Le feuilleton Super League ne s’éteint pas. Il repart même de plus belle avec une vigueur inattendue. Alors que le projet semblait enterré dans un silence assourdissant, le Real Madrid et A22 Sports reviennent au centre du jeu, forts d’une nouvelle victoire judiciaire obtenue en Espagne. La bataille avec l’UEFA n’a jamais cessé, elle change simplement de terrain. Les discussions, les tensions, les menaces et maintenant les demandes financières titanesques annoncent un affrontement qui pourrait bouleverser l’économie du football européen. L’UEFA se retrouve face à l’un de ses plus grands défis depuis la création de ses compétitions continentales. Et Madrid, motivé comme jamais, entend faire payer cher ce qu’il considère comme un frein brutal à son ambition sportive et économique.
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Getty Images SportLe Real relance l’offensive avec une demande financière astronomique
Le Real Madrid ne se contente pas de contester. Il exige des comptes et veut obtenir réparation. Après la décision rendue par le tribunal de commerce de Madrid, qui a confirmé l’« abus de position dominante » de l’instance européenne, la porte s’ouvre désormais pour des poursuites financières d’une ampleur extrême. Le club madrilène prévoit de réclamer plus de quatre milliards d’euros, selon les informations du Financial Times et AS. La direction merengue estime que le projet avorté en 2021 lui a coûté près de 4,6 milliards sur cette seule année.
Une somme colossale, qui en dit long sur la détermination de Florentino Perez. Le président continue de défendre la Super League comme un modèle d’avenir, malgré l’isolement progressif du projet. Aujourd’hui, le Real Madrid maintient une position solitaire dans la sphère publique, assumant sa vision coûte que coûte.
AFPA22 Sports prépare une contre-attaque judiciaire massive
Le promoteur de la Super League ne lâche rien non plus. Après son succès devant la justice espagnole, A22 Sports vise désormais l’UEFA avec une nouvelle procédure qui pourrait coûter environ trois milliards d’euros. Une somme folle mais en adéquation avec l’ambition de ses dirigeants. Leur objectif consiste à récupérer ce qu’ils considèrent être un manque à gagner. Rien n’indique un recul possible. Au contraire, leurs avocats s’activent pour attaquer frontalement l’instance européenne.
Le message ne souffre aucun flou. A22 veut placer l’UEFA devant ses responsabilités et forcer la reconnaissance de son droit à organiser ses propres compétitions. L'organisation explique :
« A22 s’engage à défendre les intérêts du football européen de clubs en misant sur l’innovation et la coopération. L’organisation est convaincue que la décision rendue mercredi encouragera l’UEFA à adopter la même approche. Conformément au droit, l’UEFA est tenue de reconnaître à A22 la possibilité d’organiser des compétitions sur un pied d’égalité avec les siennes ».
Puis l’avertissement tombe : « Cependant, puisque l’UEFA persiste à ignorer des décisions de justice contraignantes, A22 n’a d’autre choix que d’engager des procédures afin d’obtenir réparation des préjudices subis ».
Getty/GOALUne guerre froide juridique sans compromis
Les échanges entre les deux camps n’ont pas permis d’apaiser le climat ces derniers mois. Quelques contacts se sont produits, sans déboucher sur un accord. L’idée d’une compétition européenne semi-fermée continue d’exister du côté d’A22. L’UEFA ne veut rien entendre, considère le projet caduc et refuse la moindre concession. Elle rappelle même que la décision espagnole ne légitime pas la Super League ni ne remet en question son système d’autorisation
Elle souligne ainsi que la décision ne « valide pas » le projet abandonné et « ne remet pas en cause le règlement d'autorisation actuel de l'UEFA ».
Une bataille d’image s’ajoute donc au conflit judiciaire. Chaque mot, chaque prise de position compte. L’instance européenne ne montre aucune crainte publique, insiste sur le maintien de son modèle et défend sa compétition phare, la Ligue des champions.
Getty/GOALLes chiffres financiers au cœur du bras de fer
Le moment choisi frappe fort. À l’horizon 2025-2026, l’UEFA prévoit des recettes nettes d’environ 3,5 milliards d’euros pour ses compétitions européennes. Sur cette somme, 3,3 milliards doivent revenir aux clubs. Ce modèle financier demeure vital pour des dizaines d’équipes, petites ou grandes. Si la justice obligeait l’UEFA à indemniser A22 ou le Real Madrid, le choc serait monumental.
La presse madrilène avance une hypothèse claire. Selon elle, l’UEFA aurait tenté de ralentir l’apparition de la Super League en multipliant les démarches administratives et en étirant les discussions. A22 et le Real y voient une stratégie pour conserver l’exclusivité du spectacle européen le plus lucratif.
Getty ImagesUne bataille longue et incertaine
Le match juridique vient tout juste de commencer. Le Real Madrid avance en première ligne, A22 suit dans son sillage. L’UEFA se prépare à défendre son empire sans fléchir. Les courriers, les avocats, les audiences. Tout indique un pugilat prolongé. Et pendant ce temps, la Super League dort dans un tiroir sans pour autant disparaître.
Le football européen entre dans une zone de turbulence juridique où chaque décision pourra façonner l’avenir des compétitions. Les prochaines années promettent d’être électriques.

