Ce triomphe en Ligue des Champions, le Paris Saint-Germain aurait dû, en théorie, le connaître il y a une bonne décennie, peu de temps après le rachat du club par le fonds souverain qatari, Qatar Sports Investment (QSI). Mais cette attente interminable, souvent angoissante et parfois douloureuse pour les supporters parisiens, ne fera sans doute aujourd'hui que rendre ce succès historique encore plus savoureux et appréciable. Et puis, après tout, si le PSG n'avait pas été aussi souvent et aussi durement puni par le passé pour son approche parfois caricaturale dite "bling-bling" dans la construction de son équipe (basée sur l'accumulation de superstars aux égos parfois surdimensionnés), le club n'aurait peut-être jamais finalement changé son fusil d'épaule pour enfin prioriser le recrutement de joueurs à fort potentiel plutôt que de stars déjà établies et souvent en fin de cycle.
En effet, quoi que l'on puisse penser par ailleurs du projet qatari au Parc des Princes et de ses implications en termes de "sportswashing", le club parisien peut au moins aujourd'hui être salué et félicité pour avoir réussi à mettre sur pied une équipe excitante, séduisante et merveilleusement bien équilibrée. Une équipe dirigée de main de maître par un Luis Enrique à la personnalité attachante et au style de jeu affirmé. L'entraîneur espagnol s'inscrit d'ailleurs lui-même un peu plus dans les livres d'histoire du football en devenant seulement le deuxième entraîneur à remporter un triplé (championnat, coupe nationale et Ligue des Champions) avec deux clubs européens différents au cours de sa carrière.
Le Paris Saint-Germain, bien évidemment, n'a rien d'un "petit poucet" ou d'un outsider improbable. Beaucoup de ces jeunes joueurs fantastiques qui composent aujourd'hui l'effectif ont coûté énormément d'argent à recruter. Mais si ce triomphe en Ligue des Champions est indéniablement celui de la puissance financière du "oil money", il constitue aussi, et c'est peut-être plus important et plus réjouissant pour l'avenir du football, une victoire plus acceptable et plus "palatable" de l'exubérance et de l'insouciance de la jeunesse sur l'expérience parfois calculatrice de joueurs plus âgés.
Compte tenu de la jeunesse de son effectif et du talent qui le compose, cette équipe du PSG pourrait en réalité devenir encore meilleure, encore plus forte et plus dominante dans les années à venir – une perspective qui doit sans aucun doute terrifier le reste de l'Europe du football. Il aura peut-être fallu 14 longues années à QSI pour enfin remporter une première Coupe d'Europe avec le PSG. Mais aujourd'hui, au vu de la qualité du projet en place, on a le sentiment très net que la deuxième ne devrait pas demander autant de patience. L'ère du PSG est peut-être enfin arrivée.