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Real Madrid - Communication et terrain : comment Zinédine Zidane s'est affirmé au cœur d'une saison difficile

Tout est allé si vite pour Zinédine Zidane depuis deux ans et demi, quand il s'est assis sur ce banc qu'il connait tant pour débuter sa deuxième vie. Dans sa carrière d'entraîneur, les images se superposent comme les victoires. Zidane vit et se nourrit de tout. Il a connu le confort, d'abord - ou le luxe car le confort n'existe pas au Real Madrid - quand toutes les planètes s'alignaient au début de son histoire. Mais il a aussi appris à traverser les tempêtes. Pour lui, comme pour ses joueurs, cette saison a été révélatrice. 

Sur le terrain : des convictions affirmées

Personne n'a oublié cette Supercoupe d'Espagne où le Real Madrid a fait une démonstration de force contre son rival de Barcelone. C'était au cœur de l'été, dans le prolongement de sa conquête européenne. Il était évident, donc, que Zidane commencerait sa campagne comme il avait achevé la précédente. Avec le même système et la même animation, dans ce 4-4-2 losange qui a cassé la fameuse BBC dans les grands combats de Ligue des champions en 2017. De l'eau a coulé sous les ponts, pourtant, et les certitudes du Real se sont effritées au gré des difficultés rencontrées comme la suspension et la méforme de Cristiano Ronaldo.

Il y avait une routine à casser, et c'est ce que Zinédine Zidane a fait. Pour redresser la barre pendant l'hiver, l'entraîneur du Real a fait éclater son diamant pour proposer d'autres schémas. Il est revenu à la BBC, parfois, avec un succès certain. Et il a proposé ce 4-4-2 à plat, alternative bien distincte du losange, pour densifier son milieu et réduire les espaces quand son équipe perdait en maîtrise. Tout changement comporte une part de risque, pourtant. Mais au lieu de se perdre, son Real est devenu plus flexible que jamais. Le Paris Saint-Germain d'Unai Emery peut le confirmer. 

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Alternatives : les trois systèmes utilisés par Zinédine Zidane cette saison.

Il n'y a pas que dans la conception de l'équipe que Zinédine Zidane s'est mouillé. Dans sa gestion, aussi, le Français n'a jamais subi. Imposer une rotation à Cristiano Ronaldo la saison passée était une chose. Le refaire cette année découlait de la logique, pas de la facilité. Évidemment, le temps n'est pas l'allié de CR7, mais il ne faut pas oublier que l'animal a dû patienter comme un lion en cage jusqu'au mois d'octobre pour voir ses stats décoller. Ses passages sur le banc l'empêchaient de regagner un peu de terrain sur Messi et les autres. Or, le constat, c'est que Ronaldo a rebondi, comme toujours, mais aussi et surtout qu'il a changé son approche, de ses propres dires. Et Zidane n'y est pas étranger.

Pour le reste du groupe, l'entraîneur du Real s'est attelé à garder la confiance de tous ses joueurs sans faire passer la notion de mérite au second plan. Gareth Bale, par exemple, a parfois contemplé les progrès des jeunes Marco Asensio et Lucas Vazquez depuis le banc de touche, tout Gareth Bale qu'il est. Préféré à Benzema contre la Juventus à Bernabeu, le Gallois n'avait d'ailleurs pas donné tort à son entraîneur en rendant une copie très moyenne. En résumé, Zidane ne se met pas de barrière. Une cohérence qui se retrouve dans son coaching, réactif et souvent gagnant. 

En dehors du terrain : une communication plus tranchée 

Il n'y a pas que sur le terrain que l'entraîneur du Real Madrid a pu adopter des positions tranchées. Dans sa communication, Zidane a su faire passer quelques messages forts quand le débat l'appelait. Ses conférences de presse sont toujours restées sobres et sans vagues pour la matière sportive. Jamais un mot plus haut que l'autre pour un adversaire du lendemain, un joueur qu'il ne dirige pas (Neymar), le travail ou la philosophie d'un entraîneur. Mais l'ancien numéro 10 des Bleus a aussi su hausser le ton pour assumer ses avis. Les exemples sont nombreux, le plus récent étant peut-être le plus flagrant. 

Interrogé sur les critiques qui faisaient suite au penalty décisif accordé au Real dans les arrêts de jeu contre la Juve (3-1), Zidane avait été direct. Et offensif. "Je suis indigné", avait-il tonné en français dans le texte. "C'est une honte quand on parle de vol. C'est ce qui me déçoit. Je suis très déçu, très remonté, par ce qui se dit. Pas juste sur le penalty. On peut dire qu'il y a penalty ou non, chacun son interprétation. L'arbitre a décidé qu'il y avait penalty. Pour moi, il y avait penalty. Pour d'autres, il n'y avait pas penalty. Mais tout ce qu’on peut dire derrière, qu’on n’a qu’à nous donner la Ligue des champions au mois de septembre, qu’on n’a qu’à faire ceci ou cela… Mais voyons, il faut arrêter ! Ce n’est pas normal qu’on puisse donner une tribune à des gens qui disent des choses pareilles. Nous, on bosse, on travaille. On fait tout ça pour essayer d’être prêt, d’être bon. Quand on a dit qu’on a volé (la qualification, ndlr), je ne le supporte pas".

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D'autres thèmes ont pu inciter l'entraîneur français à montrer un peu plus ses sentiments. Après la bataille contre le PSG, Zinédine Zidane avait expliqué sa vision des choses, dans un élan de sincérité. "Là aujourd'hui je suis un meilleur tacticien qu'Emery ? Quelle connerie, en fait, quelle connerie... Pour moi c'est ça la plus grosse bêtise. Mais bon, il faut accepter parce que peut-être dans quelques semaines, on dira que moi je suis idiot et que l'autre entraîneur, comme il a gagné le match, il est meilleur, et compagnie. Voilà, c'est la règle du jeu, en même temps. C'est pour ça que je ne regarde pas (les critiques), je regarde ce que je fais moi, la passion que j'y mets, le travail que j'y mets". Un exemple parmi d'autres, comme son désir catégorique de ne pas changer de gardien en pleine saison, ou sa confiance répétée en public à Karim Benzema.

Au final, le film de cette saison aura été le sien. Il l'aura écrit, du début à la fin. Avec ses convictions, ses inspirations, ses réflexions, ses joies et ses colères. Parce qu'il a fait corps avec elle, sûrement, son équipe lui ressemble beaucoup. Plus que jamais. Une fois encore, il ne lui manque plus qu'à aller au bout.

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