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Gonzalo Garcia : la révélation qui dépanne le Real, repose Mbappé et inquiète Endrick ?

Thibaut Courtois l'affirmait sans détour : il savait quel était le plus gros problème du Real Madrid. Depuis sa propre surface de réparation, il avait assisté, impuissant, à la déroute des siens face à Arsenal en quart de finale de la Ligue des Champions (5-1 sur l'ensemble des deux matchs). Le problème, selon lui, ne venait ni de la fébrilité de Raul Asencio en défense, ni du déséquilibre criant au milieu de terrain. Ce n'était ni le match sans relief de Rodrygo, ni les errements défensifs de Lucas Vázquez. Non, le vrai souci, c'était l'absence d'un grand attaquant un peu dégingandé, parti neuf mois plus tôt.

« On a multiplié les centres, mais cette année, nous n'avons pas de Joselu, un pur avant-centre », avait lâché Courtois après la défaite 2-1 au match retour. « Parfois, il faut être autocritique. J'ai le sentiment qu'on doit jouer plus collectif, et pas seulement sur des actions individuelles. »

Courtois avait raison. Ce soir-là, Madrid a centré, encore et encore, sans jamais trouver la solution. Que le gardien madrilène cite en exemple Joselu, un joueur au bagage technique loin des standards habituels du Real, a fait sourire, mais sa remarque plus générale était juste : le Real avait besoin d'un numéro 9.

Trois mois plus tard, peu de choses ont changé. Le Real Madrid reste une constellation de stars offensives, mais il lui manque toujours ce grand gaillard pour pousser le ballon au fond. Pourtant, avec Gonzalo Garcia, le club tient peut-être sa solution. Pur produit de la "Fabrica" madrilène, Garcia a brillé au Mondial des Clubs pendant que Kylian Mbappé soignait une maladie, se montrant décisif à chaque match. Un échantillon certes limité, mais peut-être suffisant pour lui faire une place dans les plans de Xabi Alonso, et faire économiser au passage quelques précieux millions au club.

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    Gonzalo Garcia a su saisir sa chance

    Quand il a posé le pied aux États-Unis pour la Coupe du Monde des Clubs, Gonzalo Garcia ne comptait que 78 petites minutes d'expérience avec l'équipe première. Mais le destin, parfois, s'en mêle. L'absence de Kylian Mbappé, cloué au lit (et même brièvement hospitalisé) par une méchante gastro-entérite, et celle d'Endrick, blessé, lui ont ouvert une porte inespérée. Il l'a enfoncée sans se poser de questions.

    Xabi Alonso, depuis son passage au Bayer Leverkusen, a une idée bien précise du numéro 9 qu'il recherche : un point d'ancrage dans la surface, un poison pour les défenses, et un premier défenseur infatigable quand son équipe n'a pas le ballon. Un joueur capable de mettre le ballon au fond, tout simplement. Ces profils coûtent généralement des centaines de millions. Mais en quatre matchs, Garcia a montré qu'il possédait toutes les qualités requises.

    Buteur pour l'ouverture du score contre Al-Hilal, passeur décisif face à Pachuca, puis de nouveau buteur contre le Red Bull Salzbourg et la Juventus. Son but contre la Juve, unique réalisation d'une victoire 1-0 tendue en huitièmes de finale, a non seulement qualifié son équipe, mais a aussi fait de lui le seul joueur de la compétition à avoir été directement impliqué sur un but à chaque rencontre. Difficile de faire mieux pour saisir sa chance.

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    Le bleu de travail avant les paillettes

    On dit souvent que les jeunes joueurs, surtout les attaquants, courent plus et plus fort que les vétérans. Ce n'est pas toujours vrai, mais dans le cas de Gonzalo Garcia, l'adage se vérifie. L'attaquant est prêt à enfiler le bleu de travail, et c'est précisément ce que recherche son entraîneur.

    Xabi Alonso l'a martelé : il veut un engagement total de son équipe, avec ou sans le ballon. Une véritable révolution pour quiconque a regardé le Real Madrid de Carlo Ancelotti la saison passée. L'équipe semblait souvent à court d'envie, et même un Jude Bellingham, modèle de combativité à son arrivée, a fini par montrer des signes d'apathie en fin de saison. Changer cette culture ne sera pas simple, mais avoir des joueurs comme Garcia dans ses rangs est un atout majeur pour Alonso. Depuis le début du tournoi, le jeune homme de 21 ans n'a pas arrêté de courir, harcelant sans cesse les défenses adverses et multipliant les appels pour libérer des espaces pour Vinícius Jr.

    « Je n'avais aucun doute sur Gonzalo », a déclaré Alonso après la victoire contre la Juventus. « Ce qu'il fait n'est pas une surprise. Il l'a fait de nombreuses fois avec la Castilla. C'est le numéro 9 typique, qui sait attendre son heure, qui se déplace bien. Je suis très heureux pour lui. » Une validation en bonne et due forme, qui récompense autant le talent que l'abnégation.

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    Le partenaire idéal pour Vinícius

    L'émergence de Gonzalo Garcia pourrait s'avérer cruciale, en particulier pour Vinícius Jr. Ces dernières années, une grande partie du système tactique du Real Madrid a consisté à créer des espaces pour que le Brésilien puisse s'exprimer. Un travail d'orfèvre initié par Karim Benzema, qui savait instinctivement comment libérer des zones pour ses partenaires, et en partie repris par Jude Bellingham la saison suivante. Kylian Mbappé, en revanche, n'a pas eu cette même science du déplacement, ce qui explique en partie pourquoi Vinícius a tant peiné l'an dernier.

