SCARAMOZZINO

ENTRETIEN - A.Scaramozzino : "Si on ne monte pas, ça sentira presque la fin pour moi"

Bénéficiant toujours du statut professionnel, un an après sa descente en National 1, le Stade Lavallois entend bien le préserver au terme de la saison et retrouver la Ligue 2. Pour cela, les Tango se sont attachés les services de joueurs d'expérience cet été, tels que l'ancien de l'AS Monaco Mounir Obbadi, mais aussi de Gaël Danic, notamment passé par l'Olympique Lyonnais, un an après l'arrivée d'Alexy Bosetti, formé à l'OGC Nice. 

Et après deux premières journées sans victoire, d'abord tenu en échec par Quevilly (1-1) puis défait par Boulogne-sur-Mer (2-0), Laval se retrouve déjà dans l'obligation de prendre les trois points ce vendredi soir, avec la réception de Bourg-Péronnas (20h00), un candidat logique à la montée puisque fraîchement descendu de l'échellon supérieur. Toutefois, la rencontre va se disputer dans un contexte particulier, François Ciccolini, l'entraîneur du club, ayant été suspendu de toutes fonctions officielles par la LFP ce jeudi, coupable d'une attaque verbale envers un journaliste de France Bleu Mayenne. 

Avec un entraîneur suspendu à la tête de l'équipe, le défenseur Anthony Scaramozzino, passé par l'OGC Nice, Sedan ou encore le Racing Club de Lens plus récemment, arrivé en 2017 pour apporter son expérience, fera forcément office de leader, de par son parcours et ses 33 ans. Pour Goal, ce dernier s'est longuement confié sur ses objectifs personnels et collectifs, le niveau du championnat, mais aussi sur le cas de son entraîneur...

Âgé de 33 ans, vous entamez votre deuxième année au Stade Lavallois en National 1, où vous avez déjà pris part aux deux premières rencontres de championnat, quel est votre état d'esprit pour cette nouvelle saison ? 

Anthony Scaramozzino : J'ai l'envie de jouer, tout simplement. Et d'apporter autant que je le peux au reste du groupe pour parvenir à rentrer dans les objectifs que l'on s'est fixés entre nous. Faisant partie des plus âgés depuis l'an dernier, même si d'autres joueurs d'expérience nous ont rejoint cet été, j'ai aussi ce rôle là, qui est important. Mais étant plus proche de la fin de ma carrière que du début (rires), forcément, j'ai envie de jouer et de profiter. C'est justement la raison pour laquelle j'ai signé ici, en plus du projet séduisant du club, qui m'a parlé lui aussi.

D'un point de vue personnel, l'idée de retrouver le championnat de Ligue 2 à 34 ans l'an prochain n'aurait-elle pas une petite place privilégiée dans un coin de votre tête ? 

Exactement, mais ce n'est pas que mon objectif, c'est celui de tout le monde, de tout le club. Il y a quelque chose de beau à faire ici, l'occasion d'ajouter une ligne à l'histoire de Laval, en remontant en Ligue 2, et donc en préservant le statut professionnel du club. Le championnat est très serré, plusieurs équipes peuvent prétendre à la montée en fin de saison, mais nous, on sait ce qu'on veut. Plusieurs joueurs ont signé ici pour cela. Dans mon cas, j'ai voulu m'offrir un dernier défis, celui de retrouver la seconde division l'an prochain, à 34 ans. Je sais que si on ne monte pas, ça sentira presque la fin pour moi. Et je ne veux pas arrêter ma carrière, alors il n'y pas le choix : il faut monter. 

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Après avoir connu la Ligue 1 au tout début de votre carrière avec Nice, puis la Ligue 2 notamment à Sedan, Chateauroux ainsi qu'au RC Lens, vous décidez de vous relancer au Stade Lavallois durant l'été dernier. Qu'est-ce qui a motivé ce choix ? 

