Quatorze mois. 435 jours et 67 matches. C’est le temps qu’aura tenu Ronald Koeman sur le banc du Barça. Arrivé au club en aout 2020 en remplacement de Quique Sétien, le coach néerlandais a été contraint de rendre son tablier mercredi soir à la suite de l’énième contre-performance enregistrée par son équipe. Un revers sur la pelouse du promu Rayo Vallecano, qui porte à cinq le nombre de défaites concédées depuis l’entame de la saison et qui relègue l’équipe à la 9e place de la Liga. Une dégringolade alarmante mais qui était aussi relativement prévisible. Le passage de l’ancien sélectionneur des Oranje du côté du Camp Nou ayant coïncidé avec l’une des pires crises qu’ait connues le FC Barcelone.
Des soucis extra-sportifs trop pénalisants
Les dés semblés pipés d’entrée pour Koeman. À son arrivée, la situation était déjà dramatique, au sortir d’une saison post-Covid et qui aura également vu l’ancienne direction précipiter le naufrage général en raison d’une politique à l’emporte-pièce et particulièrement dévastatrice pour les finances du club. En ces circonstances, il pouvait difficilement espérer faire mieux que ses prédecesseurs, Quique Sétien et Ernesto Valverde.
Pourtant, au nombre de trophées collectés, c’est bien ce qu’il a fait en guidant les Blaugrana à la victoire en Copa Del Rey en printemps dernier. Il s’agissait du premier trophée récolté depuis deux ans. C’est tout à son honneur d’avoir ajouté cette ligne au palmarès du club, même si cette Coupe récoltée vient masquer une saison globalement décevante et achevée à la troisième place au classement de la Liga.
Le départ de Messi a fait trop mal au club
Après ce premier exercice mi-figue, mi-raisin, l’idée de l’ancien patron des Oranje était de monter en puissance. Mais, la mission en question s’est révélée être trop compliquée. C’est à se demander même si elle n’était pas impossible, au regard de nouvelles contrariétés subies durant l’intersaison. Au plus mal sur le plan économique, le Barça a dû se séparer de son actif le plus précieux, celui qui illuminait son quotidien même quand le collectif tanguait, en l’occurrence Lionel Messi. Un départ d’envergure suivi par celui d’Antoine Griezmann lors du dernier jour du mercato.
Le président Joan Laporta affirmait qu’un seul joueur, aussi grand soit-il, ne faisait pas le club. Mais, dans le cas de Messi, on peut se demander si ce poncif est vrai, tellement l’Argentin symbolisait les Blaugrana et l’époque la plus glorieuse de son histoire. Koeman l’avait d’ailleurs vite compris. En septembre dernier, il a claironné tout haut ce que tout le monde pensait tout bas : « Messi masquait nos insuffisances. Il était si bon et il a tout gagné. Bien sûr, il avait de bons joueurs autour de lui, mais il a fait la différence. Tout le monde devenait meilleur grâce à lui. Ce n'est pas une critique, c'est un constat ».
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A travers ces déclarations, le technicien hollandais a probablement voulu se prémunir contre les critiques extérieures et mettre en évidence le fait qu’il n’était pas responsable de tout. C’était une bonne stratégie pour s’offrir un répit à la tête de l'équipe, mais il n’en demeure pas moins qu’il y a une part de vérité dans ce qu’il a avancé. Il y a bien un avant et après Messi du côté du Camp Nou et le nier revient à se voiler la face.
Getty/GoalBien sûr, Koeman n’est pas exempt de tout reproche. Si le Barça a enchainé pour la première fois de son histoire deux matches de Ligue des Champions sans le moindre tir cadré, tout en réalisant les deux pires démarrages de son histoire en Liga c’est qu’il y est certainement pour quelque chose. Cela étant, ses errances tactiques, les choix d’hommes discutables qu’il a pu opérer ou encore son impuissance face à la mauvaise spirale pèsent-ils vraiment lourd face aux innombrables évènements contraires qui se sont abattus sur le club ?
Même la réussite a fui Koeman et le Barça
Un malheur n’arrivant jamais seul, même l’infirmerie du club s’est remplie au plus mauvais moment et dans des proportions très importantes. Depuis le début de la saison, Ansu Fati, Sergio Aguero, Martin Braithwaite, Frenkie De Jong, Pedro, Ousmane Dembélé y ont tous séjourné. Certains y sont encore et pour des périodes plus ou moins longues. En somme, même le facteur chance a semblé abandonner cette équipe. Et le pénalty manqué mercredi par Memphis Depay n’en est que l’énième illustration.
Aujourd’hui, en se retournant pour évaluer son passage au club, Koeman peut se dire qu’il y a certainement des choses qu’il aurait pu faire autrement ou agir différemment. Mais, surtout, il doit se lamenter en constatant qu’il a pris les commandes de cette équipe à la pire période possible. Un concours de circonstances malheureux qui pourrait même lui faire regretter d’avoir abandonné les rênes de la sélection batave. Le risque d’échec était trop important, et c’est à se demander aujourd’hui si la trace laissée en tant que coach ne va pas supplanter la bonne image qu’il avait laissée durant son passage en tant que joueur. Le costume de sauveur était cette fois trop grand pour le héros de la finale de Wembley en 1992.




