Il est temps d'accorder à Bruno Fernandes le crédit qu'il mérite ! Il mérite de s'asseoir à la table d'Odegaard et De Bruyne

Les Red Devils ont enchaîné les résultats humiliants cette saison, et après les 50 premières minutes de leur match à domicile contre Sheffield United mercredi, il semblait qu'il y aurait une nouvelle entrée dans le panthéon de la honte. Les hommes de Ten Hag se sont retrouvés menés 2-1 contre la lanterne rouge de la Premier League, à cause d'une défense totalement horrible, et avaient désespérément besoin d'inspiration.

C'était sans compter sur Fernandes, qui égalisait sur penalty dix minutes plus tard, avant de prendre sur lui pour permettre à United de remporter les trois points. Le deuxième but de l'international portugais était à couper le souffle : il récupérait le ballon de Kobbie Mainoo et se mettait en position de tir avant de décocher une frappe foudroyante de près de 30 mètres - de son pied gauche le plus faible - qui s'envolait au fond des filets avec toute la précision d'un missile à tête chercheuse.

Il a ensuite couronné sa superbe prestation en offrant une passe décisive à Rasmus Hojlund pour qu'il marque son premier but depuis deux mois, en reprenant de volée le ballon devant le but et en laissant le Danois terminer sa course simplement après avoir effectué une course intelligente dans le dos pour répondre à une passe recherchée de Diogo Dalot.

La victoire finale (4-2) était flatteuse pour United, mais Fernandes était justement récompensé pour ses efforts surhumains en seconde période.

Fernandes en est désormais à 15 buts toutes compétitions confondues pour United en 2023-24, ce qui fait de lui le meilleur buteur du club, dont sept lors de ses cinq dernières apparitions. Le joueur de 29 ans a également délivré 11 passes décisives, soit six de plus que n'importe quel autre joueur du club.

En fait, aucun autre milieu de terrain de Premier League ne peut rivaliser avec Fernandes dans le dernier tiers du terrain. Il est en tête avec 26 buts inscrits, devant Martin Odegaard (20), Kevin De Bruyne (19), Bernardo Silva (15) et Alexis Mac Allister (13).

Odegaard et De Bruyne sont généralement considérés comme les deux meilleurs meneurs de jeu du football anglais, et à juste titre, le premier étant le maitre à jouer d'Arsenal et le second apportant toujours à Manchester City son facteur X dans les matches les plus serrés, même à l'approche de son 33e anniversaire.

Mais Fernandes devrait être cité dans la même catégorie. Il exerce une influence encore plus grande au sein d'une équipe bien moins performante, tout en faisant l'objet d'une attention sans précédent en tant que capitaine du navire en perdition de United.

United ne dispose pas de joueurs de grande qualité à tous les postes comme City et Arsenal. Fernandes est leur seul joueur de classe mondiale et il est tentant de s'imaginer ce qu'il pourrait accomplir dans une meilleure équipe, car il porte les Red Devils presque tout seul depuis un certain temps maintenant.

Ten Hag devrait remercier Fernandes de l'avoir maintenu sur le banc d'Old Trafford. En tant que collectif, United a été désastreux tout au long de la campagne, ce qui a entraîné des questions constantes sur l'avenir du Néerlandais.

La victoire contre Sheffield United était la première des Red Devils en Premier League depuis six semaines, et ils n'auraient probablement pas gagné si Fernandes n'avait pas pris la décision courageuse de jouer malgré la douleur. Il s'est blessé à la main lors de la victoire peu convaincante de United en demi-finale de la FA Cup contre Coventry, et s'est aligné contre les Blades dans son rôle habituel de numéro 10, avec un lourd bandage au poignet.

Les blessures ont décimé l'équipe de Ten Hag ces derniers mois, et il était intéressant de voir Fernandes tenir bon au lieu de rejoindre la file d'attente de la salle de soins. Fernandes accepte les responsabilités au lieu de les fuir, contrairement à beaucoup de ses collègues, ce qui n'échappe pas à son entraîneur.

« Il est en très bonne forme », a déclaré Ten Hag après le match. "Je pense que nous l'avons mis dans la bonne position et qu'il trouve les bons endroits. Quand il est dans cette position, il prend les bonnes décisions. Il peut créer beaucoup de choses, marquer un but, faire une passe décisive, réaliser des actions clés. Nous sommes donc très satisfaits de ses performances."

"Il fait preuve de leadership. Mais aussi avec son énergie, dans ses transitions dans les deux sens, c'est très important. Il essaie d'encourager l'équipe. Il se débrouille très bien et nous sommes très satisfaits de ses performances et de son attitude".

Fernandes savait qu'il devait passer à la vitesse supérieure à l'approche de la fin de la saison, et c'est en grande partie grâce à lui que United occupe actuellement la sixième place du classement de Premier League au lieu de se morfondre dans la dernière moitié du tableau. Il s'est également révélé être un véritable capitaine et Ten Hag lui doit une fière chandelle pour avoir contribué à combler les énormes lacunes de son dispositif tactique.

Le problème, c'est que Fernandes a désormais une réputation de provocateur. Les supporters adverses le méprisent et son penchant pour la controverse fait de lui une cible facile. La star de United a mis les médias sociaux en ébullition avec sa mise en scène lors de la défaite 2-1 à domicile contre Fulham en février, qui a conduit à une querelle mesquine entre les deux clubs, et il est régulièrement vu en train de piquer des colères sur le terrain.