Comme je vous l'ai dit, l'envie de participer à cet objectif très clair m'est venue tout de suite. Et puis j'avais moins joué lors de ma dernière saison au Racing Club de Lens, donc quand le Stade Lavallois m'a contacté, ca s'est fait tout naturellement. 

SCARAMOZZINO

Avant cela, vous aviez intégré le fameux stage de l'UNFP où vous étiez resté près de deux semaines, après une dernière saison chez les Sangs et Or... Comment s'est terminée votre aventure dans le Nord ? 

Mon aventure s'est très bien terminée. Mon passage au Racing Club de Lens, ca a été super, j'en garde de très bons souvenirs. Même si je n'ai pas joué tous les matches, j'ai eu l'occasion et la chance d'évoluer dans des atmosphères incroyables, notamment sur la pelouse du Stade Felix-Bollaert. Et puis il y avait vraiment une équipe de qualité, de bons joueurs, c'était le haut niveau. 


"Je ne veux pas arrêter ma carrière, alors il n'y pas le choix : il faut monter."


Que vous a apporté cette expérience à l'UNFP, pensiez vous un jour rejoindre les rangs de cette structure, connue de tous mais parfois méprisée à tort ? 

C'était top. Tous les joueurs connaissent l'UNFP FC, on nous en parle souvent. Mais j'avais quand même une petite appréhension avant de rejoindre le stage. En arrivant, j'ai découvert des installations, un staff, une préparation et des joueurs dignes d'un club professionnel à part entière. Et puis je connaissais la plupart des joueurs présents lors du stage, pour avoir joué avec ou contre eux durant ma carrière. Mon passage n'a pas été très long mais ca a été un réel plaisir, une super expérience. D'ailleurs, j'incite ceux qui pourraient hésiter à rejoindre l'UNFP FC, parce que c'est vraiment intéressant. En jouant des matches amicaux contre des clubs pros, on peut gagner en visibilité. 

Toutefois, on imagine que pour effectuer ce stage, vous ne crouliez pas sous les propositions... Seul le Stade Lavallois s'est manifesté, ou vous disposiez d'autres offres ? 

Non, je disposais d'autres offres, plusieurs clubs de Ligue 2 étaient intéressés. Malheureusement, je me suis blessé durant l'été et cela a forcément compliqué les choses. Je me suis donc laissé séduire par le Stade Lavallois ensuite, et je ne regrette pas du tout. 

De l'extérieur, Laval renvoie l'image d'un club ambitieux, qui se donne les moyens de remonter à l'échelle supérieure, en témoignent les arrivées de joueurs chevronnés aux joutes de la Ligue 1. En interne, quel est le discours ? 

On a pas forcément besoin d'en parler, l'objectif est clair pour tout le monde je pense. L'an passé, j'étais le plus âgé, il fallait donc apporter mon expérience à cette équipe, donc ces arrivées vont nous aider, nous faire progresser, c'est certain. Vous savez, si j'avais voulu me diriger tranquillement vers une fin de carrière, j'aurais rejoint un club plus proche de ma région natale, de ma famille. Mais je n'étais pas du tout dans cet état d'esprit. Si je suis à Laval, c'est pour donner le maximum, relever un dernier challenge séduisant. C'est aussi le cas de ceux qui sont arrivés. Après, on sait qu'il faudra aller la chercher cette montée, et que ce ne sera pas facile. Il va donc falloir travailler et rester concentrés, déterminés. 

Obbadi Danic

 "Le fossé entre la Ligue 2 et le National 1 n'existe pas, ou alors il est vraiment minime"


La saison passée, après avoir été sur le podium en deuxième partie de saison, vous aviez terminé à une frustrante 8ème place. Sentez vous que le groupe avait besoin de s'habituer à ce championnat de National ? 

