Amandine Henry LyonGetty

EXCLU - Amandine Henry, 8e du Goal 50 : "J'aimerais continuer jusqu'aux JO 2024"

Ces dix dernières années, l'Olympique lyonnais a remporté sept Ligue des champions. Un exploit retentissant porté par des joueuses phares à l'image d'Amandine Henry (31 ans). La milieu internationale française (92 sélections) a gagné six des sept titres des Gones dans la plus grande des compétitions européennes. Elle raconte ses meilleurs moments pour Goal, elle qui vient d'être élue 8e meilleure joueuse du monde dans notre Goal 50.

Mes débuts à l'OL : « On avait déjà le grand nom. Il n'y avait plus qu'à écrire l'histoire »

Que représentait l'Olympique Lyonnais au moment de votre signature en 2007 ? À cette époque, l'équipe masculine enchaînait les titres mais ce n'était pas encore le cas des féminines.

Amandine Henry : L'OL pour moi, c'était le grand club. C'était surtout vrai pour les garçons, mais quand j'ai signé ça faisait déjà un an que les filles étaient passées du FC Lyon à l'Olympique Lyonnais. Ça prouvait l'ambition du club et du président Jean-Michel Aulas. On avait déjà le grand nom. Il n'y avait plus qu'à écrire l'histoire. 

Quel a été le virage selon vous qui a fait passer l'OL dans une autre sphère à l'échelle nationale mais aussi mondiale ?

La première Ligue des champions qu'on a remportée sans aucun doute. C'est ça qui a été le déclic. On a vu ce qu'on pouvait ressentir quand on gagnait un trophée de cette importance. On ne voulait plus le lâcher ensuite.

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Lotta Schelin parlait justement de ce déclic en 2010-2011 lorsque vous avez remporté votre première Ligue des champions. Qu'est-ce que ça a débloqué dans les têtes des joueuses ?

Comme le disait Lotta, ça nous a permis de voir qu'on était capables, qu'on avait rien à envier aux autres, que ça se jouait à des détails et qu'il fallait être présentes le jour J.

L'OL a connu trois saisons sans titre européen entre 2012 et 2016. Que s'est-il passé après la finale perdue en 2013 ?

Je pense qu'on était l'équipe à abattre. Tout le monde se méfiait de nous. Cela faisait plusieurs fois qu'on gagnait ce trophée. Toutes les équipes jouaient à 200% contre nous et malheureusement on a eu un coup de moins bien. C'était un petit passage à vide, mais on s'est vite remis au travail. Le président a investi dans plusieurs joueuses importantes. C'était un tournant pour l'équipe avec un changement de génération aussi.

Lyon Amandine Henry Goal 50 (1:1)Callum Seymour/Goal

Mon départ à Portland : « Une superbe aventure »

Lyon a retrouvé la victoire en C1 en 2016, mais cela s'est fait sans vous puisque vous étiez à Portland. Pour vous, il a fallu attendre 2018. Qu'avez-vous ressenti cette fois-ci ?

Il y avait une saveur particulière car je venais de rentrer à Lyon. Gagner à nouveau avec l'OL, je ne pouvais pas rêver mieux.

Pourquoi avoir décidé de partir à Portland en 2016 ?

J'ai toujours eu envie de découvrir un autre championnat. Jouer à l'étranger, c'est enrichissant pour son football mais aussi au niveau humain. C'était une superbe aventure. Quand Portland s'est intéressé à moi, je n'ai pas hésité dix fois. Les Etats-Unis, c'est la sphère du football féminin. En plus, c'était l'un des plus gros clubs là-bas, c'était difficile d'avoir mieux. J'ai gagné en maturité, en expérience. Le jour où j'arrêterai ma carrière, je pourrais dire que j'ai bien vécu.

Sur le plan du jeu, c'est vraiment différent de ce qu'on retrouve en France ?

Oui, ça n'a rien à voir. L'intensité des matches est complètement différente. Là-bas, c'est comme si tu jouais un match de Ligue des champions tous les week-ends.

