Gagner la bataille pour les services de Xabi Alonso serait l'ultime casse réussi par le Bayern en Bundesliga

Il est difficile de se souvenir d'un été où l'on s'attend à ce qu'il y ait autant de changements dans les staff techniques au plus haut niveau. Liverpool, le Bayern Munich et le FC Barcelone savent déjà qu'ils doivent chercher de nouveaux visages sur le banc de touche, tandis que Manchester United et Chelsea pourraient les rejoindre dans cette quête. Si l'on ajoute à cela les départs potentiels des meilleurs joueurs internationaux après le Championnat d'Europe et la Copa América, le nombre de postes à pourvoir au sein de l'élite pourrait atteindre un niveau record.

Avec un nombre limité de candidats de premier plan, Alonso semble être le meilleur. Sauf effondrement légendaire, le technicien basque mettra fin à 11 ans de mainmise du Bayern sur la Bundesliga, tout en pratiquant un football accrocheur avec un budget limité.

Lorsqu'il a pris les rênes du club il y a 18 mois, Leverkusen était dans la zone de relégation, pauvre défensivement et sans réelle orientation offensive. Depuis, malgré la perte de certains de ses meilleurs talents, Alonso a réinventé l'équipe. L'équipe n'a pas encore perdu cette saison, elle va probablement remporter le championnat avec au moins 10 points d'avance, et elle fait partie des favoris pour remporter l'Europa League.

L'Espagnol a su fédérer des supporters désabusés, tirer le meilleur parti de certains des meilleurs jeunes talents d'Europe et trouver sur le marché des transferts le type de valeur que les grands clubs européens ne parviennent pas à trouver. Il est donc tout à fait naturel qu'Alonso soit le coach que tout le monde veut. Dans un jeu qui repose si fortement sur des gains marginaux et des avantages infimes, Alonso semble être le genre d'entraîneur capable de tirer le meilleur de n'importe quelle équipe.

Pour le Bayern, le recrutement d'Alonso aurait donc beaucoup de sens. Malgré tous ses succès nationaux, le Bayern a connu deux années difficiles. Julian Nageslmann n'a jamais vraiment convaincu en tant que coach et la situation était devenue intenable lorsqu'il a été licencié en mars 2023, bien qu'il ait fait briller l'équipe dans les compétitions nationales et européennes.

Thomas Tuchel semblait en mesure d'inverser la tendance. Ce fin tacticien a fait des merveilles à Chelsea et s'est vu confier au Bayern une équipe capable non seulement de conserver aisément sa couronne en Bundesliga, mais aussi de viser un succès européen. La réalité s'est avérée quelque peu différente : le Bayern a été battu à plate couture par Manchester City en quart de finale de la Ligue des champions et il a fallu un effondrement remarquable du Borussia Dortmund pour arracher le titre de champion de Bundesliga dans les derniers instants de la dernière journée.

Depuis, la situation ne s'est pas améliorée. Les défaites en coupe et le manque de régularité en championnat l'empêchent de prétendre à un titre national. Un succès européen semble également peu probable à ce stade, Arsenal, puis Man City ou le Real Madrid se trouvant sur leur chemin pour atteindre la finale de la Ligue des champions.

Il y a de fortes chances que l'Allianz Arena connaisse une saison sans trophée et Tuchel a déjà accepté de partir à la fin de la saison. Le Bayern a besoin d'un nouveau coach et Alonso est le meilleur disponible.

Mais ils ne sont pas les seuls à vouloir s'attacher les services d'Alonso. Les prochains mois devraient être le théâtre d'une course très médiatisée entre deux anciens clubs du Basque pour s'attacher ses services. Liverpool cherchant lui aussi un nouveau visage sur le banc de touche après que Jurgen Klopp a annoncé son intention de partir à la fin de la saison.

Les Reds semblent avoir les mêmes critères pour trouver un nouvel entraîneur. Non seulement ils recherchent un tacticien intelligent, mais ils ont également besoin d'un leader de premier plan, capable de se connecter à une base de supporters qui se posera sans aucun doute des questions après le départ d'une figure légendaire comme Klopp. Alonso est peut-être le seul entraineur sur le marché qui répondrait à ces deux exigences.

Les premiers rapports suggéraient qu'il était l'homme le plus susceptible de prendre le poste - et qu'il penchait pour un départ en Angleterre à la fin de la saison, mais les rumeurs selon lesquelles il préférait le Bayern ont depuis lors pris de l'ampleur, tout comme les bruits selon lesquels Liverpool envisageait d'autres solutions. Alonso, pour sa part, est resté silencieux, niant les liens avec les deux clubs.

