Blaise Matuidi et Presnel Kimpembe ont des tas de souvenirs en commun. Champions du monde en 2018 avec l'équipe de France, les deux hommes ont aussi partagé de grands moments au Paris Saint-Germain. Proches sur le terrain comme en dehors, les deux membres du Team Orange se sont livrés à une interview croisée dans laquelle l'un présente sa nouvelle vie à Miami et l’autre revient sur des moments forts de sa saison avec le PSG. Un échange bon enfant et avec le sourire, comme souvent avec ces deux-là, à retrouver en exclusivité pour Goal.
BLAISE MATUIDI : « Je reste Parisien dans le cœur »
À 33 ans, Matuidi est parti à la conquête des Etats-Unis. Recruté par l'Inter Miami il y a quelques mois, il raconte sa nouvelle vie après trois saisons à la Juventus : "Bah écoute, ça va. La famille se sent vraiment bien. Ils se sont vite adaptés, il y a le soleil, voilà, la belle vie. C'est le rêve américain comme on dit. Au niveau du football, c'est la MLS. Ce n'est pas forcément le championnat européen. Après il y a des bons petits jeunes honnêtement. Des fois je leur dis 'Oh calmez vous !'. Quand tu ne connais pas les joueurs, que tu ne les as pas vu en vidéo... Ils sont vifs. Mais c'est pas mal, il y a quand même un bon niveau. Il y a un travail tactique à faire. C'est la grosse différence avec l'Europe."
L'international français (84 sélections) a vécu de grandes choses au PSG entre 2011 et 2017. Arrivé de Saint-Etienne, il a remporté cinq fois la Ligue 1, trois Coupes de France, quatre Coupes de la Ligue et trois Trophées des champions. Sous l'ère Laurent Blanc, il épaulait Thiago Motta et Marco Verratti au milieu. Des souvenirs qu'il garde en tête avec une certaine nostalgie. "Les ambiances avec mon gars Presko. Quand on était ensemble, on faisait des petits trucs, c'était bien, raconte-t-il à son ex-coéquipier, à propos de ses années parisiennes. Plus sérieusement, la famille, les amis proches, des personnes comme toi dans le vestiaire et en dehors. Ce sont ces choses-là qui peuvent manquer de temps en temps. Mais je reste un Parisien dans le cœur. À chaque fois que je suis amené à rentrer à Paris, je retrouve la famille, c'est important aussi. Comme on dit, dans la vie il faut prendre son envol. Moi, je l'ai pris, c'était le bon moment pour moi de changer de continent, de découvrir autre chose et je pense que ça me servira pour l'avenir."
PRESNEL KIMPEMBE : « Basaksehir ? On a dit non ! Il fallait marquer le coup »
Même à l'autre bout du monde, Blaise Matuidi garde un œil attentif sur les performances du PSG. Il se dit impressionné par la progression de Presnel Kimpembe. "Franchement, t'as franchi un gros, gros cap. Pour moi, ça y est t'es parti, rien ne peut t'arrêter... et franchement c'est beau à voir." Il se remémore le tacle salvateur de son ami contre Lille le 20 décembre dernier. Ce jour-là, Kimpembe, blessé, est allé au bout de lui-même pour stopper l'attaquant Burak Yilmaz. Un geste qu'il peine encore à expliquer : "Franchement, jusqu'à maintenant même quand on me demande je ne saurais pas expliquer ce qui s'est passé. Pendant l'action, quand ils font la contre-attaque, je recule et quand je fais mon sprint je sens la décharge dans l'ischio, le coup de couteau. Habituellement tu t'arrêtes, mais je ne sais pas d'où j'ai sorti la force de sprinter. Je crois que j'avais trop d'adrénaline. Je devais avoir de la caféine dans le sang je ne sais pas... J'ai continué à courir, j'ai fait le tacle et au moment où j'ai taclé j'ai ressenti une deuxième décharge. C'était comme si je m'étais fait deux lésions dans l'ischio. [...] Là, j'ai donné mon corps à la science. J'ai dit 'c'est cadeau, il faut prendre [rires]".
C'est devant sa télévision que Matuidi a pris connaissance des tristes événements ayant agité le match du PSG contre Basaksehir. "Un moment important pour le monde du football" où deux équipes ont décidé ensemble de quitter le terrain à la suite des propos racistes tenus envers Pierre Webo, l'un des adjoints de l'équipe turque. "Chapeau à vous, aux deux équipes. C'est quelque chose qui doit rester dans la tête, souligne Matuidi. On est des exemples et je pense que c'était le meilleur exemple. Ce sont des choses qui ne doivent pas arriver dans le football et vous avez lancé un réel signal. Même les grandes instances aujourd'hui ont conscience que ce sont des choses qu'on ne peut pas voir dans le monde du football et même dans la vie. Il y a eu tellement d'épisodes, tellement de situations qu'on a laissé passer... Là, c'est le moment de dire vraiment stop. [...] Je l'ai vécu aussi en Italie et j'aurais aimé qu'une situation pareille puisse arriver pour nous. Ça n'a pas été le cas mais c'est pour ça que je vous dis bravo."
PSG-Basaksehir : récit d'une soirée à la fois triste et symbolique
Kimpembe se remémore ainsi cet événement survenu début décembre au Parc des Princes : "Je ne comprenais pas ce qui se passait au départ. Je savais juste qu'il y avait attroupement. [...] On était dans le truc Ligue des champions, il fallait qu'on gagne et sur le coup tu ne sais pas ce qui se passe. Mais quand tu t'approches, c'est là où tu commences à comprendre, on demande et on voit Demba Ba qui descend. Même en parlant anglais, on a tous compris ce qu'il a dit. Et ça, c'était marquant de fou parce que tout le monde était là. Il a parlé face à face avec l'arbitre, il a tout lâché ! Tu commences à comprendre ce qui se passe. Même les arbitres, tu sens qu'ils se sentent faibles un peu, ils sont impuissants parce qu'ils savaient que c'était aussi la vérité. Après nous les joueurs, on est les acteurs donc en gros c'est nous qui décidons aussi. Quand on a su ce qui s'était vraiment passé, on a tous décidé de sortir, que ce soit nous Paris, ou les Turcs. On a dit 'non' ! Les gars, c'est maintenant. Si on peut taper du poing sur la table, c'est le moment de le faire. Il fallait marquer le coup."
"C'est sorti naturellement, reprend le vice-capitaine du PSG. Tous les joueurs l'ont compris. Une fois qu'on était au vestiaire, on a dit les gars si on doit retourner sur le terrain c'est tous ensemble. S'il y en a un qui ne veut pas retourner sur le terrain on n'y retourne pas ! C'était clair pour tout le monde. Tout le monde a dit 'non, on n'y va pas !' Après on a parlé avec les joueurs de Basaksehir et ils étaient du même avis. Psychologiquement ça fait mal, tu prends un coup. Tu n'es plus concentré pour jouer un match de foot, tu penses à autre chose. Même si on reprenait cinq minutes après, ça allait être difficile. On a décidé de ne pas jouer et je pense que c'était la meilleure solution."
Catch-up est un contenu proposé par Orange qui plonge les spectateurs dans un échange « OFF » entre 2 joueurs du Team Orange : Blaise Matuidi & Presnel Kimpembe.