Amandine HenryGetty Images

L'aparté PSG : « Même si c'est notre concurrent, je suis reconnaissante envers ce club »

Le PSG vous a accueilli en prêt lorsque vous jouiez à Portland. Avez-vous envisagé de rester plus longtemps là-bas ?

Oui et non. C'est un club qui m'a accueilli lors des deux saisons que j'ai faites aux Etats-Unis parce que je m'étais faite opérer d'une pubalgie au Qatar. C'était très compliqué pour moi de rester six mois sans jouer. J'avais envie de revenir en forme à Portland et même si c'est compliqué d'aller au PSG après avoir joué pour Lyon il y avait l'entraîneur Patrice Lair en qui j'avais 100% confiance. Aujourd'hui, même si c'est le club concurrent de l'OL, je suis reconnaissante envers le PSG. Ils m'ont permis de me remettre sur pied, de retrouver du temps de jeu. J'arrivais dans une équipe jeune où j'ai apporté mon expérience.

Avez-vous l'impression que le PSG se rapproche de plus en plus du niveau de l'OL aujourd'hui ?

Elles travaillent bien c'est sûr. Elles se rapprochent de plus en plus, mais pour l'instant on est encore devant. Ça fait dix ans qu'on joue toutes ensemble et on voit encore la différence. À Lyon, il y a cette culture de la gagne et on ne voudra jamais la lâcher.

Lors de votre retour à l'OL en 2018, vous avez senti des différences au sein de l'équipe ?

J'ai vu énormément de différences. J'ai joué avec Louisa Necib, Élodie Thomis, Camille Abily ou encore Sonia Bompastor, et quand je suis revenue elles n'étaient plus là. Ça m'a fait bizarre et j'ai pu aussi constater que notre championnat était beaucoup plus médiatisé qu'avant. C'était plus homogène, même si on a encore du travail à faire.

Amandine Henry Goal 50Goal

Mon meilleur souvenir : « La première Ligue des champions avec Lyon »

C'était difficile de se refaire une place dans cette équipe de l'OL qui avait changé en 2018 ?

Pas vraiment. Sur ce point, les filles m'ont très bien intégré. Je les voyais quand même en équipe de France, donc ça s'est fait naturellement. La seule chose où ça a peut-être été plus compliqué au départ, c'est dans le jeu. Aux Etats-Unis, il y a vraiment beaucoup d'intensité alors qu'à Lyon on a davantage un jeu de possession, plus technique. Il m'a fallu un petit mois pour retrouver ça, mais ça s'est fait rapidement quand même.

Si vous aviez un moment à retenir de votre aventure lyonnaise, ce serait le premier titre en Ligue des champions ?

Ah oui, c'est sûr ! Avec Lyon, c'est mon meilleur souvenir. Il y a eu aussi la victoire en Ligue des champions après mon retour de Portland, comme je le disais. C'était un bon moment aussi. Mais oui, je vais retenir la première. Je ne l'oublierai jamais. Ça a été l'aboutissement de plusieurs années de travail et aucun des titres suivants ne peut lui ressembler.

Comment voyez-vous l'avenir avec l'Olympique Lyonnais et l'équipe de France ?

Avec mon club, je veux continuer à tout gagner. On doit être dans une logique d'évolution permanente dans toutes les compétitions. Avec l'équipe de France, c'est plus compliqué en ce moment, mais j'espère qu'on gagnera un titre international. Si possible dès l'Euro l'an prochain. Ce serait super pour notre championnat et notre sport, en espérant que l'on reste des exemples pour les plus jeunes et que ça continue sur cette voie.

Vous vous voyez jouer encore quelque temps ?

Oui. J'aimerais continuer jusqu'aux JO 2024. Alors j'aurais joué une Coupe du monde en France, les JO en France, et après je pense qu'il sera temps de raccrocher les crampons. Mais dans le foot, tout va tellement vite qu'il est difficile de faire des plans. En tout cas, je me sens bien, donc pour l'instant je continue.

Propos recueillis par Benjamin Quarez & Ameé Ruszkai

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