Moussa Saib AlgeriaGetty

Moussa Saib sur le futur sélectionneur de l’Algérie : "Il faut un coach jeune"

Moussa Saib s’est éloigné de la scène footballistique depuis sa dernière expérience comme coach, à la JS Kabylie en 2013/2014. Mais, il reste un grand passionné du ballon rond et demeure ainsi au fait de l’actualité. En particulier celle qui concerne la sélection de l’Algérie, avec laquelle il a totalisé 73 capes. L’ancien auxerrois a suivi les résultats des Verts à la dernière CAN. Et aujourd’hui, il est attentif aux débats qui concernent le nouveau sélectionneur. Il a même un avis sur le sujet qu’il a partagé à GOAL.

GOAL : Quel serait selon vous le profil idéal du futur entraineur de l'Algérie ?

Le profil idéal ? On part du principe que le football n’a jamais été une science exacte. Même en ramenant le plus grand entraineur, il peut gagner ou passer à côté. Et vice-versa. Moi, mon idée et à mon humble avis, il faut faire un staff élargi composé d’anciens joueurs et qui ont joué en professionnel. Et qui connaissent la mentalité de nos joueurs locaux. Ou un peu des deux. Là, la majorité des joueurs qui composent la sélection sont issus de l’immigration. Il faudrait quelqu’un qui a le contact facile avec cette jeunesse.

Et des anciens de la sélection dans le staff, ça peut aider aussi non ?

C’est surtout qu’on a une équipe jeune et tout le monde rajeunit son staff en ce moment. Je préfère avoir un sélectionneur jeune pour qu’il soit dans le moule.

Est-ce qu’une connaissance de l'Afrique est un critère indispensable ?

Je ne crois pas. La réalité, c’est le terrain. Comment tu vas les faire jouer. Le plus dur c’est de faire jouer les joueurs ensemble. Comment tu vas trouver la solution. Les compétitions internationales, elles ont les mêmes spécificités, le même barème. Ce sont des matches de poule et élimination directe. Ayant entrainé en Afrique ou pas, personnellement je ne vois pas de différence. Le football, il est universel. En sélection, par exemple, il y a des joueurs qui n’ont jamais joué en Afrique. Farès Chaibi pour le tout premier match de sa carrière en CAN, il est élu homme du match.

"Un coach, s'il est accepté par les joueurs, il est sauvé"

Avec la sélection algérienne, et comme vous l’avez un peu fait remarquer, il n'y a pas vraiment de vérité, tu peux faire venir un grand nom et il peut échouer, et à contrario un Nasser Sandjak qui n'a pas d'expérience dans le foot du haut niveau et qui peut te réaliser une CAN correcte (CAN 2000). Pensez-vous qu'il y a une recette particulière liée à ce rôle, peut-être l'aspect humain ?

Exactement. Si tu es accepté par les joueurs, tu es sauvé. Je pars toujours du principe que ce sont les joueurs qui font l’entraineur. Ce sont eux qui sont sur le terrain. C’est eux qui peuvent t’agrandir ou pas, que tu puisses réussir ou pas. Se détacher par rapport aux autres ou pas.

Etes-vous d’avis qu’il faut miser sur un coach local ? Ou qu’un entraineur algérien, ayant exercé en L1 algérienne, ne serait pas forcément moins bon que celui qu’on fait venir de l’étranger ? Je pense aussi à Madjid Bougherra, même s’il a fait ses diplômes au Qatar.

Vous l’avez bien précisé tout à l’heure, c’est le contact humain qui est important. Quand tu ramènes quelqu’un qui n’a pas le contact avec les joueurs, ça ne passera jamais. Oui, Madjid ou quelqu’un d’autre. Pourquoi pas ? Et ce n’est pas parce que t’es bourré de diplômes que tu vas réussir et vice-versa. Il y a des entraineurs qui ont commencé leur expérience en CAN et qui font de bons résultats. Il y a aussi le cas de Hugo Broos, qui n’a pas réussi à la JSK et qui, là, est en demi-finale de CAN. En plus, entre parenthèses, et si je suis superstitieux, je peux vous rappeler qu’on a deux CAN et les deux ont été remportées par des Algériens. Je dis ça, comme ça.

Et vous, par exemple, avec votre expérience de coach, seriez-vous tenté par ce poste de sélectionneur de l’Algérie ?

Moi, ça fait longtemps que je me suis éloigné des terrains. Pour être sélectionneur ou être dans le staff, non, je ne crois pas. Ce n’est pas dans mes prérogatives.

Si on parle de nouveau sélectionneur, c’est parce que Belmadi n’est plus là, comment évaluez-vous son passage à la tête de la sélection. Le bilan est-il positif, moyen ou négatif ? Si on doit faire un audit.

S’il y a un audit, ce n’est pas à nous, simple spectateurs ou téléspectateurs de le faire. Ça sera à Djamel de le faire. Ou aux gens qui sont en place. Ce n’est pas notre rôle. C’est à la DTN de dire ce qui a marché ou ce qui n’a pas marché. Pourquoi on a échoué, etc... Moi, je ne peux pas juger. C’est un collègue, on a joué ensemble. Je n’aime pas parler ainsi. C’est aux gens qui sont en place de prendre leurs responsabilités et de rendre des comptes.

Djamel Belmadi Algeria AFCON 2023Getty

"Belmadi aurait dû régénérer l'effectif en 2022"

Pensez-vous que le renouveau de la sélection passe uniquement par un changement de coach ou y a-t-il d'autres domaines où on doit absolument progresser ?

C’est un tout, je dirais. Il n’y a pas qu’une personne qu’on va changer et tout va se régler. Mais c’est le football, malheureusement. Quand ça ne marche pas, le fusible c’est l’entraineur. Il faut bien étudier. Il y a des joueurs qui sont en fin de cycle, et qui n’ont plus trop envie d’avancer ensemble. Il faut donner la chance aux gens qui ont faim, de prouver quelque chose. Qu'il y ait du sang neuf.

Régénérer l’effectif, en gros...

Exactement. De toute façon, je l’avais dit après l’échec contre le Cameroun en éliminatoires du Mondial. Que c’était le moment de tout changer. Je ne parle pas du coach, mais des joueurs. Il fallait du sang neuf afin de préparer l’équipe pour 2026. C’est le seul truc qu’il n’a pas fait et qu’il aurait dû faire. Après, c’est lui qui est en place et qui sait ce qui était bien et ce qui n’était pas bien. Nous, c’est juste des points vu qu’on donne.

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