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EXCLU - L'histoire incroyable de Stephan Schröck : "On a eu peur pour notre vie..."

Stephan Schröck est né en Allemagne, à Schweinfurt exactement, de sang allemand et philippin. Agé aujourd'hui de 32 ans, ce défenseur latéral droit était l'un des espoirs les plus prometteurs du pays aux côtés de joueurs comme Manuel Neuer ou Kevin Prince Boateng. Mais après avoir bourlingué aux quatre coins de l'Allemagne, il a choisi de rejoindre son pays d'origine, à l'autre bout du monde. En janvier dernier, il était capitaine de l'équipe des Philippines pour la première participation de cette nation à la Coupe d'Asie. Buteur contre le Kirghizistan, il restera à jamais le premier Philippin à avoir trouvé le chemin des filets dans une grande compétition internationale. Pour Goal et SPOX, il est revenu sur ses aventures.

Quels souvenirs gardez-vous de vos premiers pas en professionnels en Allemagne ?

Stephan Schröck : Je ne vivais pas vraiment comme un pro, je travaillais beaucoup et je ne me souciais pas de moi. J'ai beaucoup déconné pendant ma jeunesse, je faisais la fête et je trainais trop. Avec le recul, je me dis que j'étais trop gamin pour comprendre ce que ça signifie d’être un footballeur professionnel. C’était difficile pour moi de m'en tenir au terrain.

Vous avez choisi de représenter les Philippines. L'un des faits marquants depuis le début de votre aventure avec l'équipe nationale a été un voyage aux Maldives...

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Aux Maldives, il est tout à fait normal d'aller au stade en bateau. Avant notre premier match de la Coupe d’Asie du Sud-Est (Coupe Suzuki), nous avions un bateau qui était trop petit, nous avons donc dû changer pour un plus grand bateau au milieu de la mer. C'était comme dans un film, on a eu peur pour notre vie ! En cas de tempête ou de foudre, nous aurions pu tomber à l'eau. Les vagues étaient énormes, nous aurions eu aucune chance de nous en sortir. Quand nous sommes finalement arrivés, trois d’entre nous ne pouvaient même plus jouer parce qu’ils avaient tout le temps envie de vomir.

GFX Stephan SchröckGetty Images / Goal

Vous êtes aussi allé en Corée du Nord.

C'était fou. Il n'y avait pas Internet et vous n'aviez aucun contact avec le monde extérieur. À notre arrivée, l'équipe a acheté un pass Internet de 15 minutes à 100$ pour pouvoir communiquer. Nous sommes arrivés dans le stade de Pyongyang deux heures et demie avant le coup d'envoi. Il était déjà rempli avec 50 000 personnes et les spectateurs faisaient des chorégraphies dans les gradins. 

Concrètement, comment se déroule un voyage en Corée du Nord ?

Les premières heures, j'ai trouvé ça vraiment très étrange. Nous étions contrôlés de la tête aux pieds à la frontière et nous avons même dû allumer nos téléphones portables et nos ordinateurs portables et montrer le type de fichiers qu'ils contenaient. C'était très strict, mais les Nord-Coréens étaient tous très amicaux avec nous. Mais dans ces cas-là évidemment, on a peur de faire une erreur ou un faux pas. Sans escorte, nous n'étions autorisés à quitter l'hôtel que dans un rayon de 100 mètres. Lors de nouvelles excursions, nous devions avoir un garde nord-coréen à nos côtés.

Pourquoi avez-vous tout plaqué pour rejoindre les Philippines ?

En 2015, j'évoluais au Greuther Fürth, en deuxième division allemande, mais le club ne m'offrait plus de temps de jeu. J'ai reçu des offres folles en Thaïlande, en Australie et aux Emirats. Je ne savais pas ce qui me convenait le mieux. J’ai parlé de ma situation avec un ami qui joue aux Philippines. Il a ensuite approché les responsables de son club et les a convaincus de me faire une offre. Je savais que c’était seulement pour quatre mois, au début. J'étais sceptique, les conditions d'entrainement de l'équipe nationale n'étaient pas très professionnelles, mais j'ai pris le risque, avec l'option de pouvoir changer après quelques mois. Avec le recul, je ne regrette pas ma décision. C'est un choix qui porte ses fruits.

Propos recueillis par Robin Haack

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