Pourquoi Endrick doit être l'avant-centre titulaire du Brésil à la Copa America

Le Brésil reste à bien des égards marqué par la fin prématurée de la carrière de Ronaldo au plus haut niveau. Les blessures ont privé le grand attaquant, qui avait déjà atteint des sommets immenses, de ce qui aurait dû être une deuxième partie de carrière stratosphérique. Depuis le milieu des années 2000, la Selecao et le pays tout entier cherchent le prochain attaquant qui prendra sa relève.
Beaucoup ont essayé. Adriano a brillé de mille feux, mais brièvement ; Robinho a flirté avec la gloire ; Alexandre Pato s'en est approché. Plus récemment, Gabriel Jesus, Richarlison et Rodrygo ont tous eu leur heure de gloire. Bien que ces trois derniers soient d'excellents footballeurs, aucun d'entre eux n'est un buteur de haut niveau. En fait, ils ont tous parlé de la pression que représente le fait de jouer en tant que numéro 9 dans l'équipe nationale brésilienne. Cela commence à ressembler à une mission impossible.

Et c'est dans ce paysage qu'Endrick a émergé. Surnommé à 15 ans "le prochain Pelé", l'attaquant de Palmeiras est pressenti depuis des années pour devenir une star. La course à sa signature s'est jouée en public, le Real Madrid, Barcelone, Arsenal et bien d'autres ayant mis à profit la puissance de leurs réseaux de recruteurs sud-américains pour attirer le Brésilien dans leurs clubs.

Les Madrilènes ont remporté la course, leur équipe composée de nombreux Brésiliens, ainsi qu'une belle somme de 60 millions d'euros, s'avérant suffisantes pour s'assurer les services de la prochaine grande star du football sud-américain. Les attentes sont rapidement montées en flèche et, malgré une première saison complète au niveau senior au Brésil en dents de scie, au cours de laquelle il a marqué 11 buts en 31 matches de championnat, Endrick a été appelé en équipe nationale en novembre 2023. Pourtant, il n'a pratiquement pas joué, car l'équipe brésilienne, en difficulté, a perdu deux matches de qualification pour la Coupe du monde consécutifs.

Et c'était peut-être à juste titre. Ce n'était peut-être pas le moment pour Endrick. Jusqu'à ce que le nouveau sélectionneur Dorival Jr décide de garder Endrick dans le groupe pour les matches amicaux du mois de mars contre l'Angleterre et l'Espagne. Déjà considéré comme la prochaine grande star - et vêtu de tenues Gucci à l'appui -, Endrick a fait l'objet d'un battage médiatique effréné.

Il peut sembler hâtif d'exiger autant d'un joueur aussi jeune, même s'il est très bon. Mais pour une équipe brésilienne en pleine transition, il n'y a pas grand-chose d'autre à faire. Richarlison s'est illustré par moments en équipe nationale, mais en dehors de l'un des plus beaux buts de la Coupe du monde 2022, ses réalisations ont été limitées. Jésus, quant à lui, a ouvertement fait part de son manque de confiance devant le but, et Rodrygo reste inflexible dans son affirmation qu'il n'est pas un attaquant naturel.
Endrick est donc le numéro 9 le plus évident et le plus naturel du groupe. Bien qu'il puisse jouer n'importe où dans le trio de devant, Endrick est le plus à même d'étirer la défense en tant qu'attaquant axial et de porter le ballon en contre. Mais le plus important, c'est qu'il est redoutable devant le but et qu'il possède le sens du placement indispensable à tout attaquant prolifique. Rien que pour cela, il ne ressemble à aucun autre attaquant de Dorival.