    Garcia, lui, a tout compris. Son but contre Salzbourg en est l'illustration parfaite. En direct, l'action a semblé simple : une passe en profondeur de Bellingham, une finition de Vinícius. Mais le rôle clé, celui qui est passé inaperçu, a été joué par Garcia. Son appel en diagonale a emmené un défenseur avec lui, ouvrant ainsi le couloir de passe pour Bellingham.

    C'est dans ces situations que le Real Madrid devient injouable. Lancez Vinícius face à un défenseur isolé, avec des coéquipiers qui proposent des solutions ou servent de leurres, et le Brésilien peut alors faire étalage de tout son talent. Et sur ce point, Gonzalo Garcia est bien plus qu'un simple finisseur. Il est un facilitateur de génie.

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    Un casse-tête nommé Mbappé

    Ironie du sort, le premier appel de balle de Kylian Mbappé, après son entrée en jeu contre la Juventus, fut le mauvais. Vinícius avait le ballon sur la gauche, dans cet intervalle où il est le plus dangereux. Et Mbappé, au lieu de plonger au second poteau, a choisi un dédoublement qui n'avait que peu de chances d'aboutir. Le défenseur a mordu à l'hameçon, mais Vinícius n'a eu d'autre choix que de jouer dans une zone sous pression. L'occasion s'est envolée, laissant ses coéquipiers visiblement frustrés.

    À la signature de Mbappé, tout le monde pensait que le Real trouverait bien un moyen de l'intégrer à son attaque de stars. Mais il est désormais clair que le Français va devoir adapter son jeu et accepter de travailler en pointe pour le bien de l'équipe. Contre la Juve, le Real a été nettement moins bon avec lui sur le terrain. L'équipe manquait de fluidité, tentant des exploits individuels plutôt que de s'appuyer sur des mouvements collectifs huilés. Avec un peu plus de réalisme, la Juve aurait pu arracher la prolongation, voire la victoire.

    En pleine possession de ses moyens, Kylian Mbappé reste bien sûr intouchable. C'est l'homme de Florentino Pérez, et le travail de Xabi Alonso est d'en tirer le meilleur. Mais avec Gonzalo Garcia, le nouvel entraîneur dispose au moins d'une alternative crédible. Une option qui peut non seulement pousser Mbappé à se dépasser, mais aussi lui permettre de souffler lors de matchs moins importants, afin de le garder frais pour les grandes échéances.

  • Sevilla FC v Real Madrid CF - La Liga EA SportsGetty Images Sport

    Et Endrick dans tout ça ?

    Si l'éclosion de Garcia offre des options pour gérer Mbappé, elle a des conséquences bien plus directes sur l'avenir d'Endrick. Arrivé l'été dernier de Palmeiras pour une somme conséquente, le jeune prodige brésilien n'a pas encore trouvé sa place. Malgré des débuts prometteurs, avec des buts pour sa première en Liga et en Ligue des Champions, ses cinq autres réalisations de la saison ont toutes été inscrites en Coupe du Roi. Il n'a jamais réussi à gagner la confiance totale de Carlo Ancelotti.

    De son côté, Xabi Alonso a affirmé qu'Endrick était en bonne forme et l'a accueilli au stage aux États-Unis, même s'il ne devrait pas jouer. Mais alors que des rumeurs de prêt circulaient déjà en janvier, elles ont repris de plus belle suite aux performances de Gonzalo Garcia au Mondial des Clubs.

    Endrick est un excellent footballeur, un joueur plein d'énergie et un bon coureur de ballons. Mais il est trop petit et trop trapu pour le rôle de pivot qu'Alonso attend de son numéro 9. Garcia, lui, mesure 1m83, il est mobile et bon de la tête. Endrick a peut-être plus de talent brut, mais il n'a pas le profil du numéro 9 dont ce Real Madrid a besoin.

    L'arrivée imminente d'un autre prodige sud-américain, Franco Mastantuono, vient encore compliquer la donne. À l'heure actuelle, le chemin vers une place de titulaire au Real semble bien difficile pour Endrick. Et à chaque performance impressionnante de Gonzalo Garcia, l'idée d'une saison en prêt pour s'aguerrir ailleurs en Europe devient de plus en plus plausible.

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    Et maintenant ?

    Les dix prochains jours s'annoncent fascinants. Samedi, le Real Madrid affronte le Borussia Dortmund en quart de finale. Kylian Mbappé sera peut-être apte à débuter. Mais le sera-t-il vraiment ? Soudainement, Xabi Alonso a un vrai choix à faire. Au vu de ses performances, écarter Gonzalo Garcia du onze de départ serait une décision difficile et quelque peu injuste.

    D'autres plaideront bien sûr pour Mbappé, un joueur tout simplement hors normes, doté d'une magie que peu possèdent. Quoi qu'il en soit, le Real Madrid a trouvé son remplaçant à Joselu. Et même, si l'on en croit certains commentateurs, son « nouveau Raúl ». Que le Real remporte ce tournoi ou non, c'est déjà une immense victoire pour Xabi Alonso et une excellente nouvelle pour l'avenir du club. Le coach basque a désormais des options, des alternatives, et surtout, un jeune talent issu de la maison qui a prouvé qu'il avait le niveau. Un luxe inestimable.

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