Le Bayern n'en est pas à son coup d'essai en matière de recrutement spectaculaire en Bundesliga, puisqu'il a intégré dans son modèle économique la nécessité de recruter les meilleurs talents chez ses rivaux. Qu'ils soient joueurs ou coaches.

Klopp ne le sait que trop bien. En avril 2013, Mario Gotze, le milieu offensif du Borussia Dortmund et présumé prochaine star de la Bundesliga, a accepté de rejoindre le Bayern pour 37 millions d'euros, ce qui a fait de lui le joueur allemand le plus cher de tous les temps. Le transfert a rompu les relations déjà houleuses entre les deux clubs, et Klopp a laissé entendre que le moment choisi pour conclure l'accord - 24 heures seulement avant la demi-finale de Ligue des champions de son équipe - avait été conçu pour déstabiliser la saison de son équipe.

Gotze n'était pas le seul, cependant. Robert Lewandowski l'a suivi l'année suivante, acceptant de rejoindre le Bayern sur un transfert gratuit après que Dortmund a refusé de le vendre à l'été 2013 - même s'ils savaient qu'il n'avait pas l'intention de signer un nouveau contrat l'année suivante.

Et cette tendance s'est poursuivie depuis. Leon Goretzka, Serge Gnabry, Niklas Sule, Mats Hummels et Benjamin Pavard ont tous été volés aux rivaux nationaux du Bayern, tandis qu'encore plus loin dans le temps, Michael Ballack et Manuel Neuer sont également arrivés en provenance de concurrents clés.

Cette fois-ci, c'est un peu différent. Les relations entre Dortmund et le Bayern se sont détériorées au cours des années 2010, les deux clubs se faisant la guerre dans la presse et rendant intentionnellement les transactions aussi difficiles que possible.

Le Leverkusen et le Bayern n'ont pas ce genre de problèmes. Ces dernières années, les tensions entre les deux clubs n'étaient pas vraiment nécessaires, en raison de leur différence de classement et de leur manque d'activité sur le marché des transferts. Même cette année, la distance qui sépare les deux équipes est si importante que l'idée d'un coach quittant l'une de ces équipes pour l'autre n'est pas à même de gâcher leurs relations. Quant au Bayern, il est accaparé par ses propres problèmes de négociations contractuelles, de mauvais résultats et d'un directeur sportif au franc-parler, et n'a guère le temps de transformer cette saga en guerre médiatique.

Plus généralement, le fait qu'il s'agisse d'un entraîneur - et non d'un joueur de premier plan - potentiellement sur le départ, rend les choses moins chaotiques. Si Florian Wirtz, Alejandro Grimaldo ou Jérémie Frimpong avaient les yeux tournés vers l'Allianz Arena, les choses pourraient être différentes. Avec les entraineurs, il y a plus de contrôle - et peut-être de meilleures relations en conséquence.

Il n'en reste pas moins que l'on ne peut s'empêcher de penser que le recrutement d'Alonso - même à l'amiable - serait le plus gros coup du Bayern depuis des années. L'Espagnol a presque à lui seul transformé une équipe en difficulté en champion de Bundesliga, mettant fin à la mainmise des Bavarois sur le titre de champion. Son excellent travail comme coach est, à lui seul, plus dangereux que les nombreux talents qui pourraient rejoindre l'Allianz Arena.

Non seulement le Bayern deviendrait immédiatement une unité plus dangereuse, mais Leverkusen passerait également par un été d'incertitude. Grimaldo, Frimpong, Victor Boniface et peut-être même Wirtz pourraient voir leur avenir remis en question en l'absence du coach qui les a aidés à atteindre de nouveaux sommets. Il s'agirait d'une décision déstabilisante, qui mettrait fin à 18 mois de croissance rapide, tout en renforçant considérablement le Bayern à court terme.

Il n'y a aucune garantie et Alonso pourrait encore rejoindre Liverpool. Il pourrait même rester sur place une année de plus, tenter de répéter l'expérience et parier sur la possibilité d'obtenir le poste au Real Madrid dans 15 mois. Mais si tout concorde et si les rumeurs de plus en plus insistantes se confirment, le Bayern pourrait bien être sur le point de réaliser son plus grand hold-up en Bundesliga.