Gédéon Kalulu FC LorientGetty Images

EXCLU GOAL - Gédéon Kalulu : "J'ai senti que je ne serai pas là seulement pour combler les trous"

Vous en êtes en 10 matchs avec Lorient et 3 passes décisives, soit plus que dans toute votre carrière professionnelle comment cela s’explique ?

Avec Lorient, on est dans un dans style de jeu très différent de ce que j’ai connu en National ou L2. Et en Ligue 1, les exigences sont différentes. Les attentes du coach sont aussi différentes à ce niveau-là. Sans dénigrer les joueurs avec lesquels j’ai pu jouer, il faut dire qu’autour de moi, j’ai des joueurs de qualité, donc il y a beaucoup plus de solutions et dans la finition on est beaucoup plus justes. Ça veut dire que les ballons que j’arrive à délivrer dans les zones offensives, ça fait mouche et forcément ça me met en valeur aussi. Ça s’explique surtout par ces changements et toutes les exigences qu’il y a autour du coach. 

Après avoir joué à plusieurs postes défensifs, vous vous saviez capable d’avoir cette palette offensive ? 

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Oui, je m’en savais capable. Même à Ajaccio où il y avait des exigences et un style de jeu différent, je savais que je pouvais produire ce genre de prestation et que je pouvais être décisif dans ce genre de zones. C’est un objectif que j’avais de pouvoir performer dans ce domaine. Personnellement, je ne suis pas surpris de ce que je produis offensivement cette année.

Était-ce un point important dans vos négociations avec Lorient ou cela est arrivé avec le changement d’entraîneur ?

Oui clairement. J’arrivais à un moment où j’avais besoin d’une écurie, d’un club qui avait certaines ambitions au niveau du jeu. Et c’est vrai que le FC Lorient à très vite répondu présent et mis sur la table le style de jeu qui allait être appliqué. C’est connu depuis des années que Lorient est une équipe de ballon, ça fait partie de son histoire. Ça me tenait vraiment à cœur de choisir un club qui attendait de moi d’avoir un rôle défensif et offensif. Je ne voulais pas seulement être cantonné à un rôle de défenseur.

Plus globalement pourquoi avoir choisi Lorient plus que d’autres clubs ?

Je suis passé par la N2 à Lyon, le National à Bourg-en-Bresse et j’ai fait trois saisons à Ajaccio en L2. La logique des choses voulait que je poursuive mon chemin en L1. C’est vrai qu’il y avait d’autres opportunités qui se présentaient à moi à l’étranger. Ce qui a fait pencher la balance en faveur du FC Lorient, c’est l’image assez saine que j’ai de ce club depuis tout petit. Et puis j’ai eu beaucoup de coéquipiers que j’ai croisés dans mes différents clubs que ce soit Yoann Wissa avec qui je suis en sélection, Mathieu Coutadeur avec qui j’étais à Ajaccio, Quentin Lecoeuche aussi qui sont tous passés par ici et qui m’ont fait beaucoup d’éloges sur ce que dégageait le FC Lorient. C’est une équipe que j’ai aussi affronté en L2 (lors de la saison 2019-2020) et c’était la meilleure que j’ai vue lors de mes trois années dans cette division. Il y a aussi un point clé : j’ai senti que c’était un club qui croyait en moi et que je ne serai pas là seulement pour combler un trou.

Quels sont les éléments clés qui permettent d’expliquer ce très bon début de saison ?

La préparation a beaucoup joué. Tout a été mis en œuvre pour que le groupe vive du mieux possible, que ce soit pour les joueurs qui étaient présents et ceux qui venaient d’arriver. C’est vraiment parti de là : créer cette atmosphère au sein du groupe. Le point révélateur c’est notre première victoire à Rennes. Le match que l’on fait, au-delà de la victoire, c'est ce ressenti dans le groupe lors de la première journée avec cette première montagne qui était posée devant nous. Au vu des saisons précédentes, personne ne nous voyait gagner là-bas et je pense que cela a vraiment lancé officiellement ce feu qui s’est allumé au FC Lorient. Dès la première journée, un derby, beaucoup de monde et d’attente, on ressort de là avec un gros match et les trois points, je pense que c’est vraiment de là qu’est parti cet esprit au sein du groupe.

« Ingo (Goetze) a crée des choses que l’on n’avait jamais vues »

Avez-vous une anecdote qui montre comment s’est soudé ce groupe ?

Pendant la préparation, on a vécu des choses fortes, notamment avec les exercices d’Ingo (Goetze, l’un des adjoints de Régis Le Bris) qui s’occupe aussi de la préparation mentale au sein du groupe. Il a créé des choses que l’on a jamais vues. Un jour, il nous réunit tous un soir à 19h. On est dans une salle, tous assis sur une chaise en cercle et il y a une autre chaise vide au milieu. Il nous explique que le coach va arriver et que, par petits groupes de cinq, on lui pose les questions que l’on veut. Au début, on pense que c’est un exercice banal, un peu bateau. Et puis on se rend très vite compte que quand le coach arrive tout le monde se prend au jeu et que toutes sortes de questions lui sont posées : qui est son idole ? quelle est sa situation familiale ? Avec ce genre d’exercice, on est plus que de simples coéquipiers car on entre dans la vie intime et ça crée vraiment des liens aussi avec le staff. Dans d’autres clubs, ce sont des relations professionnelles et pas plus. Là, je pense que l’on déborde un peu. On ne peut pas dire que l’on est tous des amis intimes, ça serait mentir mais on crée des liens et ça donne envie de travailler tous ensemble avec plaisir.

