Alexander-Arnold leaves Liverpool GFXGetty/GOAL

Il quitte Liverpool gratuitement : Alexander-Arnold a-t-il détruit sa propre légende à Anfield ?

C'est donc enfin officiel, la nouvelle que beaucoup redoutaient est tombée : Trent Alexander-Arnold va quitter Liverpool cet été, très probablement pour rejoindre le Real Madrid. Chez les supporters des Reds, certains sont profondément frustrés, d'autres littéralement furieux ; mais au fond, personne n'est réellement surpris. On sentait la chose venir depuis des mois.

Alexander-Arnold a pourtant longtemps incarné le parfait "Scouser in the team", l'enfant de la ville, le pur produit du cru dont le rêve de gosse devenait réalité sous les yeux de tous. Formé au club depuis l'âge de six ans, il semblait à la fois désespérément désireux, et même prédestiné par son talent et son attachement au maillot, à devenir un jour le capitaine emblématique de Liverpool. Mais voilà, à un moment donné au cours de la dernière année environ, quelque chose a manifestement changé dans sa tête. Était-ce le départ de Jürgen Klopp la saison passée, dont l'impact émotionnel l'a peut-être touché plus durement encore qu'il ne l'anticipait lui-même ? Ou bien était-ce simplement l'envie d'un nouveau défi, d'un nouveau challenge dans un autre environnement ?

Quelle qu'en soit la cause exacte, la conséquence est là, brutale : un changement radical de perspective qui va aboutir au départ de l'un des joueurs les plus talentueux et les plus "bankables" de l'effectif des Reds... pour absolument rien, zéro euro, puisqu'il arrive en fin de contrat cet été. Dans ces conditions, une réaction de colère amère et virulente de la part des supporters d'Anfield est totalement inévitable – et il est probable qu'elle ne visera pas uniquement le joueur lui-même...

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    Quand le Ballon d'Or compte plus que le brassard de Liverpool

    Pour comprendre ce départ qui choque et divise, il faut peut-être revenir à une interview accordée par Trent Alexander-Arnold à Sky Sports en octobre dernier. Le journaliste lui avait alors demandé de classer ses ultimes objectifs de carrière parmi les options suivantes : remporter une nouvelle Ligue des Champions, devenir enfin capitaine de Liverpool, soulever un trophée majeur avec l'Angleterre ou bien gagner le Ballon d'Or. Après un petit temps de délibération, l'international anglais avait surpris son monde en choisissant... le Ballon d'Or.

    « [Je veux laisser l'image] d'une légende du football, de quelqu'un qui a changé le jeu », avait-il alors expliqué pour justifier son choix. « J'ai une devise personnelle qui est : 'Ne te contente pas de jouer le jeu, change les règles du jeu'. Pour être tout à fait honnête, je veux laisser cet héritage, être considéré comme probablement le plus grand arrière droit à avoir jamais joué au football. » Une ambition immense, presque démesurée.

    Il avait poursuivi son raisonnement, révélant une philosophie très axée sur l'accomplissement personnel : « Ce n'est que le matin qui suit ta retraite que tu peux enfin te regarder dans le miroir et te dire si oui ou non tu as donné absolument tout ce que tu avais. En fin de compte, peu importe le nombre exact de trophées que tu as gagnés ou le nombre de médailles que tu possèdes. Ce qui compte vraiment, c'est ce que tu as apporté au jeu, ta contribution, et si tu as réussi à atteindre ton plein potentiel. On me parle de mon 'potentiel' depuis que j'ai l'âge de six ans. Si tu parviens à atteindre ce potentiel, à devenir le joueur que tu crois pouvoir être – c'est-à-dire l'un des meilleurs de tous les temps –, alors tu pourras être heureux et satisfait. Le nombre de trophées remportés n'a pas tant d'importance que ça au final, je suppose. »

    C'est sans doute à ce moment précis, à travers ces déclarations pour le moins surprenantes de la part d'un joueur formé au club et si attaché à sa ville, qu'il est devenu absolument clair pour beaucoup d'observateurs qu'Alexander-Arnold était sans doute déjà, dans sa tête, destiné à rejoindre le Santiago Bernabeu. Son objectif principal avait très nettement et irrémédiablement changé : il ne s'agissait plus de devenir une légende éternelle de Liverpool, mais bien d'acquérir un statut de superstar planétaire en rejoignant la constellation du Real Madrid.

