Trois ans après le rachat de l’Olympique lyonnais, les non-dits refont surface. Lundi 15 décembre, sur les ondes de RMC, John Textor a brisé le silence et livré sa version des faits sur l’héritage laissé par Jean-Michel Aulas. Derrière la passation de pouvoir officielle, l’homme d’affaires américain évoque une situation financière critique, des tensions internes profondes et un affrontement durable en coulisses. Des déclarations lourdes, qui éclairent d’un nouveau jour la crise traversée par l’OL.
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AFPJohn Textor révèle les coulisses du rachat de l’OL à Aulas
Actionnaire majoritaire de l’OL depuis décembre 2022, John Textor est revenu longuement sur son arrivée à Lyon lors de l’émission Rothen s’enflamme. L’Américain assure ne pas regretter son investissement, tout en ciblant frontalement Jean-Michel Aulas. « Je ne pense pas que ma personne soit le problème juste parce qu'un journaliste sportif ne comprend pas les pages financières d'un journal. Je pense que le problème principal que j'ai eu avec la DNCG... Je n'ai pas commis une erreur en achetant Lyon. J'aime le club, j'aime la communauté. Je pense que j'ai fait une erreur en achetant quelque chose à Jean-Michel Aulas. Il ne voulait pas vendre. Il y a été contraint. Le club n'était plus solvable. Si vous regardez l'argent reçu de CVC... ils étaient en perte de 139 millions d'euros à la fin de 2023. Avec une balance défavorable de 44 millions sur les transferts ».
Selon John Textor, Jean-Michel Aulas aurait donc cédé l’OL sous la contrainte, dans un contexte financier alarmant. Une situation qui expliquerait, à ses yeux, les difficultés immédiates rencontrées par le club après le changement d’actionnariat, notamment face à la DNCG.
AFPUne cohabitation devenue impossible entre Textor et Aulas
Dans la continuité de son récit, John Textor explique que sa mission a toujours été claire : « acheter des clubs en difficulté financière » pour « les ramener à l’équilibre et leur faire gagner des trophées ». Mais la collaboration avec Jean-Michel Aulas aurait rapidement viré à l’impasse. « Nous avons fait passer cette équipe de la relégation à la Ligue Europa. Mais quand vous achetez une entreprise à un homme qui ne veut pas vendre, qui a été forcé de vendre par ses actionnaires majoritaires, il prend l'argent à contrecœur. Il vous donne le contrôle, mais ensuite, il va sur un plateau de télévision un mois plus tard, et dit qu'il n'a pas l'intention de vous écouter. Et finalement, il vous met dans une position où vous devez le remplacer. Après, vous devez faire l'impensable ».
Pour John Textor, l’éviction de Jean-Michel Aulas était devenue inévitable. « J'ai été choisi parmi un groupe d'acheteurs potentiels parce que les vendeurs pensaient que j'étais le plus susceptible de bien m'entendre avec Jean-Michel. Mais derrière il annonce ouvertement qu'il ne fera pas de changements si on le demande. Donc j'ai dû le licencier, ce qui est horrible », poursuit-il.
AFPTextor dénonce les coups bas de Jean-Michel Aulas à l’OL
Le propriétaire de l’OL va plus loin et décrit une opposition permanente de Jean-Michel Aulas après son départ. « Et je dirais que depuis ce moment-là, chaque semaine, il a agi très durement contre nous. Il est dans cette situation étrange. Il aime le club, mais il agit contre son propriétaire. Depuis deux ou trois ans, il n'y a pas une semaine sans que j'aie un problème urgent qui concerne Jean-Michel », affirme John Textor.
L’Américain évoque également des épisodes financiers sensibles. « Ils oublient la semaine où il a gelé les 14 comptes de notre opération, 42 millions, parce qu'il avait porté plainte contre nous, il prétendait qu'on lui devait de l'argent, donc nos comptes ont été gelés ». Une situation qui aurait lourdement pesé sur la gestion quotidienne du club.
AFPUn héritage jugé insoutenable pour John Textor
Enfin, John Textor s’en prend directement à la gestion passée de Jean-Michel Aulas, notamment face à la DNCG. « Je pense que Jean-Michel Aulas pouvait arriver avec une prévision dans laquelle il disait qu'il vendrait Toko-Ekambi 20 millions d'euros et ils le croyaient alors que tout le monde savait qu'il n'en obtiendrait jamais plus de cinq millions. Et je suis persuadé que ces prévisions ne lui ont jamais posé de problème devant la DNCG ».
Amer, John Textor conclut sur les conséquences sportives : « Oui, je suis très énervé, notre jeu était faussé dès le départ. Sept points en 14 journées, personne n'avait échappé à la relégation avec un tel bilan. […] Si nous avions eu la liberté de gérer notre club avec un business model viable, sans supervision ni interférence, nous serions actuellement en Ligue des champions ». Une sortie explosive, qui relance le débat sur la transition Aulas - Textor à l’OL.

