Champions League final W+Ls GFXGetty/GOAL

Le soir où Paris est devenu le ROI incontesté de l'Europe (et où l'Inter a sombré corps et âme)

La finale de la Ligue des Champions 2025 s'annonçait, sur le papier, bien trop indécise pour oser le moindre pronostic. Le Paris Saint-Germain avait certes impressionné en écartant une équipe de Premier League après l'autre pour se frayer un chemin jusqu'à la finale. Mais l'Inter Milan, de son côté, avait fait preuve de réserves de résilience et d'une qualité collective remarquables, notamment en éliminant le FC Barcelone lors de demi-finales d'anthologie.

Par conséquent, tout le monde s'attendait logiquement à une rencontre épique et, plus important encore, particulièrement équilibrée et disputée, samedi soir [hier] sur la pelouse de l'Allianz Arena de Munich.

Ce à quoi nous avons assisté, cependant, fut une correction brutale, une démonstration de force unilatérale. Le Paris Saint-Germain a enfin remporté sa toute première Coupe d'Europe en infligeant une déroute dévastatrice – et synonyme de plusieurs records – (5-0) à une équipe de l'Inter Milan dont la défense pourtant si réputée n'a absolument rien pu faire face au merveilleux et virevoltant éventail d'ailiers alignés par Luis Enrique.

GOAL passe donc en revue ci-dessous tous les grands gagnants et les véritables perdants de cette finale historique disputée à Munich, une soirée qui restera gravée dans les mémoires...

  • Desire Doue PSG InterGetty Images

    GAGNANT : Desire Doué

    Luis Enrique avait une décision majeure, un choix cornélien, à faire avant cette finale : qui de Désiré Doué ou de Bradley Barcola allait débuter sur l'aile droite de l'attaque parisienne ? Les deux jeunes Français étaient en effet en très grande forme ces dernières semaines, et Barcola sortait notamment d'une performance éblouissante, ponctuée d'un doublé, lors de la victoire en finale de la Coupe de France face à Reims la semaine précédente. Mais l'entraîneur espagnol du PSG a finalement décidé de faire confiance au plus jeune des deux, Désiré Doué, âgé de seulement 19 ans. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cette décision audacieuse s'est avérée spectaculairement payante.

    Dès le premier quart d'heure de cette finale, Doué est entré dans l'histoire de la Ligue des Champions en devenant le plus jeune joueur de tous les temps à la fois marquer un but et délivrer une passe décisive lors d'une finale de la compétition reine. Comme si cela ne suffisait pas, il a ensuite définitivement "tué" le match et tout suspense en seconde période en inscrivant un nouveau but personnel d'une finition pleine de sang-froid et de maîtrise. Il est ainsi devenu, par la même occasion, le tout premier joueur de l'histoire à être directement impliqué dans trois buts (deux buts, une passe décisive) lors d'une finale de Ligue des Champions. Phénoménal.

    Après une telle performance stratosphérique sur la plus grande des scènes, il est sincèrement difficile d'imaginer comment Désiré Doué pourrait un jour réussir à faire mieux, à surpasser cet exploit. Mais une chose est sûre : ce sera absolument passionnant et excitant de le voir essayer au cours des prochaines années. Avant le match, certains observateurs neutres et fans de football regrettaient l'absence (suite à l'élimination du Barça) d'un autre adolescent prodige, Lamine Yamal, lors de cette grande fête du football européen. Mais hier soir, à Munich, Désiré Doué a brillamment prouvé qu'il y avait actuellement plus d'un seul et unique talent adolescent exceptionnel capable d'illuminer le football mondial. Sa performance est une véritable empreinte indélébile.

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  • Paris Saint-Germain v FC Internazionale Milano - UEFA Champions League Final 2025Getty Images Sport

    PERDANT : Federico Dimarco

    Le travail défensif parfois approximatif et le manque de rigueur de Federico Dimarco ont constitué une source de préoccupation croissante pour l'Inter Milan tout au long de cette saison. Et l'on a malheureusement compris précisément pourquoi lors de l'ouverture du score du Paris Saint-Germain en tout début de match. Sur cette action, Dimarco a en effet couvert à la fois Désiré Doué et Achraf Hakimi en se positionnant de manière inexplicable bien plus bas sur le terrain que n'importe lequel de ses coéquipiers de la ligne défensive, les remettant ainsi en jeu. Une erreur de placement grossière à ce niveau.

    Il y a évidemment eu un élément de réussite et de fortune pour le PSG sur son deuxième but, la frappe de Doué étant légèrement déviée avant de tromper Sommer. Mais Federico Dimarco, qui avait déjà été littéralement "déchiré en morceaux" et mis en grande difficulté par Lamine Yamal lors des demi-finales contre le FC Barcelone, fut une nouvelle fois directement fautif sur cette action. Il s'est en effet rendu coupable d'avoir lâchement tourné le dos au ballon au moment de la frappe, au lieu de tenter de la contrer courageusement.

