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Mata, symbole du côté solidaire du football

L'image du footballeur aux yeux du grand public n'est pas, en général, des plus reluisantes. Souvent considéré comme un être vénal, égocentrique et individualiste, le joueur de football ne correspond pas toujours à l'image qu'il peut renvoyer dans un contexte sportif. Champion du Monde, d'Europe et vainqueur de la Ligue des champions avec Chelsea, Juan Mata, international espagnol, est une personne différente. 

Depuis cet été, le natif de Burgos a entrepris une initiative louable. Juan Mata reverse 1 % de ses gains au projet Common Goal, une fondation qui regroupe des œuvres de charité et dont il est le fondateur. "C'est un petit geste qui, s'il est partagé par tous, peut changer le monde", a expliqué le joueur dans un texte publié sur The Players' Tribune. Ainsi, le milieu de terrain a tenté d'expliquer les bienfaits de ce projet à plusieurs de ses coéquipiers à Manchester United comme à certains de ses collègues de profession. Parmi les noms les plus connus, on retrouve des éléments du calibre de Mats Hummels (Bayern Munich) ou encore Giorgio Chiellini (Juventus Turin). Récompensé du titre d'entraîneur de l'année en Allemagne, Julian Nagelsmann (Hoffenheim) est lui aussi de la partie, au même titre que des joueuses comme Alex Morgan (Orlando Pride) ou Verónica Boquete (PSG).

Si la liste n'est pas exhaustive, Mata est ardemment convaincu que le football peut toucher une cible très importante de personnes et exercer un rôle social : "L'une des premières leçons que j'ai apprises dans le football est qu'il faut une équipe pour réaliser vos rêves. Nous vivons par ce mantra sur le terrain, pourtant nous ne le voyons pas assez dans l'espace social. L'objectif commun est de créer un moyen de collaboration au football pour le redonner à la société. C'est la manière la plus efficace et la plus durable afin que le football puisse avoir un impact social à long terme à l'échelle mondiale. Le football a le pouvoir de le faire, mais nous devons agir ensemble", a analysé le joueur, toujours pour The Players' Tribune.

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Une action qui peut avoir un impact social

Dans un entretien accordé à L'Equipe Magazine le 20 octobre dernier, Mata avait mis en exergue l'idée du projet Common Goal. Celle-ci avait germé après des conversations avec Jürgen Griesbeck, fondateur de Street Football World, partageant la même sensibilité à propos du foobtall, et un voyage en Inde (Mumbai) qui a eu un impact majeur sur le joueur. "Ça a été un choc. Vraiment. D'abord, de voir des situations économiques aussi extrêmes, si proches géographiquement : tu peux trouver à quelques mètres de distance un hôtel de luxe et des bidonvilles. J'ai aussi rencontré des gens qui avaient à peine de quoi vivre, mais étaient très riches spirituellement et mentalement, avec une capacité incroyable pour profiter de ce qu'ils ont sans se concentrer sur les choses matérielles. Si j'ai vu des gens qui vivaient dans des conditions très précaires, j'ai aussi constaté qu'il existe des personnes qui aident, dont l'action a un véritable impact", a jugé Mata.

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Pourvu d'une personnalité singulière dans le milieu, Juan Mata possède plusieurs centres d'intérêt hors du terrain. De la lecture des œuvres de Murakami ou Bukowski, en passant par un goût prononcé au niveau musical (The Strokes, Radiohead, Pixies), il consacre une partie de son temps à l'écriture par le biais de son blog sur lequel il livre certains de ses sentiments après ou avant les rencontres. Cela ne l'empêche pas de conserver un regard lucide sur le statut du football comme il l'a expliqué dans un entretien à El Mundo, en octobre 2015 : "La reconnaissance mondiale que le football a peut être disproportionnée. Regardez, savez-vous ce qui m'est arrivé ? Ils nous ont donné le prix Princesse des Asturies (récompensant des travaux d'envergure internationale dans huit catégories dont le sport avec la sélection espagnole sacrée en 2010, ndlr). Nous étions dans une salle avec tous les gagnants ... et les autres gagnants nous ont demandé des autographes ! Cela ne me convenait pas. Les gens de Manos Unidas, ou ceux de la National Transplant Organization nous ont demandé des autographes. Je ne le comprends pas."

"Nous avons tellement d'opportunités simplement parce que nous jouons à un jeu pour enfants. Nous sommes tellement chanceux de vivre un rêve. Rassemblons-nous et aidons les enfants de partout à expérimenter la même lumière et la même joie. Ce faisant, nous pouvons montrer à l'industrie du football au sens large que Common Goal doit se réaliser et que cela se produira, parce que c'est juste", a conclu Mata dans son texte pour The Players' Tribune. Décédé le 5 décembre 2013 à l'âge de 95 ans, Nelson Mandela avait une grande estime pour le football. "Le sport a le pouvoir de changer le monde. Il a le pouvoir d’unir les gens d’une manière quasi-unique. Le sport peut créer de l’espoir là où il n’y avait que du désespoir", disait-t-il. Avec son initiative de Common Goal, Juan Mata pourrait bien apporter une résonance plus ample encore à ces mots.

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