Sergio Ramos, Antoine GriezmannGetty

Après des mois de provocation, Ramos et Griezmann se retrouvent enfin pour la grande explication

Un clash à distance. Une rixe verbale par réseaux sociaux et médias interposés entre un défenseur asocial dès qu'il s'agit de s'inviter dans sa surface de réparation, détenteur du record d'expulsions dans son club, et un récent champion du monde adepte de la provocation et des danses Fortnite pour célébrer ses buts.

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La grande question, qui consiste à savoir si l'agaçant attaquant parviendra à humilier le très inhospitalier défenseur, ou si ce dernier lui coupera les jambes (au sens propre, figuré, ou sale) et l'empêchera de pavenir à ses fins, trouvera sans doute un embryon de réponse ce samedi soir à l'occasion d'un duel importantissime entre deux clubs voisins en quête de certitudes ludiques et comptables.

Plus proche de la bagarre entre rappeurs dans un aéroport quelconque ou de la dispute entre YouTubers prépubères que du duel au fleuret, cet affrontement a pris naissance sur les réseaux sociaux. Comme deux adolescents poursuivant leur dispute du Xbox Live sur Instagram, Ramos et Griezmann ne se lâchent plus. C'est qui qui a commencé ? L'Espagnol, avec une illustration montrant Griezmann à genoux alors que lui-même soulevait le trophée de Ligue des champions.

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Le trône de faire, le trône de tout faire

Le Français n'a pas été en reste et a attendu le sacre de son équipe en Supercoupe d'Europe pour publier une story Insta où on voit Ramos le courronner alors qu'il est installé sur un trône. Difficile de faire plus subtil. 

Lancé, Griezmann a sorti sa fameuse phrase où il affirmait qu'il pouvait manger "à la table de Messi et de Cristiano Ronaldo". Une façon de mettre en appétit Ramos, lequel ne s'est pas privé pour allumer l'ancien joueur de la Sociedad dans des propos qui résonnent encore dans la salle de presse du complexe d'entraînement madrilène de Valdebebas : "Il dit qu'il est à la même table que Cristiano Ronaldo et Lionel Messi ? L'ignorance est très audacieuse. Je me souviens de Raúl, Totti, Casillas, Maldini... Ils ont gagné tous les titres possibles mais ils n'ont pas eu de récompense individuelle comme le Ballon d'Or", avait tonné le défenseur ibérique.

Cette bisbille est symptomatique de notre ère, où l'accès aux réseaux sociaux permet aux footballeurs de communiquer directement et immédiatement leurs états d'âmes et où le concept de vedettariat et d'icônisation est poussé à l'extrême. Le "Personal Branding" a de beaux jours devant lui, avec des footballeurs de plus en plus à l'aise dans cet environnement de mise en scène perpétuelle de soi. On se souvient ainsi de #LaDecision, quand Griezmann avait fait durer et morcelé en épisodes dignes d'une télénovela turque, voire pire, d'une téléréalité de la TNT sa prise de décision finale de rester à l'Atlético ou de rejoindre le Barça avant de dévoiler sa prédilection pour son club actuel dans un documentaire produit par la societé de Gerard Piqué, un joueur du... Barça, au confluent entre tentative précoce de reconversion et conflit d'intérêt criminel.

Depuis l'émergence et la démocratisation des Facebook, Twitter, et autres Instagram comme vecteurs de communciation, mais aussi outils publicitaires et gestionnaires d'image, les clubs ne tirent plus autant sur les laisses des joueurs qui n'aboient plus dans les colonnes des journaux ou en conférence de presse, mais partout et tout le temps. 

Ramos, joueur le plus averti de la Ligue des champions, n'a pas peur de faire des tacles par médias interposés, lui qui devra en distribuer beaucoup samedi soir. En plus de Griezmann, Ramos retrrouvera aussi Diego Costa, son nemesis chez les Colchoneros, mais aussi Lucas Hernandez, qui lui avait cassé le nez involontairement lors du premier derby au Metropolitano il y a un an.

Gageons que le capitaine du Real possède suffisamment de hargne et de rancoeur pour en distribuer équitablement à tous ses vis-à-vis, même si son entraîneur, fragilisé après les résultats en dents de scie des dernières semaines, apprécierait certainement davantage la spéciale Ramos du coup de tête dans la lucarne adverse dans le temps additionnel que dans un appendice nasal quelconque. Ramos l'a démontré à maintes reprises : il est capable du meilleur comme du pire, mais pour le pire, il reste le meilleur.

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