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ENTRETIEN - Aleksandr Mostovoi : "Avec le soutien de nos fans, on peut faire de belles choses"

La Coupe du Monde 2018 démarre dans quatre jours. Le compte à rebours final est désormais lancé. Pour prendre son mal en patience et aussi faire honneur au pays hôte, Goal vous propose une série d'interviews exclusives avec d'anciennes légendes du football russe. Après ceux d'Oleg Salenko, de Roman Pavlyuchenko, d'Oleg Romantsev, d'Igor Yanovski et Dimitri Sychev, retrouvez aujourd'hui un entretien avec "le Tsar", Aleksandr Mostovoi.

Cela fait 13 ans que Mostovoi s'est retiré des terrains de football. Malgré cela, il est toujours considéré dans son pays comme le footballeur russe ayant le plus réussi à l'étranger. Son immense talent et sa technique ciselée, il en a notamment fait étalage sur les pelouses françaises. Entre 1994 et 1996, quand il avait défendu successivement les couleurs de Caen et de Strasbourg. Celui qui opère désormais comme consultant à la chaine russe Match TV n'a rien oublié de ses exploits en Ligue 1. Il a accepté de se les remémorer pour nous, et aussi parler de la Sbornaya actuelle et des chances qu'elle a de briller à l'occasion de son Mondial.

Que faites-vous depuis que vous avez arrêté le football ? 

Aleksandr Mostovoi : À dire vrai, cela fait un bon bout de temps que j’ai arrêté ma carrière. Dix ans, plus de dix ans même. Les trois, quatre premières années je me suis un peu reposé. Maintenant je suis un peu plus proche de l’environnement footballistique, en tant que consultant et intervenant pour les médias. Mais je ne suis lié à aucune équipe. 

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Quels souvenirs gardez-vous de votre passage en France et en particulier à Strasbourg ?

Mes souvenirs de France sont assez agréables et plaisants. Je suis venu en France après mon expérience au Portugal pour donner un nouvel élan à ma carrière puisqu'à Benfica j’avais quelques problèmes et que je ne jouais pas beaucoup. En France, je suis resté deux ans et demi, j’ai été assez satisfait de mon parcours ainsi que du niveau du championnat même si le jeu était assez rude. De ces six mois à Caen, puis des deux ans passés à Strasbourg, je ne retiens que des souvenirs agréables des équipes, des villes et des coéquipiers que j'ai côtoyés.

Y-a-t-il des joueurs à Strasbourg que vous seriez contents de revoir ?

J'ai joué avec beaucoup de joueurs, et la majorité d’entre eux je les reverrai avec un grand plaisir. Si je me souviens bien, je discutais souvent avec Franck Lebœuf, Wilfrid Gohel qui était mon partenaire en attaque, David Regis aussi. J'ai aussi bien sympathisé avec Alexander Vencel, le gardien slovaque parce qu’il parlait russe et moi j’avais un peu du mal à parler le français d’autant que j’étais très jeune et que je venais tout juste d'arriver. Finalement, comme vous pouvez le constater, je me souviens de presque tout le monde (rires).

Vous continuez à suivre les résultats du Racing ? La remontée de ce club en Ligue 1 a dû vous faire plaisir…

Bien sûr ! Depuis que je suis parti de Strasbourg, je suis les résultats du club. Plusieurs fois, l’équipe a malheureusement enchaîné les montées et les descentes entre la Ligue 1 et Ligue 2, voire plus bas. Et c’était plutôt étonnant de voir un club aussi bien structuré et issu d’une aussi belle ville, avec un stade superbe et moderne, vivre ça. Et concernant les supporteurs, dernièrement j’ai revu un match de Strasbourg et je me suis souvenu de l’atmosphère qui régnait au stade lors de notre demi-finale de Coupe de France contre Metz en 1995 (1-0). Je me suis dit que 20 ans sont passés et il y a toujours autant de monde dans un stade toujours en feu. Bien évidemment ça restera gravé dans ma mémoire.

À votre avis, pourquoi n'y a-t-il pas beaucoup de Russes qui s'expatrient en France ? Au maximum, il n'y en a eu que cinq, six…

Je pense qu’en Russie on considère le championnat de France un peu dur et on n'a pas trop l’occasion de voir la Ligue 1 contrairement aux championnats anglais ou italiens. Le championnat français se rapproche plus de celui de l'Allemagne. Et puis, maintenant les joueurs russes ne s'exilent nulle part en Europe. Pourquoi ? Parce que le jeu ailleurs est plus haché, le niveau plus élevé et les salaires ne sont pas plus importants qu’en Russie, surtout en France. Mais le championnat français est très relevé. Pour y avoir pris part, je sais que c'est dur et que le niveau est bon.

