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Tensions, caprices et tactique floue : comment le Real de Xabi Alonso s'est mis en crise tout seul

Au Real Madrid, l'excellence n'est pas une option, c'est la norme. Gagner ne suffit pas, il faut la manière. Or, ces derniers temps, la Maison Blanche ne gagne plus assez, et la manière a disparu. Le nul concédé à Gérone dimanche (1-1) marque une série inquiétante de trois matchs sans victoire en championnat, face à des adversaires pourtant modestes (le mieux classé, le Rayo Vallecano, est 9e).

Certes, il s'agit d'une période de transition. Xabi Alonso découvre le poste, et l'infirmerie ne désemplit pas. Mais dilapider une avance de cinq points sur le Barça en un mois, sur fond de tensions de vestiaire impliquant les joueurs les mieux payés de la planète, ressemble furieusement à un début de crise pour un homme qui pensait vivre son job de rêve.

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    Une crise de résultats en trompe-l'œil ?

    Pourtant, si l'on s'en tient aux chiffres, le tableau n'est pas si noir. En 14 journées, le Real compte 10 victoires, 3 nuls et une seule défaite. Avec 33 points et un match en retard à jouer contre l'Athletic Club, les Merengue restent à quatre longueurs du Barça, un écart loin d'être rédhibitoire, d'autant qu'ils ont remporté le premier Clásico fin octobre. En Ligue des champions, tout va bien : quatre victoires en cinq matchs, dont des succès probants contre la Juve et Marseille, et une qualification en huitièmes quasiment acquise.

    Individuellement, il y a aussi des motifs de satisfaction. Kylian Mbappé a embrassé son rôle de n°9 avec une efficacité effrayante (23 buts en 19 matchs). Arda Güler confirme enfin son talent créatif, et Jude Bellingham revient en forme après son opération de l'épaule.

    Mais ce bilan comptable masque des fissures béantes. L'infirmerie est pleine à craquer : Trent Alexander-Arnold, blessé six semaines aux ischio-jambiers, Dani Carvajal out jusqu'en janvier... Fede Valverde doit encore jouer les pompiers de service en défense.

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  • Trent Alexander-ArnoldGetty Images

    La fracture du vestiaire

    Le vrai problème d'Alonso n'est pas médical, il est humain. La concentration de "Galactiques" devient un casse-tête ingérable. Selon The Athletic, des cadres du vestiaire remettent déjà en cause ses méthodes et sa tactique. Une réunion de crise a eu lieu avant la victoire étriquée contre l'Olympiacos (4-3), mais le "désastre" de Gérone prouve que le message ne passe toujours pas.

    La gestion des temps de jeu crée des frustrations énormes. Rodrygo, muet depuis 30 matchs, ne joue que des miettes (442 minutes), tout comme Endrick (11 minutes !), qui devrait filer en prêt à Lyon cet hiver. Alonso avait promis qu'ils seraient cruciaux ; ils sont devenus invisibles.

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    Le cas Vinícius : l'éléphant dans la pièce

    Mais l'épine la plus douloureuse dans le pied d'Alonso se nomme Vinícius Jr. Le Brésilien est un joueur merveilleux, le chouchou de Florentino Pérez, mais aussi un caractère complexe. Sous Ancelotti, il avait déjà montré des signes de réticence au repli défensif. Sous Alonso, la fracture semble tactique et relationnelle. Il n'a terminé que sept matchs cette saison, souvent sacrifié quand le coach doit changer son attaque.

    L'image du Clásico reste gravée : sorti en milieu de seconde période, Vinícius a hurlé sa frustration au visage de son entraîneur. Ses excuses publiques, où il a soigneusement omis de citer Alonso, n'ont trompé personne. Cette tension serait la raison principale de son refus actuel de prolonger son contrat, qui expire en 2027.

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    Une défense "portes ouvertes"

    Sur le terrain, Alonso n'a toujours pas réglé le problème majeur de l'équipe : sa vulnérabilité en transition. Comme la saison passée, le Real est incapable de presser haut efficacement, laissant les adversaires toucher leurs milieux et lancer des contres. C'est une formule simple, connue de tous, et qui fonctionne chaque semaine.

    Gérone l'a fait dimanche, Elche deux fois la semaine d'avant. Sans un Thibaut Courtois héroïque, le Real encaisserait trois ou quatre buts par match. Pour un tacticien de la trempe d'Alonso, voir son équipe se faire transpercer aussi naïvement semaine après semaine est une anomalie inquiétante.

  • Xabi Alonso Florentino Perez Real Madrid 2025Getty Images

    Pas de panique... pour l'instant

    Malgré ce climat délétère, il serait prématuré, voire absurde, de parler de licenciement. Alonso a prouvé sa valeur à Leverkusen et le contexte madrilène exige un temps d'adaptation que même les plus grands doivent apprivoiser. Le coach assure d'ailleurs avoir le soutien de son président : « J'ai parlé avec lui, les conversations sont très positives. Nous savons où nous en sommes, la saison est longue. »

    Cependant, au Real Madrid, la patience est une denrée périssable. Si la situation ne s'améliore pas avant la trêve hivernale, la chaleur va devenir insupportable pour le Basque. Virer un entraîneur aussi tôt, avec un effectif aussi jeune, serait une erreur historique. Mais l'histoire du Real est pavée d'erreurs historiques commises au nom de l'urgence de gagner.