Exilé à Newcastle depuis bientôt trois saisons, le Français s’est progressivement imposé comme le meneur de jeu du nouveau riche de Premier League. Pour Goal, l’ancien Niçois a accepté de se confier sur une carrière faite de hauts et de bas, une équipe de France qu’il espère tutoyer et un style - de jeu et de vie - qui fait sa singularité. Premier chapitre d’un entretien sans filtre en trois volets.
Tu as fait toutes les classes chez les Bleuets. Tu fais partie, depuis bientôt 3 saisons, des cadres d’une grande équipe de Premier League. Qu’est-ce qui manque à Allan Saint-Max pour revêtir la tunique bleue aujourd’hui ?
Il doit certainement manquer beaucoup de choses pour que je ne sois pas encore appelé. On connaît la qualité de l'équipe de France. Il y a des joueurs de très, très haut niveau. On le voit même avec un joueur comme Nkunku qui a vraiment super bien performé, que ce soit en Ligue des champions ou en club, qui a pris quand même pas mal de temps avant d'être appelé. Ça veut dire que le sélectionneur est très exigeant, que ce n'est pas qu'une question de statistiques ou de qualités. Je pense aussi que le coach réfléchit à comment un nouveau joueur va pouvoir s'incorporer dans le groupe et comment il va pouvoir aider l'équipe de France à jouer un meilleur football. Donc je pense que quand j'aurai validé toutes ces cases-là, peut-être que j'aurai la chance d'être enfin sélectionné.
Christopher Nkunku - que tu as connu en U20 - et Jonathan Clauss viennent de connaître à 24 et 29 ans leurs premières sélections sous Deschamps. Quand on voit cela, on se dit que ça se rapproche pour toi, à 25 ans ?
Je sais que tout passe par le travail. En tous les cas, je vais continuer de travailler. Je vais continuer d’être performant et aider mon club. On a déjà fait de très grosses performances et on sait qu'avec ce qui se passe, avec le rachat du club, on va pouvoir vraiment donner aux fans de Newcastle ce qu'ils méritent. Donc je suis vraiment très concentré sur ça. Il faut bien finir la saison et on verra ce qui se passe par la suite.
As-tu déjà eu l’occasion de parler avec Didier Deschamps ou des membres du staff de l’équipe de France ou même des internationaux ?
En toute honnêteté, non, je n'en ai pas encore eu l'occasion mais j'ai énormément de personnes qui me parlent de l'équipe de France à chaque fois, qui me demandent pourquoi je ne suis pas appelé, qui me parlent de mes performances. Là, par exemple, en Premier League, je suis le joueur (français, ndlr) qui a eu le plus de trophées d'homme du match (5). Si je ne suis pas appelé, c'est qu'il y a des raisons et qu'il faut que je continue de travailler tout simplement
"Gagner le Ballon d'Or, c'est un rêve de gosse."
La Coupe du monde 2022, tu y penses ?
Bien sûr, c'est difficile de ne pas y penser. Ça reste un objectif pour tout Français de représenter son pays, de disputer de grandes compétitions comme celle-là. Quand l'équipe de France a gagné la Coupe du monde, c'était quelque chose d'incroyable. En plus, j'ai tous mes amis qui sont là-bas aussi... De les voir aussi joyeux et de les voir performer pour notre pays, ça a vraiment été, même moi qui n'était pas appelé, des sensations fortes. Donc je n'imagine même pas le sentiment qu'ils ont dû ressentir, eux. Après, comme je l'ai dit, dans la vie, on a toujours ce qu'on mérite. Je vais continuer de travailler en espérant que j'aurai la chance d'être appelé un jour.
Getty ImagesTu as confié au Times, en janvier, que tu "rêvais de gagner le Ballon d’or". Beaucoup pourraient assimiler ça à une forme d’arrogance. Tu en dis quoi ?
Quand je parle du Ballon d'Or, c'est un rêve. Je pense que n'importe quel joueur rêve de gagner le Ballon d'Or. C'est un rêve de gosse. C'est sûr que je suis très loin à l'heure actuelle du Ballon d'Or. Mais en termes de qualité, je pense que je suis capable d’y arriver.
Beaucoup de ceux - joueurs, entraîneurs - qui t’ont côtoyé disent que tu as tout d’un grand joueur. Tu as aujourd’hui 25 ans mais pas encore le palmarès d’un grand. Qu’est-ce qui manque à Saint-Maximin pour être le grand joueur que tout le monde a entrevu.
On a tous une façon différente de voir le football. A Newcastle, par exemple, on a un groupe exceptionnel, mais on n'a pas souvent le ballon. On essaye de tout donner pour proposer quand même quelque chose d'intéressant, pour faire en sorte d'être une équipe difficile à battre. Mais on ne va pas se mentir, on n'est pas non plus Barcelone ou Liverpool. Pas encore. Je connais mes qualités, je sais ce que je suis capable de faire. Quand on regarde de plus près, la plupart de mes buts ont été inscrits sur des exploits individuels. Je ne mets pas vraiment des buts où l'on me met des cadeaux et j'ai juste à finir en un contre un face au gardien. Mais toutes les personnes qui s'entraînent avec moi ou qui ont joué avec moi ont vu mes vraies qualités et n'ont pas besoin d'attendre que je sois dans un top club ou que je joue avec de grands joueurs pour savoir que j'ai le niveau de jouer la Ligue des champions ou pour, peut-être un jour, gagner le Ballon d'Or. Moi, par exemple, quand j'ai vu Kylian (Mbappé, à Monaco) pour la première fois, je savais très bien qu'il avait les capacités et le potentiel pour faire tout ce qu'il est en train de faire aujourd'hui et qu'il allait devenir un des meilleurs joueurs du monde si ce n'est le meilleur.