Philippe Coutinho BarcelonaGetty Images

La flambée des prix a aussi touché le mercato d'hiver

Il y a quelques semaines, Jean-Pierre Bernès a poussé un cri d'alarme dans les colonnes de France Football. Son écho est un peu plus fort aujourd'hui, au lendemain de la clôture du mercato d'hiver : "le marché est totalement déréglé" . La fête s'est terminée sur les coups de minuit mercredi, mais elle a effectivement fait beaucoup de bruit. Du jamais vu au cœur de l'hiver.

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L'Europe éclispe à nouveau la Chine

Il y a plusieurs enseignements forts à tirer de ce mois de janvier 2018. Le premier saute aux yeux comme la vitrine alléchante d'une boutique de luxe : avec 5 transferts à plus de 60 millions d'euros (par ordre chronologique Diego Costa à l'Atlético Madrid, Van Dijk à Liverpool, Coutinho au FC Barcelone, Laporte à Manchester City et Aubameyang à Arsenal), le mercato d'hiver a été une période de gros coups. Historiquement, les clubs européens ont souvent perçu cette période comme une phase de rattrapage, un mercato d'appoint pour combler les manques de leurs effectifs à mi-saison. 

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La donne a commencé à changer la saison passée, où les clubs chinois avaient fait une incursion très remarquée pour arracher des joueurs assez jeunes (fait nouveau) au nez et à la barbe de leurs concurrents européens. On se souvient par exemple d'Axel Witsel, l'international belge qui a refusé la Juventus pour s'exiler au Tianjin Quanjian. Outre Witsel, Oscar, Ighalo ou Pato avaient figuré dans le top 10 des transferts les plus onéreux de l'année passée. Cet hiver, le Français Cédric Bakambu, transféré à 26 ans de Villarreal au Beijing Guoan pour 40 millions d'euros (!) est le seul à avoir confirmé cette tendance.

L'Angleterre et les nouveaux riches déclenchent tout

L'Europe est revenue au premier plan. Et l'Europe, c'est aussi et surtout l'Angleterre. Avec les ressources faramineuses de ses droits télé, la Premier League fait la pluie et le beau temps depuis un moment. L'Angleterre dans son ensemble (c'est important de le préciser) dégaîne, toujours prête à déclencher, même si elle est coincée dans une guerre puissante entre les dinosaures et les nouveaux riches du continent. L'été dernier s'était déroulé sur ce ton-là, marqué par les transferts de Neymar et Kylian Mbappé au PSG qui sont devenus les deux opérations les plus chères de l'histoire. Le FC Barcelone, qui avait une réponse à donner, a donc recruté Philippe Coutinho pour 160 millions d'euros (bonus compris). Le petit Brésilien est l'opération la plus coûteuse de l'hiver, mais avec Van Dijk à Liverpool (84M€), Laporte à Manchester City (65M€) et Aubameyang à Arsenal (63M€), trois autres transferts du top 5 ont eu lieu de l'autre côté de la Manche.

Il est intéressant de noter que deux de ces trois coups concernent des défenseurs. Les prix pour ce poste atteignent aujourd'hui les tarifs d'hier pour les joueurs les plus prisés (buteurs, dribbleurs, créateurs...). Alors le transfert de l'élégant Van Dijk a fait débat, forcément, et il a fallu une très belle copie du Néerlandais dès son premier match pour que la pilule passe un peu mieux. Autre preuve de la toute-puissance du Royaume, 5 clubs suivent le Barça dans le classement des 6 clubs les plus dépensiers du mois de janvier : Liverpool, Manchester City, Arsenal (enfin très actif), Chelsea et Everton - comme l'été dernier. Tottenham pointe aussi à la neuvième place.

Le dernier aspect à souligner, c'est que l'hiver est aujourd'hui une suite parfaite aux feuilletons de l'été, comme le chapitre d'après. Et cette flambée des prix en est à l'origine. Elle ne freine plus les clubs après une premier échec. C'est une aubaine pour les joueurs, qui peuvent forcer leur départ après avoir annoncé la couleur six mois plus tôt. Ainsi, les plus gros transferts de l'hiver ont tous concerné des joueurs en conflit (ouvert ou latent) avec leur club. De mercato d'appoint pour les clubs, le marché de janvier est donc devenu une échappatoire pour les joueurs. Une folie à tous les étages qui ne fait que commencer.

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