Il n'existe pas de remède miracle, seulement des formules qui peuvent ponctuellement traiter le mal. Car si Lionel Messi est une bénédiction pour son équipe, il peut bien rendre malade tous ses adversaires. " Dans l'absolu, l'idéal est de le neutraliser même s'il peut faire une étincelle avec peu de choses ", expliquait Didier Deschamps en conférence de presse vendredi. Un plan anti-Messi est un bien grand mot mais nous allons essayer de limiter son influence selon les zones où il se trouve ". Rideau. Durant toute la demi-heure passée devant la presse, le sélectionneur ne lâchera rien de plus quant à son intention pour cadenasser le quintuple Ballon d'Or. La séance d'entraînement à huis clos, quelques minutes plus tard, ne donnera pas plus d'indications. Les Bleus auront-ils regardé le match des Croates, venus à bout de l'Argentine en poules (3-0) en guise d'inspiration ? Ce que les coéquipiers de Luka Modric avaient réalisé vaut bien un petit coup d'oeil.
Couper les circuits de passes qui mènent à lui
Plus encore qu'à Barcelone où il est mieux entouré, Lionel Messi est un point de référence dans le jeu de l'Argentine. Après le match presque parfait de la Croatie contre l'Albiceleste, Ivan Rakitic a dévoilé une partie essentielle du plan mis à exécution pour museler son coéquipier blaugrana. "On a coupé tous les circuits de passe vers Messi ", expliquait-il à l'issue de la rencontre. S'attaquer au problème Messi supposerait donc un quadrillage sur mesure dans son périmètre d'action avec trois ou quatre joueurs regroupés pour boucher les angles de passes entre lui et le porteur du ballon.
Situation de relance. Otamendi ne peut pas trouver Messi. Il allonge vers Salvio, qui perd le ballon.
Situation de relance. Mascherano ne peut pas trouver Messi. Rakitic organise encore en bouchant la ligne de passe pour former un triangle avec deux coéquipiers. Mascherano est contraint de relancer sur sa gauche.
Situation de relance. Messi est encore esseulé au milieu derrière un triangle formé par trois joueurs croates. Otamendi ne peut pas le trouver et repasse par Mascherano à ses côtés.
Attaque placée. Sur son contrôle, Enzo Perez regarde immédiatement où se situe Messi. L'angle de passe est bloqué. Enzo Perez est contraint de jouer court sur son latéral droit.
L'empêcher de se retourner et d'accélérer
Tout le monde a en tête une des actions magiques de Lionel Messi, de la prise de balle à l'accélération dans le sens du jeu et parfois même jusque devant les buts adverses. Les circuits préférentiels de La Pulga sont identifiés, qu'il utilise un point d'appui en une-deux ou qu'il régale seul par d'invraisemblables conduites de balles et dribbles courts. Comment l'en priver ? En empêchant le premier mouvement ; celui qui lui permet de se mettre dans le sens du jeu et de s'ouvrir un panel de solutions que lui seul peut interprété en une fraction de seconde. " Dans le jeu, ses contrôles de balle sont impressionnants. Il a une touche technique qu'aucun autre joueur n'a ", témoignait son partenaire au Barça Samuel Umtiti. Pour limiter les risques, les Croates avaient le plus souvent opté pour une prise à deux, avec un joueur tenu au marquage individuel puis un autre en seconde lame capable de couvrir un rayon d'action élargi.
Attaque placée. Prise à deux. Otamendi parvient à trouver Lionel Messi dans le trafic, d'une passe appuyée et précise, mais l'Argentin n'est pas face au jeu et ne peut pas se retourner. Brozovic le cerne dès sa prise de balle, et Rakitic reste à une distance très proche. Messi parviendra à garder le ballon mais trouvera un appui en arrière (Enzo Perez).
Continuité de l'action. En ne coulissant pas totalement dans son positionnement, le triangle croate laisse un champ d'ouverture à Mascherano. Messi se rend disponible avec une course parabolique pour recevoir le ballon face au jeu. Avec un marquage peu moins serré, Messi a un peu plus de latitude et peut enclencher une ouverture pour Agüero afin d'exploiter une situation d'attaque rapide.
Attaque placée. Prise à deux. Lionel Messi a eu le temps de prendre un peu de vitesse face au jeu, mais très loin du but. L'étau se resserre très rapidement avec une prise à deux, et un troisième joueur à distance proche sur cette action. Il ne perdra pas le ballon mais renoncera au dribble.
Côté français, Didier Deschamps devrait opter pour la reconduction du onze aligné face au Pérou. " Le Pérou est notre match le plus abouti ", reconnaissait le sélectionneur en conférence de presse. Suffisant pour le considérer comme une référence ? Le positionnement de Blaise Matuidi, à gauche du 4-2-3-1, a le mérite de consolider naturellement le milieu de terrain et enfermerait également Lionel Messi dans un triangle composé du joueur de la Juve, de N'Golo Kanté et de Lucas Hernandez. Le tout dans un seul et même but qui sera évidemment une des principales clés de la rencontre : ligoter le numéro 10 argentin.
Julien Quelen, à Kazan.
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