    Conséquence directe de ces errements défensifs : l'Inter Milan est devenue hier soir la toute première équipe dans l'histoire de la compétition à encaisser deux buts lors des vingt premières minutes d'une finale de Ligue des Champions. Et Federico Dimarco, par ses erreurs individuelles, en fut malheureusement la raison principale. Une soirée à oublier pour l'Italien.

  • Paris Saint-Germain v FC Internazionale Milano - UEFA Champions League Final 2025Getty Images Sport

    GAGNANT : Achraf Hakimi

    Achraf Hakimi a démontré hier soir toute l'affection durable qu'il porte encore à l'Inter Milan, son ancien club, en refusant de célébrer le but qu'il a inscrit à la 12ème minute, une simple formalité à bout portant. Un geste de respect qui, cependant, n'a sans doute que très peu atténué la douleur des supporters nerazzurri présents à Munich. Car l'international marocain personnifie à lui seul, d'une certaine manière, la différence abyssale de situation économique entre ces deux clubs finalistes. Pour rappel, l'Inter avait été contraint de vendre Achraf Hakimi au Paris Saint-Germain à l'été 2021, à contrecœur, uniquement pour tenter d'équilibrer ses comptes et de satisfaire aux exigences du fair-play financier. Une vente subie plus que choisie.

    Hakimi était déjà un très bon, voire un excellent joueur à l'époque de son passage à l'Inter – il l'avait d'ailleurs brillamment prouvé en remportant le Scudetto lors de son unique et mémorable saison passée à San Siro. Mais depuis son arrivée à Paris et au cours des quatre dernières années, il a indéniablement franchi un nouveau cap, atteignant un tout autre niveau de performance et de régularité pour s'imposer comme une référence mondiale à son poste.

    Avec son but inscrit hier soir à Munich lors de cette finale, Achraf Hakimi a d'ailleurs égalé le record d'Ian Harte du plus grand nombre de contributions directes à un but (buts et passes décisives confondus) pour un défenseur sur une seule et même campagne de Ligue des Champions (neuf au total). Et comme si cela ne suffisait pas, il a également été, comme à son habitude, excellent sur le plan défensif tout au long de la rencontre. Il n'existe aujourd'hui que très peu de footballeurs plus complets et plus impactants que lui sur la planète. Et il serait, sans l'ombre d'un doute, un récipiendaire tout à fait digne et méritant du Ballon d'Or cette année (si tant est que ce genre de récompenses individuelles suprêmes étaient parfois attribuées à des arrières droits !).

  • Paris Saint-Germain v FC Internazionale Milano - UEFA Champions League Final 2025Getty Images Sport

    PERDANT : L'Inter de Simone Inzaghi

    Cette défaite en finale de Ligue des Champions ressemble terriblement à la fin d'une ère pour l'Inter Milan. Et c'est une honte absolue, un crève-cœur, pour une équipe aussi talentueuse et attachante, de voir son parcours se conclure de manière aussi brutale et dans des circonstances aussi écrasantes. Il faut se souvenir qu'il y a seulement quelques mois, en mars dernier, l'Inter était encore en course pour réaliser son propre triplé. Les hommes de Simone Inzaghi caracolaient alors en tête de la Serie A et étaient déjà qualifiés pour les demi-finales de la Coupe d'Italie. Mais la machine s'est enrayée : ils ont finalement "offert" le Scudetto à Naples lors de l'avant-dernière journée de championnat, avant de se faire humilier en Coupe par un AC Milan pourtant décrit comme "douloureusement moyen" cette saison.

    L'espoir, pour les supporters et pour le club, était alors que l'Inter parviendrait à sauver sa saison en remportant enfin ce trophée qui comptait plus que tous les autres à leurs yeux : cette Ligue des Champions qui leur avait si cruellement et si injustement échappé à Istanbul il y a deux ans, face à Manchester City. Mais au lieu de cela, les Nerazzurri ont en réalité gardé leur pire prestation pour la toute fin, en livrant un match absolument indigent et une performance indigne d'une finale hier soir à l'Allianz Arena. L'équipe milanaise alignait d'ailleurs la troisième formation la plus âgée jamais vue en finale de Ligue des Champions. Et cela s'est cruellement vu sur le terrain, tant ils ont reçu une véritable leçon de football de la part d'une équipe parisienne qui affichait en moyenne cinq ans de moins que la leur (le plus grand écart d'âge moyen jamais enregistré lors d'une finale de cette compétition).

    Que va-t-il se passer maintenant pour ce club ? Difficile à dire avec certitude. Simone Inzaghi a lui-même admis récemment qu'il avait de nouveau reçu des offres très intéressantes d'autres clubs, donc rien ne garantit qu'il sera encore sur le banc de l'Inter la saison prochaine. Il est également devenu clair que plusieurs joueurs cadres et vieillissants de l'effectif ne reverront probablement jamais une autre occasion de disputer une finale de la plus prestigieuse des compétitions de clubs. Le temps, implacable, a finalement rattrapé cette équipe de l'Inter – juste avant qu'elle ne puisse remporter ce titre européen que ses efforts et ses performances des trois dernières années semblaient pourtant si richement mériter. Une fin terriblement cruelle.

