Xabi Alonso Pep Guardiola gfxGetty/GOAL

"Il se prend pour Pep, mais ce n'est que Xabi" : autopsie d'un rejet culturel à Madrid

Lorsque Pep Guardiola a vu Xabi Alonso embrasser la carrière d'entraîneur, il n'a eu aucun doute. « Tous ceux qui ont eu le plaisir d'entraîner Xabi savaient qu'il deviendrait coach », disait le Catalan. L'apprentissage fut parfait : la stratégie de Benitez à Liverpool, la gestion de Ancelotti, le pragmatisme de Mourinho et, pour finir, le jeu de position de Guardiola au Bayern Munich. Alonso a puisé à toutes ces sources pour bâtir son succès à Leverkusen, brisant onze ans d'hégémonie bavaroise.

Mais ce qui fonctionne en Allemagne ne fonctionne pas nécessairement à Madrid. Alors que les Merengues s'apprêtent à défier City mercredi dans un climat délétère, le constat est amer : Alonso a peut-être trop appris de Guardiola. Sa volonté de tout contrôler se heurte frontalement à la culture libertaire du vestiaire madrilène, habitué à l'autonomie laissée par Carlo Ancelotti.

  • Vinicius Junior Real Madrid 2025Getty Images

    La guerre des ego : le cas Vinícius Jr

    Comme Guardiola à ses débuts au Barça, qui avait dû écarter Ronaldinho et Deco pour asseoir son autorité, Alonso fait face à un dilemme majeur nommé Vinícius Jr. Selon The Athletic, le conflit a débuté au Mondial des Clubs, le Brésilien reprochant à son coach de l'avoir aligné à droite lors de la défaite contre le PSG. La tension a culminé en octobre lors du Clásico, avec une réaction furieuse du joueur à sa sortie. Si Vinícius a présenté des excuses publiques « aux Madridistas, aux coéquipiers et au président », il n'a pas eu un mot pour Alonso.

    Pire, là où un Arne Slot a su sanctionner Mohamed Salah à Liverpool pour une sortie médiatique, Alonso a semblé faible en réintégrant immédiatement sa star. Résultat ? Une victoire en trompe-l'œil contre Valence (4-0), suivie d'une série noire. Le joueur refuse désormais de discuter prolongation tant que l'avenir du coach n'est pas tranché. Une situation intenable qui fragilise l'autorité du technicien basque.

  • Publicité
  • Real Madrid CF v RC Celta de Vigo - LaLiga EA SportsGetty Images Sport

    « Il se prend pour Pep » : le rejet de la méthode

    Le problème dépasse le simple cas Vinícius. Alonso a débarqué avec la volonté de "nettoyer" les mauvaises habitudes prises sous l'ère Ancelotti, imposant ponctualité, intensité et courses à haute dose. Une approche interventionniste qui passe mal auprès de joueurs ayant tout gagné. Là où Ancelotti déléguait les séances, Alonso est omniprésent, directif, exigeant.

    Ce choc culturel a provoqué des remous en interne. Une source proche d'un cadre du vestiaire a lâché cette phrase assassine rapportée par The Athletic: « Il pense qu'il est Pep Guardiola, mais pour l'instant, c'est juste Xabi. » Au Real, le coach doit être un diplomate, pas un professeur. Vouloir imposer une rigueur bavaroise à un groupe habitué à l'autogestion est souvent perçu comme de l'arrogance, surtout quand les résultats ne suivent pas immédiatement.

  • FBL-EUR-C1-ESP-NED-REALMADRID-AJAXAFP

    Le Real, ce broyeur de tacticiens

    Florentino Pérez se retrouve face à son éternel dilemme. Depuis plus de vingt ans, le président oscille entre le désir d'un coach à poigne et la nécessité d'un "pacificateur". L'histoire du club est un cimetière pour les tacticiens dogmatiques. Rafa Benitez, qui voulait apprendre à Modrić comment faire une passe et à Ronaldo comment marquer, a tenu cinq mois. Fabio Capello a été viré après un titre parce que son jeu ennuyait. Manuel Pellegrini, malgré un jeu séduisant, manquait de charisme.

    Alonso, qui semblait être la synthèse parfaite, est en train de glisser dans la catégorie des "incompatibles", celle des entraîneurs qui veulent que le système prime sur les individualités. Or, au Real Madrid, ce sont toujours les individualités qui gagnent. Les Del Bosque, Zidane et Ancelotti ont triomphé en gérant les ego plutôt que les schémas tactiques. Alonso essaie de faire l'inverse, et l'histoire suggère que c'est une bataille perdue d'avance.

  • ENJOYED THIS STORY?

    Add GOAL.com as a preferred source on Google to see more of our reporting

  • Real Madrid's defender Sergio Ramos (L)AFP

    La leçon de Sergio Ramos

    L'ombre de Sergio Ramos plane sur cette situation. En 2018, alors que le club songeait à Antonio Conte pour remplacer Julen Lopetegui, le capitaine avait prévenu : « Le respect se gagne, il ne s'impose pas. La gestion des hommes est plus importante que la connaissance technique. » Pérez avait écouté, choisissant Solari puis Zidane.

    C'est une leçon que Xabi Alonso apprend à la dure. Il voulait imposer sa patte tactique, son pressing, sa rigueur "à la Guardiola". Il découvre que le Real Madrid n'est pas un club qu'on entraîne, mais un monstre qu'on apprivoise. Mercredi, face à l'original, la copie devra prouver qu'elle a les épaules, sous peine de voir l'expérience tourner court et de confirmer que le banc du Bernabéu n'est décidément pas fait pour les architectes.

0