Et c'est peut-être lui l'option qui a le plus de sens pour la Selecao afin d'avoir une équipe performante. Dorival préfère un 4-3-3 classique, qui s'appuie sur deux ailiers pour étirer la défense - ou faire des courses en profondeur - et un joueur central pour faire le lien au milieu. Contre l'Angleterre, Rodrygo a joué le rôle de faux neuf, avec Vinicius Jr d'un côté et Raphinha de l'autre. Le fonctionnement n'était pas tout à fait traditionnel, mais grâce à la rapidité de cette ligne d'attaque, le Brésil s'est montré dangereux en attaque à Wembley.

Si l'on ajoute Endrick à cette équipe, les choses pourraient s'améliorer. Vinicius semble tout désigné pour jouer à gauche, tandis que l'utilisation d'Endrick dans l'axe pourrait permettre à Rodrygo de jouer sur l'aile droite, là où il a été le plus performant avec le Real Madrid au cours des 18 derniers mois.

Mais si le Brésil veut devenir une force de contre-attaque dangereuse, avec un milieu de terrain physique composé de Casemiro, Bruno Guimaraes et Lucas Paqueta, Endrick semble être le joueur idéal pour mener cette ligne.

Et Carlo Ancelotti serait sans doute ravi si tout cela se mettait en place, même si l'on ne sait pas exactement que rôle aurait exactement Endrick à Madrid la saison prochaine. L'arrivée présumée de Kylian Mbappé, qui deviendrait le premier choix d'Ancelotti en tant que numéro 9, semblerait entraver le potentiel d'Endrick à obtenir des minutes dans la capitale espagnole (bien que ce ne soit peut-être pas une mauvaise chose pour un joueur de 18 ans qui n'a pas encore joué une seule minute de football européen).

Néanmoins, le fait d'avoir Vinicius, Rodrygo et Endrick sur le même terrain et qui cumulent des minutes régulières au niveau international ne peut être qu'une bonne chose pour les géants espagnols. La cohésion peut être difficile à développer, et comme le rôle d'Endrick à Madrid se limite peut-être à une série d'apparitions sur le banc, il ne sera pas facile de tout mettre en place en se basant uniquement sur les séances d'entraînement.

Il y aura des problèmes de croissance - le Brésil est encore une équipe en pleine mutation - mais il n'y a peut-être pas de meilleur endroit pour que les meilleurs éléments offensifs de Madrid apprennent à jouer ensemble. Les trois joueurs s'entraînent actuellement à la base madrilène de Valdebebas en vue du match de la Selecao contre l'Espagne, mardi. Le destin a voulu qu'il produise un nouveau moment de magie.

La performance d'Endrick contre l'Angleterre n'a pas été de classe mondiale. Elle était en réalité incomplète ; pleine d'énergie, parfois faible en qualité, mais, en fin de compte, elle s'est arrêtée à un moment crucial. Mais attention, ce moment pourrait s'avérer crucial pour son développement et sa légende grandissante. Il est devenu le plus jeune joueur à marquer à Wembley, tout en étant le plus jeune joueur à faire ses débuts au Brésil depuis Ronaldo, et le quatrième plus jeune joueur à représenter la Selecao.

Il n'en reste pas moins un jeune homme de 17 ans extrêmement précoce, avec le monde sur les épaules, écrasé par la pression d'une nation qui l'attend et qui l'a mis en couverture de son magazine GQ. On lui reproche encore d'avoir pleuré sur le banc de touche lors d'une période difficile au milieu de la saison dernière. Pourtant, il reste le meilleur espoir de son pays depuis des années.

Il y a là une malédiction, car beaucoup d'autres ont cédé sous le poids de l'attente de porter le numéro 9 brésilien. Mais cette version du Brésil donne l'impression de jouer avec des enjeux moindres. Endrick peut, en effet, faire partie d'une expérience, la seule option viable pour compléter cette équipe, mais peut-être en sachant que si elle échoue, ce ne sera pas uniquement de sa faute.

Endrick a montré en seulement 20 minutes à Wembley qu'il était prêt pour la grande scène. Il est maintenant temps pour le Brésil de lui donner autant d'occasions que possible d'impressionner.