  • Paris Saint-Germain v FC Internazionale Milano - UEFA Champions League Final 2025Getty Images Sport

    GAGNANT : Le nouveau projet du PSG

    Ce triomphe en Ligue des Champions, le Paris Saint-Germain aurait dû, en théorie, le connaître il y a une bonne décennie, peu de temps après le rachat du club par le fonds souverain qatari, Qatar Sports Investment (QSI). Mais cette attente interminable, souvent angoissante et parfois douloureuse pour les supporters parisiens, ne fera sans doute aujourd'hui que rendre ce succès historique encore plus savoureux et appréciable. Et puis, après tout, si le PSG n'avait pas été aussi souvent et aussi durement puni par le passé pour son approche parfois caricaturale dite "bling-bling" dans la construction de son équipe (basée sur l'accumulation de superstars aux égos parfois surdimensionnés), le club n'aurait peut-être jamais finalement changé son fusil d'épaule pour enfin prioriser le recrutement de joueurs à fort potentiel plutôt que de stars déjà établies et souvent en fin de cycle.

    En effet, quoi que l'on puisse penser par ailleurs du projet qatari au Parc des Princes et de ses implications en termes de "sportswashing", le club parisien peut au moins aujourd'hui être salué et félicité pour avoir réussi à mettre sur pied une équipe excitante, séduisante et merveilleusement bien équilibrée. Une équipe dirigée de main de maître par un Luis Enrique à la personnalité attachante et au style de jeu affirmé. L'entraîneur espagnol s'inscrit d'ailleurs lui-même un peu plus dans les livres d'histoire du football en devenant seulement le deuxième entraîneur à remporter un triplé (championnat, coupe nationale et Ligue des Champions) avec deux clubs européens différents au cours de sa carrière.

    Le Paris Saint-Germain, bien évidemment, n'a rien d'un "petit poucet" ou d'un outsider improbable. Beaucoup de ces jeunes joueurs fantastiques qui composent aujourd'hui l'effectif ont coûté énormément d'argent à recruter. Mais si ce triomphe en Ligue des Champions est indéniablement celui de la puissance financière du "oil money", il constitue aussi, et c'est peut-être plus important et plus réjouissant pour l'avenir du football, une victoire plus acceptable et plus "palatable" de l'exubérance et de l'insouciance de la jeunesse sur l'expérience parfois calculatrice de joueurs plus âgés.

    Compte tenu de la jeunesse de son effectif et du talent qui le compose, cette équipe du PSG pourrait en réalité devenir encore meilleure, encore plus forte et plus dominante dans les années à venir – une perspective qui doit sans aucun doute terrifier le reste de l'Europe du football. Il aura peut-être fallu 14 longues années à QSI pour enfin remporter une première Coupe d'Europe avec le PSG. Mais aujourd'hui, au vu de la qualité du projet en place, on a le sentiment très net que la deuxième ne devrait pas demander autant de patience. L'ère du PSG est peut-être enfin arrivée.

  • Kylian Mbappe Real Madrid 2025Getty

    PERDANT : Kylian Mbappé

    À quoi Kylian Mbappé peut-il bien penser en ce moment précis, au lendemain du triomphe européen de son ancien club ? L'attaquant vedette du Real Madrid sera sans aucun doute, et sincèrement, heureux pour certains de ses anciens coéquipiers et amis parisiens, avec en tête de liste son compère en sélection nationale, Ousmane Dembélé, enfin couronné au plus haut niveau.

    Cependant, il est impossible d'imaginer que Mbappé ne ressente pas, au fond de lui, plus qu'un simple petit pincement d'envie, et peut-être même quelques cuisants élans de regret. Car l'enfant de Bondy, le prodige de la nation, était censé être celui qui allait enfin mener son club de cœur, le club de sa ville natale, à sa toute première victoire en Coupe d'Europe. Au lieu de cela, le Paris Saint-Germain a réussi cet exploit historique dès la fin de la toute première saison disputée après son départ pour Madrid. Et ça, pour un compétiteur de sa trempe, ça doit forcément faire mal, ça doit piquer au vif.

    Il faut d'ailleurs se souvenir que Luis Enrique, avec une audace qui avait surpris à l'époque, avait affirmé tout au long de la saison dernière que le PSG, en tant qu'équipe, que collectif, serait meilleur et plus équilibré sans Kylian Mbappé. Une affirmation qui avait fait couler beaucoup d'encre et suscité de nombreux débats. Samedi soir à Munich, par cette victoire éclatante et cette démonstration collective, son équipe lui a donné raison de la plus scintillante et de la plus indiscutable des manières.