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    Pourquoi TAA se trompe en rêvant du Ballon d'Or au Real

    Est-ce que le Real Madrid offrira réellement à Trent Alexander-Arnold une meilleure chance de remporter un jour le Ballon d'Or qu'à Liverpool ? Sur le papier, on pourrait le penser. Les Merengue restent le club le plus grand et le plus titré au monde, ayant remporté plus de deux fois plus de Coupes d'Europe/Ligues des Champions que n'importe quel autre concurrent. Et, point peut-être le plus important dans l'esprit de TAA, le Real Madrid prend le Ballon d'Or très, très au sérieux. Beaucoup trop sérieusement, même, pour être tout à fait honnête. Rappelons leur réaction furieuse et incroyablement mesquine l'année dernière, lorsque Rodri avait devancé de justesse leur protégé Vinicius Jr pour le trophée. Le club madrilène avait alors pris la décision puérile et embarrassante de boycotter purement et simplement la cérémonie de remise du prix à Paris. Un épisode qui non seulement a démontré une nouvelle fois le sentiment de supériorité et le droit quasi divin que semble s'arroger le club espagnol, mais qui a aussi souligné l'importance totalement démesurée qu'il accorde à une récompense individuelle dans un sport éminemment collectif.

    Cependant, même en tenant compte de cette obsession madrilène pour le trophée doré et du soutien probable de l'incroyablement puissant président Florentino Perez, il reste extrêmement difficile, voire quasi impossible, d'imaginer Alexander-Arnold avoir un jour la moindre chance d'être élu meilleur joueur du monde sous le maillot blanc. Avant même de penser au Ballon d'Or, s'imposer simplement comme LE meilleur joueur du Real Madrid au sein de cet effectif pléthorique relèvera déjà de la tâche herculéenne. Il lui faudrait pour cela réussir à surclasser et à éclipser sur l'ensemble d'une saison des joueurs du calibre de Jude Bellingham, Kylian Mbappé et Vinicius Jr... tout en évoluant depuis son poste d'arrière droit ! Mission quasi impossible.

    L'histoire récente plaide d'ailleurs contre lui : aucun défenseur n'a remporté le Ballon d'Or depuis près de vingt ans et le sacre de l'Italien Fabio Cannavaro en 2006 (principalement dû à sa Coupe du Monde exceptionnelle). Même en tenant compte de l'importance tactique accrue des latéraux dans le football moderne, il faudrait une campagne individuelle et collective absolument stratosphérique, hors du commun, pour qu'Alexander-Arnold puisse ne serait-ce qu'espérer être cité parmi les outsiders crédibles. Rappelons à cet égard l'exemple de son futur coéquipier (et concurrent ?) Dani Carvajal : celui-ci a remporté à la fois la Ligue des Champions et l'Euro lors de la même saison l'an dernier [2024], réalisant un doublé exceptionnel. Et pourtant, cette performance majuscule ne lui a même pas valu une place sur le podium final du Ballon d'Or (il a terminé 4ème). En ce sens, l'ancien milieu de terrain de Liverpool, Didi Hamann, a sans doute parfaitement raison lorsqu'il déclare sans détour : « Si gagner le Ballon d'Or est vraiment la raison principale pour laquelle il [TAA] veut rejoindre le Real Madrid, alors il devrait oublier ça tout de suite et rester à Liverpool ! »

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    Le prix de l'ambition : une légende à Liverpool sacrifiée ?

    Pour être tout à fait juste envers Trent Alexander-Arnold, il faut reconnaître qu'il est parfaitement conscient que beaucoup le jugeront "délirant" ou présomptueux de croire pouvoir un jour remporter le Ballon d'Or. Mais c'est aussi, selon sa propre perspective, passer à côté de l'essentiel de sa démarche. Dans son esprit, l'important n'est pas tant de savoir s'il soulèvera ou non le trophée un jour, mais plutôt de se mettre dans la meilleure position possible pour tenter de le faire, pour maximiser ses chances. Et il semble estimer que rejoindre le Real Madrid est l'étape cruciale et nécessaire dans cette quête personnelle.

    Ce transfert vers l'Espagne ne nuira certainement pas à ses chances (aussi infimes soient-elles objectivement) de Ballon d'Or, bien au contraire. Mais il ternira, inévitablement et profondément, son héritage et sa légende naissante à Liverpool. C'est un fait incontournable et sans doute douloureux pour les supporters des Reds.

    Même si certains, sur les réseaux sociaux notamment, tentent déjà avec amertume de minimiser, voire d'effacer, le rôle pourtant majeur joué par Alexander-Arnold dans les succès immenses de Liverpool sous l'ère Jürgen Klopp, sa contribution clé à cette période dorée ne pourra jamais être totalement oubliée. Ne serait-ce que pour ce fameux corner joué rapidement et avec génie contre le FC Barcelone lors de l'incroyable remontada de 2019 en Ligue des Champions, il restera à jamais gravé dans la légende et le folklore d'Anfield. Jürgen Klopp lui-même n'hésitait d'ailleurs pas à considérer le joueur formé au club comme la "recrue" (interne) la plus significative et la plus impactante de ses neuf années passées à la tête de l'équipe. Un compliment absolument immense quand on pense que des joueurs comme Mohamed Salah, Virgil van Dijk, Sadio Mané, Fabinho et tant d'autres grands noms ont été signés et ont brillé sous la direction de l'entraîneur allemand.