Ingo Goetze est décrit comme un adjoint attentif à la psychologie. En quoi consiste son rôle au quotidien ?

Il a un rôle un peu discret. Il est souvent autour du groupe et ne parle pas beaucoup. On le voit toujours en marge du groupe, pas tout le temps dans le vestiaire, pas tout le temps au milieu du terrain mais il est là, il observe, il regarde les comportements des joueurs, il va essayer de décrypter les joueurs qui sont un frustrés, d’aller leur parler et de comprendre pourquoi il est frustré. Il va regarder nos attitudes sur le terrain, ce que l’on dégage. Ce sont vraiment de petits détails. Il va aussi s’occuper des interviews à la mi-temps et de fin de match car ce sont souvent des exercices qui ne sont pas faciles pour les joueurs : on sort du terrain, on est fatigués et on n’a pas forcément de lucidité. Et puis il y a toujours ces petits moments, où il va nous caler ces exercices et nous faire découvrir des personnes du staff. Par exemple, un soir après l’entraînement, on va se réunir et il y a un membre du staff, au hasard un préparateur physique, un kiné qui va faire le même exercice qu’avec le coach et on va lui poser toutes les questions que l’on veut. Ce sont des choses intéressantes qui permettent de découvrir les gens au-delà de leur statut.

Est-ce grâce à cet exercice que vous avez compris que les échanges allaient pouvoir être fluides avec votre entraîneur ?

Oui clairement. Il y avait pas mal de joueurs qui le connaissaient bien parce qu’ils l’avaient eu en réserve pendant plusieurs années. Ils nous ont forcément informé de sa manière de fonctionner et on sentait déjà qu’ils avaient une grande confiance en lui. C’est quelqu’un qui crée constamment de nouvelles choses que l’on n’a pas vécu et au niveau du dialogue, il est très ouvert. Il n’est pas là à nous imposer les choses comme certains coachs en nous disant : « soit vous le faîtes, soit vous sortez de l’équipe ». Ce n’est pas seulement son avis, il va écouter l’avis du joueur et même si on n’a pas la même vision, il l’entend aussi. Ce n’est pas une qualité que tu retrouves partout dans le monde du football. C’est quelqu’un qui est dans la diversité, qui essaie toujours de surprendre et qui est beaucoup dans l’anticipation sur ce que nous on va faire, ce que l’adversaire va faire, sur ce que l’adversaire va penser que l’on va faire.

« Même Paolo Maldini est venu parler du FC Lorient à mon frère »

Dans les différentes interviews que l’on a pu lire de vous, on vous parle souvent de vos frères. N’est-ce pas un peu pesant parfois ? 

Ce n’est pas pesant. C’est toujours un plaisir de parler de mes frères. Surtout que ces rares dans le football donc forcément on en parle. J’en parle d’autant plus facilement que l’on est tous dans une situation très cohérente et très convenable. Si on m’en parlait parce qu’il y a une situation négative, oui ça serait pesant, même chiant. Mais là c’est souvent beaucoup de compliments, beaucoup d’éloges. C’est même toujours un plaisir de répondre à ce genre de questions quand tout va bien.

Il paraît que vous parlez souvent de vos matches avec eux. Ils doivent être élogieux sur votre début de saison…

C’est vrai qu’il y a énormément d’éloges qui viennent de tous les côtés. Il y a quelque temps, mon frère (Pierre Kalulu) me confiait que Paolo Maldini était venu lui parler du FC Lorient, de mon cas personnel et de l’équipe. C’est un plaisir de voir qu’autour de nous, on crée cet engouement jusqu’à l’étranger. C’est très agréable à vivre parce qu’on sait que dans le football il y a toujours des bas mais quand on est en haut il faut en profiter.

Avez-vous évoqué avec eux la tâche qui vous attend face à Paris, car dans votre zone vous allez devoir gérer Neymar et/ou Mbappé ?

On anticipe toujours les matches qui arrivent. On a un groupe (WhatsApp) et on en discute dans la semaine. Quand je jouais en L2, j’échangeais avec Aldo sur l’équipe que l’on allait rencontrer, on se disait si ça allait être compliqué ou ça devait être trois points. Pour Pierre en Italie, on sait que samedi il joue la Roma et on lui a dit qu’il allait avoir un sacré client en face de lui avec Abraham (Tammy). Le match de Paris, on en a parlé un peu. Il y a du danger partout avec les trois de devant. Maintenant, c’est vrai que dans ma zone il y a Neymar et Mbappé, on en a parlé mais ça ne sert à rien de se fixer sur un joueur précis. Il y a tellement de mouvements. Il va falloir être costaud et bien verrouiller la zone. Ça va être différent aussi dans la projection vers l’avant car il y a certaines équipes où tu peux te permettre d’y aller plus et d’autres moins. On a parlé de tout ça avec mes frères.

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