Face aux micros, la justification de Didier Deschamps fut prudente : "De par ce qu’il a fait la saison dernière à Francfort, Hugo se retrouve à Liverpool. On le suivait déjà en Allemagne. C’est très bien qu’il soit efficace. Cependant, il y a de la concurrence. Je ne vais pas accumuler les joueurs, mais il a le potentiel pour l’équipe de France" Une reconnaissance des qualités, mais une porte seulement entrouverte. Pour étayer son choix, le sélectionneur a avancé un argument tactique, différenciant le profil d'Ekitike, un « avant-centre essentiellement axial », de celui du nouveau venu Maghnes Akliouche, décrit comme « plutôt un joueur de côté ».
Pourtant, cet argumentaire peine à convaincre totalement. La liste des attaquants retenus - Kylian Mbappé, Ousmane Dembélé, Michael Olise, Marcus Thuram, Maghnes Akliouche, Rayan Cherki et Bradley Barcola - révèle une diversité de profils où les joueurs capables d'occuper l'axe ne manquent pas, à commencer par le capitaine Mbappé et Marcus Thuram. De plus, l'absence notable de Randal Kolo Muani, qui semblait bien installé dans le groupe, aurait pu logiquement libérer une place pour un profil de numéro 9. La convocation surprise d'Akliouche apparaît alors moins comme une nécessité tactique absolue que comme un choix délibéré d'explorer une autre voie.
Dès lors, la décision de Deschamps pourrait s'interpréter au-delà du simple critère sportif. Le sélectionneur est réputé pour son attachement à la cohésion du groupe et à la continuité. Un joueur comme Ekitike, dont le passage au PSG a laissé l'image d'un fort caractère et d'une gestion parfois complexe , pourrait être perçu comme un élément dont l'intégration demande plus de précautions qu'un nouveau venu jugé plus malléable. La non-sélection s'apparenterait alors moins à une sanction qu'à un test de patience, une manière de signifier au joueur que le talent seul ne suffit pas pour intégrer le cercle fermé des Bleus.