Je ne sais pas s'il avait besoin de s'y habituer, mais il est certains que c'était un peu une saison de transition. Quand un club descend en National 1 et quitte la Ligue 2, son effectif change radicalement, et beaucoup de joueurs s'en vont. Il a donc fallu reconstruire, avec une équipe assez jeune, de nouveaux arrivants, j'en faisais partie... Désormais, on a pris nos marques grâce à la saison dernière, on a aussi vu ce qu'il nous a manqué pour mieux figurer au classement, d'autres nous ont renforcé cet été, donc ce sera totalement autre chose. Ce sera un peu l'année de la confirmation.  

D'ailleurs, vous aviez déjà évolué dans ce championnat de National sous les couleurs de l'AS Cannes, en 2007. Plus de dix ans après, comment a-t'il évolué selon vous ? 

Je n'ai pas constaté une grande évolution. C'est toujours le même, je trouve. Il y a toujours un très bon niveau en National 1, avec des équipes et des joueurs intéressants. Par exemple, quand j'étais à l'AS Cannes, lors de la saison 2006/2007, je jouais avec des mecs comme Patrice Carteron, Foued Kadir ou encore Mickael Poté, de très bons joueurs de football. Le fossé entre la Ligue 2 et le National 1 n'existe pas, ou alors il est vraiment minime. Ce qui est sur, ce que la différence, elle est collective, et non individuelle. C'est plus avec la Ligue 1 que là, clairement, la marche est très haute. C'est un autre monde. 

Ce mardi soir, vos coéquipiers se sont inclinés 3 buts à 0 à domicile face au Clermont Foot (L2), en marge du 1er tour de la Coupe de la Ligue. Finalement, n'était-ce pas là un parfait test grandeur nature pour jauger le réel niveau de votre équipe ?

Pas vraiment, non, puisque l'équipe avait été assez largement remaniée pour cette rencontre. Même si on voulait la jouer, on savait que cette compétition ne serait pas notre priorité cette saison, on veut se concentrer sur le championnat, et c'est là que l'on pourra réellement jauger le niveau de l'équipe. 

Et quid de la rencontre de championnat de ce vendredi soir (20h00), face à Bourg-Péronnas, 18ème de Ligue 2 la saison passée, est-ce un match crucial pour vous ? 

Bourg-Péronnas descendant de Ligue 2, je pense qu'il y a de grandes chances pour qu'ils fassent partie de nos concurrents en vue de la montée, si bien sur on arrive à faire la saison que l'on souhaite. Donc c'est un match important, surtout que nous sommes un peu dans l'obligation de l'emporter suite à notre debut de saison délicat, notamment avec le match nul à la maison concédé face à Quevilly (1-1) lors de la 1ère journée. 

La récente actualité du club a aussi été marquée par le litige opposant votre entraîneur François Ciccolini à un journaliste, provoquant sa suspension de toutes fonctions officielles par la LFP... Est-ce qu'indirectement, le groupe est atteint par cette polémique ? 

Non, je ne pense pas. On est au courant de ce qu'il s'est passé, forcément, mais les faits se sont déroulés dans les travées du stade, aucun joueur n'était présent. N'étant pas concernés directement, on ne peut pas dire que nous sommes touchés. On est surtout concentrés sur la rencontre de ce vendredi (20h00) face à Bourg-Péronnas, qui ne doit surtout pas passer au second plan. C'est tout ce qui doit compter. 

CICCOLINIGETTY

Dans cette affaire, François Ciccolini peut renvoyer l'image d'une personne méchante. Vous qui le cotoyez au quotidien, quels liens entretient-il avec l'équipe, est-ce que le groupe vit bien sous sa houlette ?

C'est justement cela qui interpelle, pour nous, qui le cotoyons chaque jour. François Ciccolini est un entraîneur entier, un vrai passionné de football et qui est arrivé cet été pour nous aider, et apporter son expérience du haut niveau. Et ca se passe très bien avec les joueurs ainsi qu'avec tout le monde au club. Après, c'est un Méditerranéen, avec son caractère... Mais pour nous, joueurs, il n'y a aucun souci. 

Propos recueillis par Simon Fuentes
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