Fernandes doit faire face à plus de contrôles que n'importe qui d'autre dans le vestiaire de United en raison de son comportement erratique, mais cela ne le dérange pas. "Je vois les choses du bon côté. S'ils me critiquent, c'est parce qu'ils pensent que je suis capable de faire mieux", a-t-il déclaré lors d'un entretien approfondi avec la publication portugaise A Bola en mars.

"C'est vrai qu'il y a des moments où les gens critiquent l'attitude, le fait que les choses n'ont pas été précipitées et qu'elles n'ont pas été faites, mais quand ces choses arrivent, je suis complètement calme. Je fais simplement ce que je veux. J'ai la conscience tranquille que chaque jour, je m'entraîne et je joue de mon mieux. Vous pouvez évidemment me faire remarquer que j'ai bien ou mal joué, que j'ai montré beaucoup ou peu de qualité, que j'ai raté des passes, des tirs, mais pour tout le reste, j'ai toujours la conscience tranquille".

Il est très difficile de contester le raisonnement de Fernandes. United ne voudrait certainement pas qu'il en soit autrement, car c'est en jouant borderline qu'il est devenu un joueur si spécial.

Il continuera à être aussi intenable tant qu'il y aura la possibilité de hisser les Diables Rouges, et ne cessera pas de mettre du coeur à l'ouvrage. Rien de tout cela ne joue contre Fernandes en tant que capitaine, bien au contraire, car il est prêt à faire tout ce qu'il faut pour gagner, et il ne sera jamais langue de bois s'il estime que quelqu'un ne fait pas ce qu'il faut.

Après avoir conclu son transfert de 50 millions d'euros du Sporting CP à United en janvier 2020, Fernandes a déclaré : « Je peux promettre aux fans que je donnerai tout pour l'écusson afin de nous aider à remporter davantage plus de succès et de trophées ».

Depuis, il a tenu sa promesse lors de ses 229 apparitions sous le maillot rouge emblématique, avec 143 buts marqués au passage, mais il n'a pas été en mesure de mener United vers des récompenses tangibles.

Fernandes sait qu'une seule médaille de vainqueur de la Carabao Cup ne suffit pas. Malgré ses exploits individuels éblouissants, les Red Devils sont plus éloignés que jamais de la course aux plus grands honneurs, ce qui soulève la question suivante : pourquoi diable resterait-il ici ?

« Ce que j'ai toujours demandé et voulu au club, c'est d'être compétitif », a déclaré Fernandes à A Bola. "La saison a été en deçà de nos attentes, en deçà de mes attentes en tout cas. J'ai déjà eu une réunion avec les nouveaux propriétaires. Ils veulent rencontrer les joueurs et l'ont déjà fait individuellement, et c'est exactement le message que j'ai envoyé."

Les nouveaux actionnaires minoritaires de United ont clairement assuré Fernandes qu'ils étaient sur la même longueur d'onde. Le président d'INEOS, Sir Jim Ratcliffe, a publiquement suggéré que les Red Devils pourraient « faire tomber City de son piédestal » au cours des trois prochaines années ; ce n'est peut-être pas réaliste, mais un objectif aussi ambitieux montre que les Red Devils sont sérieux.

Il a été rapporté que jusqu'à 11 stars de l'équipe première pourraient être vendues cet été dans le cadre de la révolution de Ratcliffe, tandis que Ten Hag pourrait également être renvoyé s'il ne remporte pas la FA Cup et ne se qualifie pas pour l'Europa League. Mais Fernandes n'ira nulle part. Il doit être le visage de la nouvelle ère de United, l'homme autour duquel la nouvelle équipe est construite, et à cette fin, il serait sage de déclencher l'option de prolongation d'un an de son contrat dès que possible, ce qui le lierait au moins jusqu'en 2027.

À ce stade, il est évident que Fernandes est la meilleure recrue de United au cours de la dernière décennie. Presque tous les grands noms arrivés à Old Trafford après le départ de Sir Alex Ferguson en 2013 n'ont pas réussi à justifier leur prix, d'Angel Di Maria et Paul Pogba à Jadon Sancho et Antony.

Le talent seul ne suffit pas pour réussir dans la moitié rouge de Manchester. Il y a aussi des valeurs à respecter et Fernandes l'a toujours compris.

Il ne s'est pas toujours couvert de gloire et, comme tout joueur, il a connu de nombreuses périodes creuses, mais le manque d'appréciation de l'impact qu'il a eu sur le football anglais se résume en fait à sa « culpabilité par association ». United est une force épuisée, et sa chute a été une source de grand amusement pour les supporters rivaux.

Il est de bon ton de remuer le couteau dans la plaie après chaque mauvais résultat et de mettre en pièces les plus mauvais joueurs. Si Fernandes jouait dans l'équipe de Mikel Arteta à Arsenal ou dans la machine à gagner de Pep Guardiola à City, il serait vénéré au même titre qu'Odegaard et De Bruyne. Le travail qu'il a accompli à Old Trafford est tout aussi impressionnant, mais il n'est pas apprécié à sa juste valeur en raison du chaos qui continue d'entourer United, sur et en dehors du terrain. Avec un peu de chance, tout cela commencera à changer cet été.

Il y a de vraies raisons d'être optimiste maintenant que Ratcliffe tire les ficelles dans les plus hauts lieux et que Fernandes y a adhéré. L'année prochaine, à la même période, il obtiendra peut-être enfin le crédit qu'il mérite.