Mikel Arteta n'aura pas de meilleure opportunité de freiner le Manchester City de Guardiola

"Je ne regarderai pas les matches", a déclaré Guardiola aux journalistes avant de voir une grande partie de son effectif rejoindre les sélections pour les rencontres internationales du mois de mars. "Je vais me reposer et quand ils arriveront le jeudi, nous verrons quels joueurs ont survécu et lesquels n'ont pas survécu. Je souhaite que tout le monde aille bien".

Malheureusement, l'entraîneur catalan a vu ses pires craintes se réaliser. Lors de la défaite 1-0 de l'Angleterre face au Brésil, Kyle Walker a quitté le terrain de Wembley en boitant, blessé aux ischio-jambiers, après seulement 20 minutes de jeu.

John Stones, quant à lui, a joué l'intégralité des 90 minutes contre le Brésil et a été sélectionné pour débuter le match suivant des Three Lions contre la Belgique trois jours plus tard, avant d'être contraint de quitter le terrain dès les premières minutes en raison d'un problème aux adducteurs. Pour Stones, ce n'est que l'énième souci physique d'une longue série. Il n'a pu débuter que 11 matches pour City jusqu'à présent en 2023-24, et qui sera également absent à l'Etihad le week-end prochain.

City s'inquiète également de l'état de santé de Manuel Akanji, qui s'est retiré de la sélection de Suisse en raison d'un coup. Akanji a été l'un des joueurs clés de Guardiola cette saison, réalisant régulièrement de brillantes performances au cœur de la défense et aussi lorsqu'il occupe le poste d'arrière droit. Il semble au moins qu'il sera prêt pour dimanche.

Malgré cela, Guardiola est confronté à un sérieux problème de choix en défense. Il n'est pas encore certain qu'Ederson, le gardien de but numéro un, sera de la partie, après s'être retiré du stage du Brésil en raison d'un problème à la cuisse, tandis que les absences définitives de Walker et de Stones constituent un coup dur.

Arsenal a ses propres problèmes de joueurs indisponibles. Bukayo Saka et Gabriel Magalhaes ayant quitté prématurément leurs équipes nationales respectives, mais le coup reçu par l'attaquant anglais a été qualifié de "mineur", tandis que le Brésil aurait simplement pris une "précaution" avec son défenseur vedette. Les deux joueurs devraient être présents face à City, tout comme Gabriel Martinelli, qui a eu près d'un mois pour se remettre de la vilaine coupure au pied qu'il a subie lors de la victoire 6-0 d'Arsenal sur Sheffield United.

Les Gunners ont marqué 17 buts lors de leurs trois derniers matches à l'extérieur, et ils sentiront l'odeur du sang face à une équipe de City affaiblie. Il est toutefois possible que la raclée subie à l'Etihad en avril dernier soit encore présente dans l'esprit des joueurs.

Une victoire 1-0 à l'Emirates Stadium lors de la première partie de la saison a permis de chasser ces démons, mais une barrière mentale pourrait se dresser à nouveau, étant donné le triste bilan d'Arsenal dans la moitié bleue de Manchester.

Il faut remonter à janvier 2015 pour trouver la dernière victoire d'Arsenal à City. Depuis, il a enregistré sept défaites et un nul lors de ses huit derniers déplacements à l'Etihad. Comme d'habitude, le public sera à fond dès la première seconde, avec des railleries sur le fait que les Gunners pourraient laisser filer le titre pour la deuxième année consécutive. Les hommes d'Arteta risquent de passer une longue après-midi s'ils ne parviennent pas à faire abstraction de ce bruit et à exécuter leur plan de jeu.

La grande tentation d'Arteta sera d'essayer de défier City en contre-attaque, car très peu d'équipes ont réussi à tenir tête aux maîtres de la passe de Guardiola au cours de la dernière décennie. Ils sont toujours aussi forts à domicile cette saison, invaincus en 20 matches toutes compétitions confondues, et Arsenal signerait assurément des deux mains si on lui proposait un match nul avant le coup d'envoi.

