Pep Guardiola Ederson Manchester CityGetty Images

Le temps et la croyance en la méthode, les clés de la progression de Manchester City

Le 10 décembre 2016, Manchester City subissait un revers impactant face au Leicester de Claudio Ranieri (4-2), exposant les nombreuses lacunes des Citizens à l'époque. Samedi, contre ce même opposant, le City deuxième version de Pep Guardiola a su s'imposer au King Power Stadium (2-0). En conférence de presse, le technicien espagnol est revenu sur la métamorphose de son équipe en expliquant les facteurs clés de la progression observée depuis. "Tu concèdes les contre-attaques quand tu rates des passes faciles, des passes simples, quand les joueurs veulent faire des choses créatives qui ne sont pas nécessaires et que tu n'es pas bien organisé quand tu perds ces ballons. Aujourd'hui (samedi, ndlr) ce n'est pas arrivé car on a joué plus simplement que la saison passée, notre jeu est plus rapide car on joue simple pas parce que bien sûr on est rapides devant, mais on joue simple. Chaque joueur joue en une ou deux touches, pas plus que ça. On s'organise à travers le ballon. On joue avec le ballon ensemble et quand cela arrive notre transition est plus rapide. Quand tu joues des longs ballons et que tu ne gagnes pas les seconds ballons, c'est une contre-attaque. C'est un processus. Parfois tu as besoin de temps, plus ou moins. La saison dernière, on a eu besoin de plus de temps pour réaliser cela. On se connaît mieux car on est longtemps ensemble, ils croient en ce que l'on fait, tout le staff croit en ce qu'il peut faire et c'est pourquoi on est une équipe plus solide en termes de clean sheets, buts encaissés, nombre de chances créées.. On est une équipe plus stable."

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Dans n'importe quel domaine, le processus d'apprentissage requiert des erreurs afin d'apprendre puis les corriger par la suite. Individuellement, des joueurs comme John Stones ou Nicolas Otamendi ont su, pour ne citer qu'eux, effectuer des progrès notables dans l'anticipation, la relance ou la lecture globale du jeu. Plus largement, le temps a su faire son oeuvre en permettant à l'effectif de mieux connaître les principes enseignés par Guardiola, lui-même ayant dans l'autre sens une connaissance plus profonde de son groupe. Considéré par beaucoup comme le meilleur joueur de Premier League actuellement, Kevin De Bruyne a synthétisé son ressenti au sujet de l'amélioration des Citizens, mettant en exergue l'impact psychologique dans les esprits des joueurs : "Guardiola nous a donné la confiance nécessaire pour croire qu’on peut battre n’importe qui. L’année dernière, il y avait des matches où nous pouvions être meilleurs mais nous n’étions pas assez tueurs. Cette année, même aujourd’hui, nous pouvons être plus tueurs. Nous marquons plus de buts et je pense que c’est la principale différence par rapport à l’année dernière."

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Pep Guardiola Ederson Manchester CityGetty Images

La bonne saison afin de triompher en Ligue des champions ? 

La dynamique de résultats connue par Manchester City, encore invaincu, et l'assimilation des concepts engendre également un constat très important : l'équipe défend mieux. Guardiola a reconnu que ses équipes étaient toujours celles qui encaissaient le moins de buts à l'exception de la saison dernière lors de laquelle Manchester City a dû chercher le ballon au fond de ses filets à 39 reprises en 38 matches de Premier League. La responsabilité autour des défenseurs, plus exposés que dans certains autres contextes, est pourtant importante. L'entraîneur, les joueurs, et le contexte du temps ont su générer une synergie qui se traduit non seulement en un jeu brillant mais également en une fiabilité défensive de premier ordre, même s'il faudra l'évaluer face à des attaques plus rôdées que celles qu'elle a dû affronter jusqu'ici. C'est sans doute, pour le moment, la perspective d'espoir de Manchester City dans l'optique d'une progression sur le plan européen : la Ligue des champions paraît bien plus ouverte cette saison. Les formes irrégulières du Real Madrid, du Barça ou du Bayern Munich, habituels abonnés aux derniers tours de la compétition, ne sont plus les mêmes. Le club merengue, double tenant du titre, ne parvient pas à produire un football générateur d'occasions et voit certains référents clés à un niveau moindre, Cristiano Ronaldo, Karim Benzema, et Toni Kroos en tête. Le Barça, pour sa part, est constitué d'une colonne vertebrale fiable avec un trio Ter Stegen-Umtiti-Messi mais, collectivement, l'impression dégagée, n'est pas la plus optimale possible. Quant au Bayern Munich, il doit composer avec un socle qui se base sur certains joueurs relativement âgés et sa compétitivité pourrait en pâtir. 

Maurizio Sarri  et Claude Puel, coaches de Naples et Leicester, estiment que Manchester City est actuellement la meilleure équipe d'Europe. De quoi pouvoir envisager un éventuel statut de favori en Ligue des champions ? Pour Guardiola, l'histoire, l'ADN d'un club pèse au moment de se sonder sur la question et, à l'instant T, il a réfuté le rang attribué à son équipe. "Je dis merci beaucoup à tous les deux", a déclaré Guardiola en conférence de presse d'avant-match. "Pour Manchester City, une équipe qui a encore besoin d'une histoire en Europe, c'est une grande victoire. Cela ne veut pas dire que nous sommes favoris pour remporter la Champions League, mais c'est bien, cela signifie que nous faisons très bien certaines choses. Mais évidemment, on dit généralement que les équipes favorites sont le FC Barcelone, le Bayern Munich, le Real Madrid et d'autres, mais que les gens nous y mettent, c'est un grand honneur, cela ne veut pas dire que nous avons fait quoi que ce soit." Au cours d'une saison, les équipes possèdent des pics de compétitivité distincts mais actuellement Manchester City transmet une sensation permanente de danger et dispose d'une croyance ferme en ses capacités. La croyance en la méthode Guardiola et le temps ont fait leur oeuvre.

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