C'était annoncé comme le match de la dernière chance, l'examen final qui devait sceller le sort du technicien basque. Pourtant, quelques heures après la défaite contre Manchester City (1-2) au Bernabéu, Xabi Alonso est toujours l'entraîneur du Real Madrid. Contre toute attente, ce revers n'a pas été fatal. La direction madrilène, Florentino Pérez en tête, a choisi de temporiser, convaincue par la réaction d'orgueil de l'équipe malgré le résultat défavorable. Alonso peut souffler, il a acheté du temps. Mais qu'on ne s'y trompe pas : s'il a évité la guillotine immédiate, il reste plus que jamais en sursis dans une institution qui ne tolère pas la médiocrité, quelles que soient les circonstances atténuantes.
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AFPLe vestiaire comme bouclier humain
Ce qui a sauvé la tête d'Alonso mercredi soir, ce n'est pas la tactique, mais l'adhésion totale de son groupe. Alors que les rumeurs de licenciement enflaient, les cadres ont érigé un mur de protection autour de leur coach. L'image de Rodrygo, buteur retrouvé, traversant le terrain pour enlacer son entraîneur, vaut tous les communiqués officiels. "Nous voulons montrer à tout le monde que nous sommes avec notre entraîneur à 100%", a lâché le Brésilien. Même son de cloche chez Jude Bellingham ou Thibaut Courtois. Ce soutien public et vocal n'est pas une simple politesse de façade ; c'est un message politique envoyé à la direction : toucher au coach maintenant, c'est se mettre le vestiaire à dos.
Cette union sacrée offre à Xabi Alonso une légitimité précieuse. Elle prouve que le message passe encore, que le "projet" vendu par l'ancien milieu de terrain n'est pas mort dans les esprits. Contrairement à d'autres fins de règne à la Maison Blanche où le divorce entre le banc et le terrain était consommé, ici, l'osmose demeure. Et ce, alors qu'on pensait assister à tout le contraire juste avant le match. C'est cet argument, couplé à une combativité retrouvée sur le pré, qui a fait pencher la balance en faveur du maintien.
Getty Images SportLa réalité crue des chiffres
Cependant, l'affection des joueurs ne remplit pas l'armoire à trophées ni la colonne de points. Si l'on s'éloigne de l'émotionnel pour regarder le "réel", la situation de Xabi Alonso est critique. Le Real Madrid vient d'enchaîner deux défaites consécutives à domicile, une anomalie statistique effrayante pour ce club. En Liga, le retard sur le FC Barcelone (4 points) commence à peser, et la dynamique globale est celle d'une équipe qui ne sait plus gagner les grands matchs. Le "mieux" dans le contenu face à City ne masque pas l'essentiel : Madrid a perdu. Et à ce niveau d'exigence, perdre avec les honneurs revient souvent à perdre sa place à court terme.
L'entraîneur basque le sait, lui qui a affiché une lucidité teintée de fatalisme en conférence de presse."Les résultats sont ce qu'ils sont, c'est un fait neutre", a-t-il admis, refusant de se cacher derrière des excuses. Il sait que la patience de Florentino Pérez est une ressource épuisable et que les promesses de "temps pour construire" s'évaporent dès que la peur d'une saison blanche devient concrète.
Getty Images SportL'infirmerie ne sera pas une excuse éternelle
Certes, Xabi Alonso navigue en pleine tempête avec un bateau en miettes. L'hécatombe défensive est sans précédent : Militao out pour des mois, Carvajal, Alaba et les autres sur le flanc... Affronter l'armada de Guardiola avec une défense bricolée et sans Kylian Mbappé relevait de la mission impossible. Ces circonstances atténuantes lui offrent un crédit logique auprès des observateurs, mais l'histoire du Real est cruelle : on ne retient jamais les absents, seulement le score final.
Le technicien basque est donc en vie, mais il marche sur un fil au-dessus du vide. Le maintien de son poste ne tient plus qu'à une condition : une relance immédiate et brutale. Le déplacement à venir dimanche à Alaves ne sera pas un match ordinaire, mais une opération de survie. Si la série noire s'étire, le soutien des joueurs ne suffira plus à endiguer la colère des socios et le pragmatisme froid de la direction. Xabi Alonso a gagné le droit de continuer, mais il n'a plus le droit à l'erreur.