Mais City n'a pas été aussi dominant que d'habitude. Ils ont été véritablement dépassés lors de leur défaite 1-0 à Aston Villa en décembre, et ont eu beaucoup de chance de quitter Anfield avec un point après avoir concédé d'innombrables occasions à l'implacable Liverpool de Jurgen Klopp lors de leur dernière sortie en Premier League.

Des fissures sont apparues à l'Etihad, avec Tottenham, Crystal Palace et Chelsea qui ont donné de vraies frayeurs à City, et Arsenal a les moyens de les déstabiliser sérieusement. Il n'y aura jamais de meilleure occasion pour Arteta de signer un second succès de suite contre Guardiola ou pour les Gunners de prouver enfin qu'ils ont ce qu'il faut pour aller jusqu'au bout.

L'ancien défenseur d'Arsenal, Gaël Clichy, a présenté ce qu'il pense être un modèle de réussite pour Arteta, déclarant à Super 6 : "Arsenal doit avoir le courage d'aller chez eux et de dire, "nous allons vous faire face". Je pense que ce serait une terrible erreur pour Mikel d'essayer de jouer en contre et de laisser le ballon à Manchester City. Il faut jouer son propre jeu. Arsenal ne peut pas perdre dimanche. Un match nul lui permettrait de conserver son avance sur City au classement, mais je ne suis pas sûr qu'un point suffise face à une équipe comme City".

"Ils ont besoin de remporter le titre pour valider le travail qu'ils ont accompli. La faiblesse de l'équipe de Man City est que lorsqu'elle a la possession du ballon, elle perd souvent le deuxième ballon et peut être blessée en transition. Des joueurs comme Saka et Martinelli peuvent faire mal à City sur la transition. Garder le ballon et utiliser l'espace derrière pourrait être la clé. S'il y a une équipe capable d'aller là-bas et de prendre des points, c'est bien Arsenal", a ajouté l'ancien footballeur français.

Arsenal dispose de deux armes redoutables qu'il n'avait pas à la même époque la saison dernière. L'absence pour cause de blessure de William Saliba a sans doute été la principale raison de l'effondrement dramatique des Gunners, mais il est désormais en pleine possession de ses moyens pour la suite de la saison, et c'est à lui que revient en grande partie le mérite d'avoir fait d'Arsenal la meilleure équipe défensive de Premier League.

Le Français est la réponse des Gunners à Ruben Dias à City et à Virgil van Dijk à Liverpool : un défenseur central fort, puissant et serein, qui ne se laisse que très rarement distancer dans les duels en un contre un et qui possède la qualité technique nécessaire pour faire avancer son équipe dès qu'il en a l'occasion. S'il gagne son duel avec Erling Haaland, Arsenal a de grandes chances de l'emporter sur City dimanche.

Le seul homme plus important que Saliba sera Declan Rice, la recrue record d'Arsenal d'une valeur de 120 millions d'euros, qui a ajouté une couche supplémentaire d'acier à l'équipe. Depuis son arrivée en provenance de West Ham, Rice a réalisé plus d'interceptions et de tacles en Premier League que n'importe quel autre joueur d'Arsenal, tout en inscrivant six buts.

À l'heure actuelle, Rodri est peut-être le seul milieu défensif au monde à pouvoir prétendre être meilleur que Rice, et il appartiendra à l'homme fort d'Arsenal de minimiser son impact. Rodri est le matre à jouer de City, la force motrice de ses succès, et il a également la faculté de marquer des buts importants.

Rodri n'a pas connu la défaite depuis 62 matches sous le maillot de City, mais Rice est tout aussi influent et Arsenal pourra prendre le contrôle du match s'il parvient à contenir son homologue espagnol. L'international anglais compte désormais six passes décisives depuis le début de l'année 2024, où il est passé du statut de passeur à celui de buteur.

