Longtemps resté en retrait, John Textor a choisi de sortir du silence au moment où l’Olympique Lyonnais a frôlé le pire. Critiqué, contesté, parfois vilipendé, le dirigeant américain s’est exprimé sans détours sur les coulisses d’un dossier explosif. Dans un contexte financier tendu et après une décision administrative aux lourdes conséquences, John Textor a livré un témoignage rare, mêlant chiffres, regrets et incompréhensions. Des déclarations qui éclairent, d’un nouveau jour, les semaines les plus troubles de l’histoire récente de l’OL.
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AFPJohn Textor répond aux critiques sa gestion à l’OL
Invité de l’émission Rothen s’enflamme sur RMC, John Textor est revenu en détail sur la période ayant précédé le passage de l’OL devant la DNCG. L’homme d’affaires américain a tenu à défendre son action à la tête du club, estimant avoir multiplié les efforts pour éviter une relégation administrative. Conscient de l’hostilité d’une partie des supporters, John Textor a expliqué sa vision du rôle de dirigeant dans un football français contraint économiquement.
Dans cet entretien, John Textor a livré un plaidoyer personnel, assumant les choix effectués depuis son arrivée. « Vous ne vous souciez pas de ce que les gens pensent de vous quand vous êtes dans ce milieu. Il faut travailler, être honnête, aider. Le fait est que nous n'avons fait qu'aider, mais ce n'était pas assez. Nous avons ramené des capitaux pour rembourser des dettes. Il y a des limites à ce qu'on peut faire concernant les profits et les pertes en France. Les pertes continueront pour ce genre de clubs, il faut toujours plus de capital. Ce que nous n'avons pas réglé… en même temps, nous avons ramené des talents, nous avons réduit les dépenses, mais nous avons eu des vents contraires. Nous avons perdu énormément d'argent sur la question des droits TV. Depuis que je suis arrivé, j'ai augmenté les revenus chaque année. Mais les supporters ne le savent pas », a déclaré John Textor sur RMC.
AFPJohn Textor défend son bilan à la tête de l’OL
Dans la continuité, John Textor a tenu à appuyer son argumentaire sur des données financières précises. Le dirigeant affirme avoir amélioré les revenus structurels de l’OL malgré un contexte défavorable, notamment lié à l’effondrement des droits télévisés. Selon John Textor, les comparaisons brutes masquent une réalité plus favorable à sa gestion.
« Si vous regardez les chiffres de 2023-2024 par rapport à ceux de 2022-2023, en prenant compte pour chacun d'eux des ventes de 40 ou 50 millions sur le mercato, si vous enlevez ces tours de magie de l'équation et que vous regardez le cœur des revenus de l'OL, c'est environ 250 millions d'euros. Sous ma présidence, ces chiffres ont augmenté à 270. J'ai en fait augmenté les revenus quand les droits TV étaient en train de dégringoler. J'ai rendu l'équipe meilleure, j'ai ramené la Ligue Europa. Nous avons augmenté chaque ligne comptable sur laquelle je pouvais agir. Ce que je n'ai pas pu augmenter, ce sont les droits TV », a poursuivi John Textor.
Getty Images SportTextor dévoile l’erreur qui a failli coûter une relégation à Lyon
John Textor reconnaît néanmoins une erreur majeure, qu’il situe à l’automne 2023, dans un contexte sportif critique. Face à une équipe en difficulté et une interdiction de recrutement héritée de l’ancienne direction, l’Américain a dû trancher dans l’urgence. Un choix assumé, mais coûteux.
« Mon erreur, sur la question des pertes et profits, débute en 2023. Nous avions sept points après 14 journées. L'interdiction de recrutement avait été décidée sur des chiffres de l'ancien propriétaire. J'ai dû composer avec ça. Devrais-je laisser l'équipe être reléguée ou mettre davantage d'argent ? Dans le foot, vous ne pouvez pas simplement vous débarrasser des joueurs, vous ne pouvez pas arrêter de payer les joueurs, ils ont des contrats, donc il faut des dépenses supplémentaires. Nos salaires ont augmenté à ce moment-là. Non seulement nous avons évité la relégation, mais nous avons atteint la Ligue Europa », a expliqué John Textor.
AFPJohn Textor dénonce un manque de transparence de la DNCG
La séquence la plus sensible concerne la décision de la DNCG, annoncée à l’automne 2024 puis confirmée en juin 2025. John Textor conteste la cohérence du processus, affirmant que le projet présenté était jugé viable quelques semaines plus tôt. Une incompréhension qu’il n’a jamais digérée.
« Les réductions de dépenses ont été si importantes aux printemps 2024 et 2025. Donc quand vous arrivez au 30 juin 2025, vous avez une baisse de 40% de la masse salariale, une réduction importante grâce au travail accompli. Nous avons présenté à la DNCG, en mai et juin, un projet viable. Les supporters ne le savent pas. Tout ce qu'ils voient, c'est la relégation administrative, évidemment qu'ils sont en colère. Ce que j'ai dit, c'est que nous avions assez d'argent pour soutenir ce modèle, et c'est le cas (...) Le 20 mai, la DNCG nous donne son total feu vert en disant ‘John, tout va bien’. Les supporters peuvent m'en vouloir de ne pas avoir été bon un mois plus tard, mais il faut regarder ce qu'il s'est passé entre le 20 mai et le 24 juin. Le 20 mai, nous avons le feu vert. Nous n'avons fait qu'augmenter tous nos chiffres le mois suivant : nous avons rajouté 25 millions de cash supplémentaire, nous avons vendu Rayan Cherki pour 30 millions. Nous arrivons le 24 juin avec des chiffres encore meilleurs que le mois précédent. Il faut demander à la DNCG comment nous pouvons avoir le feu vert le 20 mai et nous sommes relégués le 24 juin », a conclu John Textor.
Toujours actionnaire majoritaire d’Eagle Football Group, John Textor a depuis quitté la présidence de l’OL. Michele Kang, épaulée par Michael Gerlinger, a obtenu le maintien du club en Ligue 1 lors de l’appel. Mais les révélations de John Textor laissent une trace durable dans l’histoire récente du club lyonnais.