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La Russie va disputer le Mondial à domicile. À votre avis, quelles sont les chances de la Sbornaya ?

Comme vous le savez, nous allons jouer à domicile. Et pour n’importe quelle équipe jouer devant son public c’est un véritable plus. En plus, je crois que les deux tiers de participants se valent. Hormis le Brésil, l’Espagne voir la France, les autres équipes ont plus ou moins le même niveau, ce qui va sans doute jouer à l’avantage de la Russie. Notre groupe du premier tour est plus qu’abordable avec l’Arabie Saoudite, l’Egypte et l’Uruguay. En tant que pays hôte nous devons passer ce premier tour. Et pour ce qui viendra après, ça ne sera pas facile mais avec l’apport des supporters dans les nouveaux stades on peut aller plus loin.

Aujourd'hui, la sélection est entrainée par Cherchessov. Un ancien coéquipier à vous qui évoluait comme gardien. Pensez-vous que le fait qu'il n'a pas été joueur de champ soit un problème pour sa mission actuelle ?

C’est une très bonne question, et cette question m’a été posée plusieurs fois après sa nomination. Je commencerai par vous répondre en disant que celui qui était là avant lui n’avait jamais joué au football et c’est ça qui est le plus surprenant. Cherchesov aura quelques difficultés. Mais, vous savez, diriger une équipe, et encore plus une équipe nationale ce n'est pas facile. Mais, la chance que Cherchessov a eue, c'est de ne pas passer par les qualifications et le tournoi final va se dérouler chez nous. Beaucoup d’entraîneurs rêvent de ça et sont capables pour le moment d’affronter ce contexte. Qu’il réussisse ou non, il n’est pas le premier pour lequel on émet des doutes. On en avait pour tout le monde.

Vous n'êtes pas inquiet concernant le niveau de cette sélection et qui est assez jeune, avec peu de grands talents…

Je ne pense pas, non. Il faut pas oublier que cette Coupe du Monde se joue en Russie ce n’est pas comme par exemple quand on a joué au Japon et en Corée (ndlr, 200) où on ne connaissait rien de l’endroit. Quand tu joues chez toi, beaucoup de choses peuvent se passer. D’un autre côté, vous avez vu nos clubs en Europa League, il y a trois équipes qui ont atteint les 8es cette saison et elles regorgent beaucoup d'internationaux russes. Donc le niveau est assez bon.

Ne craignez-vous pas que le problème du hooliganisme ne ressurgisse pendant le Mondial ?

Non. Vous avez vu que durant la Coupe des Confédérations, même s’il y a eu que quelques matches assez chauds, il ne s'est rien produit. Aucun incident. Les stades nous ont coûté cher, mais ils sont très bien faits et tout a été mis en œuvre pour éviter ces problèmes-là. La Russie est un grand pays et il n’y aura pas de problèmes.

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Que pensez-vous de l'Equipe de France, et quels sont les joueurs qui vous impressionnent au sein de cette équipe ?

Je considère l'Equipe de France comme l’une des favorites du tournoi avec le Brésil, l'Espagne, l'Argentine, voire l’Allemagne. Lors du dernier Euro, personne ne pensait qu’ils allaient perdre en finale. C’est une sélection très forte avec des individualités comme Griezmann, Benzema, Matuidi, Varane. Il leur manque peut-être un attaquant du style Thierry Henry. Mais au milieu et en défense ils ont ce qu’il faut. Le tandem Griezmann-Giroud est intéressant.

Vous les voyez aller jusqu'où ?

Ils ont un premier tour assez facile. Ils doivent le franchir sans difficultés. Et après je crois qu’ils ont le potentiel pour aller jusqu’aux demi-finales au moins.

Vous, vous avez joué deux Coupes du Monde. La première en 1994, vous n'avez pas eu beaucoup de temps de jeu. Et vous avez failli la rater à cause d'une grève avec 13 autres joueurs. Racontez-nous un peu…

Tout le monde connait le problème. Le pays était alors dans une situation catastrophique, beaucoup de joueurs jouaient à l’étranger et tout le monde voulait jouer. Et le système de l’Union Soviétique avec ses dérives existait encore. On avait du mal à s’habituer avec tous ses problèmes. C'était même devenu un problème national, avec la moitié de joueurs qui ne sont pas partis en Coupe du Monde. Les Kanchelskis, Shalimov et Kolyvanov et j'en passe. Personnellement j’ai appelé cette équipe, l’équipe des touristes. Aujourd’hui on a du mal à imaginer que ces choses-là peuvent se produire. Oui mais voilà à l’époque cela a eu lieu. 

Propos recueillis par Naïm Beneddra

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