Arsenal a également déboursé 75 millions d'euros pour recruter Kai Havertz pour l'arracher à Chelsea l'été dernier. Ce qui semblait être une décision étrange à l'époque, d'autant plus qu'Arteta affirmait que l'Allemand pourrait combler le vide laissé au milieu de terrain par Granit Xhaka après son départ pour le Bayer Leverkusen. Les premiers mois de la carrière de Havertz à Arsenal ont été difficiles, car il n'a pas réussi à convaincre dans le rôle de numéro 8 ou à s'associer efficacement avec Martinelli sur le côté gauche.

Havertz a été bombardé de critiques sous tous les angles, mais il ne s'est pas laissé abattre, et la blessure de Gabriel Jesus l'a finalement poussé à jouer le rôle d'attaquant central. Le joueur de 24 ans a marqué lors des trois victoires d'Arsenal juste avant la trêve internationale, contre Newcastle, Sheffield United et Brentford, tout en étant à l'origine de deux buts, et il a clairement ajouté une nouvelle dimension à l'attaque.

Les Gunners ont la possibilité d'être plus directs et de jouer de longs ballons avec Havertz dans l'axe, car ses impressionnantes qualités aériennes et son explosivité font de lui le fer de lance offensif. Si Arsenal ne parvient pas à percer le pressing de City, Havertz lui offre un plan B qu'il n'avait pas la dernière fois qu'il s'est produit à l'Etihad.

À Chelsea, Havertz a souvent manqué de précision, mais il améliore cet aspect de son jeu sous la houlette d'Arteta et a toujours été très intelligent lorsqu'il s'agit de trouver des espaces. Saka et Martinelli sont également beaucoup plus dangereux lorsque Havertz est à l'avant, car ils peuvent se transformer en attaquants intérieurs dès qu'il descend en profondeur, et il est tout à fait capable d'exécuter la dernière passe incisive pour les lancer devant le but.

Face à la défense de City, qui sera probablement expérimentale, Havertz pourrait faire des ravages et faire taire tous les sceptiques une fois pour toutes. L'ancien prodige de Leverkusen commence enfin à révéler tout son potentiel, et sa menace unique pourrait bien être ce qui donnera l'avantage à Arsenal dans la dernière ligne droite.

Il n'est pas exagéré de dire que le dernier match d'Arsenal contre City est le plus important du mandat d'Arteta à ce jour. Depuis sa nomination à l'Emirates en 2020, il a permis aux Gunners de redevenir des prétendants au titre tout en les ramenant en Ligue des champions, mais la prochaine étape est la plus difficile.

Arteta est souvent cité dans la même catégorie que Guardiola et Klopp, mais il ne le mérite pas. Il n'a qu'une Coupe d'Angleterre à son actif et tant qu'il n'aura pas remporté l'un des deux prix les plus prestigieux, il ne pourra pas être considéré comme un manager d'élite.

Une nouvelle défaite face à City serait un coup de massue pour les chances d'Arsenal de conquérir enfin la Premier League - un coup dont ils ne se remettraient certainement pas. En revanche, une victoire propulserait Arteta vers de nouveaux sommets, notamment parce que City et Arsenal sont également en passe de s'affronter en demi-finale de la Ligue des champions.

Chaque membre de l'équipe commencera à croire qu'un doublé national et européen est possible s'ils quittent l'Etihad avec trois points. Il n'y aura plus de doutes sur leur mentalité dans les moments cruciaux.

Arsenal a déjà prouvé sa qualité collective, il ne reste plus qu'à franchir la ligne d'arrivée en premier. Arteta a fait preuve de beaucoup de patience au cours des quatre dernières années, il est maintenant temps de tenir ses promesses. S'il n'y parvient pas, il faudra se demander s'il est l'homme de la situation pour faire franchir au club le dernier obstacle.