureusement, on n’a pas réussi à se maintenir. J’ai aussi eu le Covid en arrivant là-bas. Toutes ces étapes permettent de prendre conscience de la chance que l’on a d’être dans un bon championnat et aussi d’appartenir à un club comme le Torino qui a une histoire et une certaine solidité en Serie A.

"Je pense avoir perdu du temps et le fait de faire ma meilleure saison à 29 ans reflète un peu cela"

Cela fait maintenant trois ans que vous avez quitté Nantes. Qu’est-ce qui vous a poussé à partir ?

Cela faisait un moment que j’étais à Nantes, il était temps pour moi de franchir un autre palier. Je sortais d’une bonne saison avec Sergio Conceiçao puis Claudio Ranieri. Je voulais découvrir autre chose et aussi un niveau d’exigence plus élevé avec la Série A, qui plus est dans un championnat qui fait la part belle aux défenseurs. J’avais besoin de passer par là pour gagner cette maturité, et pour un défenseur le meilleur apprentissage, c’est l’Italie.

Quelle est la différence entre le Djidji de Nantes et celui du Torino ?

À Nantes, depuis que je suis parti, j’ai mûri : je me connais beaucoup mieux sur le plan physique. Avec l’expérience, on apprend à se connaître et c’est quelque chose qui m’importe énormément. J’ai aussi changé d’agent. Ça m’a permis de connaître autre chose et de travailler avec des méthodes complètement différentes. Et je pense que cette manière de travailler me fait beaucoup de bien. Je dialogue beaucoup plus sur mes matchs et je travaille avec un coach mental, j’ai aussi fait énormément de progrès sur ma nutrition.

Dans une récente interview, Anthony Walongwa votre ancien coéquipier du FC Nantes affirme que l’on n'a pas assez exploité votre potentiel. Partagez-vous cet avis ?

Oui, je partage cet avis. À Nantes et avant dans ma carrière, je pense avoir perdu du temps et le fait de faire ma meilleure saison à 29 ans reflète un peu cela. Mais je regarde vers l’avant et je croque la vie à pleines dents.

Avez-vous l’impression qu’en Italie, vos qualités de défenseur sont plus optimisées ?

Le système de jeu que le coach (Ivan) Juric met en place avec une défense à trois et ce qu’il me demande de faire dans le jeu avec ou sans ballon, c’est quelque chose que j’ai appris à aimer. Et je pense que je le fais bien. Par rapport à mes qualités athlétiques, ça me met en valeur dans les duels. Tout est cohérent et ça se voit au niveau des statistiques.

"Ici quand tu as 30 ans, c’est comme si je commençais en tant que défenseur"

Quel est le rôle que vous confie Ivan Juric et quelles sont ses consignes ?

Je joue à droite dans l’axe et je ne dois jamais lâcher mon joueur. C’est-à-dire que mon attaquant, s’il va de l’autre côté du terrain, je dois le suivre. C’est un marquage individuel strict et donc l’important, c’est de remporter ses duels. Après sans le ballon, il met l’accent sur l’anticipation pour prendre le ballon avant l’attaquant. Quand on a le ballon, il veut aller de l’avant et si possible apporter le surnombre. Et lorsque le jeu est fermé, on fait plus tourner.

Vous sentez que votre culture tactique a progressé ?

Bien sûr. Depuis que je suis en Italie, j’ai appris beaucoup avec le premier entraîneur que j’ai eu au Torino et lors de ma première saison, on était la troisième meilleure défense de Série A. Et aujourd’hui encore, on fait partie des meilleures défenses du championnat. Sur un plan individuel et défensif, j’ai progressé et surtout avec Ivan Juric. Sur la manière dont il veut que je marque le joueur, il y a un vrai travail de concentration, car il ne faut pas se prendre un une deux ou lâcher son joueur. Il faut être fort sur ses jambes, bien placé, être dans l’anticipation et être concentré pour savoir si c’est possible d’anticiper ou pas. Ce sont des choses que j’ai apprises en France mais pas à ce niveau d’exigence.

Vous aurez trente ans en novembre prochain. La saison prochaine est-elle l’opportunité ou jamais de découvrir la Coupe d’Europe avec un autre club ?

Je vais avoir 30 ans en fin d’année et je me sens bien. Et puis ici quand tu as 30 ans, c’est comme si je commençais en tant que défenseur. Il y a cette culture qui est intéressante aussi, car c’est avec l’âge que tu arrives à maturité, à te connaître physiquement. Quand tu vois certains très grands joueurs comme Chiellini et Bonucci, ce qu’ils font encore. Moi, je ne suis pas vieux et les statistiques le montrent. Jouer une Coupe d’Europe, ça fait rêver tout le monde. Maintenant, la saison n’est pas terminée et je veux me concentrer sur les échéances qu’il me reste avec le Torino. Et le futur, on verra. 

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