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    Le goût amer d'un départ 'gratuit'

    Le fait qu'Alexander-Arnold ait joué un rôle si prépondérant et symbolique dans l'une des ères les plus excitantes et fructueuses de l'histoire récente de Liverpool ne rend son départ imminent que plus difficile à accepter, plus douloureux à avaler pour les fidèles d'Anfield. Sur les réseaux sociaux et les forums de supporters, certains l'accusent déjà ouvertement de trahison envers son club de cœur, son club formateur. Une vague de négativité qui a d'ailleurs passablement irrité l'ancien défenseur des Reds, Stephen Warnock, qui a pris sa défense. « Je n'en reviens pas de voir toute cette négativité et cette haine dirigées contre Trent Alexander-Arnold... », a-t-il écrit sur Twitter. « Lire des commentaires comme 'Il devrait avoir honte' ou 'Il n'est pas loyal' est tout simplement délirant. Il a parfaitement le droit de faire ses propres choix de carrière et de vouloir se challenger dans un championnat différent, dans un pays différent. Il a absolument tout gagné avec Liverpool, il a été un serviteur incroyable et exemplaire pour le club et il mériterait de recevoir de magnifiques adieux et un hommage appuyé de la part des fans. »

    Malheureusement pour Warnock et pour le joueur, il n'y a quasiment aucune chance que cela se produise dans les faits. Le départ d'Alexander-Arnold est bien trop chargé d'émotion négative pour espérer des adieux chaleureux et respectueux. La raison principale ? Parce qu'il ne fait pas que quitter Liverpool, son club de toujours ; il le quitte gratuitement, en arrivant au terme de son contrat, sans que le club ne perçoive la moindre indemnité de transfert. L'ancien défenseur emblématique Jamie Carragher a bien tenté, maladroitement, de minimiser l'impact de ce départ "gratuit" en rappelant qu'Alexander-Arnold n'avait initialement rien coûté au club lors de son arrivée en équipe première, puisqu'il était un pur produit du centre de formation. Mais cet argument, loin d'atténuer la pilule, ne fait en réalité que rendre la situation financièrement encore plus préjudiciable pour Liverpool. Dans le contexte économique actuel et avec les règles financières de plus en plus strictes (PSR), réaliser des "profits purs" sur la vente de joueurs issus du cru est devenu d'une importance absolument cruciale pour l'équilibre budgétaire des clubs anglais.

    L'argent non négligeable qu'une vente d'Alexander-Arnold aurait pu générer l'été dernier, si le joueur ou le club avaient anticipé la situation, aurait ainsi pu être judicieusement réinvesti pour recruter un remplaçant de haut niveau (qui sera forcément coûteux à trouver sur le marché) ou pour renforcer d'autres secteurs de l'effectif. À moins que le club n'estime que le jeune et prometteur Conor Bradley soit déjà prêt à reprendre durablement le flambeau au poste d'arrière droit. Quoi qu'il en soit, c'est une énorme plus-value potentielle qui s'envole, et une occasion manquée qui ne fait qu'ajouter à l'amertume générale entourant ce départ.

  • Chelsea FC v Liverpool FC - Premier LeagueGetty Images Sport

    Départ de TAA : la vraie faute revient aux dirigeants (FSG)

    Cependant, on peut difficilement tenir Alexander-Arnold pour seul responsable de l'énorme perte financière que représente son départ libre pour Liverpool. Même s'il nourrissait secrètement l'intention de laisser courir son contrat jusqu'à son terme afin de se rendre plus attractif pour le Real Madrid et de maximiser ses gains potentiels au Bernabeu, le club de Liverpool aurait pu – et surtout aurait dû – anticiper et l'en empêcher bien avant. Contrairement aux cas de Mohamed Salah et Virgil van Dijk, qui étaient eux aussi proches de la fin de leur bail avant de finalement prolonger leur engagement avec les Reds il y a peu, Alexander-Arnold n'a jamais vraiment donné le moindre signe clair indiquant qu'il souhaitait rester à Anfield au-delà de la fin de cette saison. Des trois dossiers chauds de joueurs en fin de contrat, il était de loin le plus susceptible de partir. Sa situation contractuelle aurait donc impérativement dû être réglée, d'une manière ou d'une autre (prolongation ou vente), dès l'été dernier, et non pas laissée en suspens jusqu'à ce point de non-retour.

    L'ancien défenseur Jamie Carragher a bien tenté d'insister sur le fait qu'il ne fallait pas jeter la pierre à Fenway Sports Group (FSG), le groupe propriétaire du club, en raison des récents et nombreux bouleversements en coulisses à Anfield (avec notamment une valse incessante des directeurs sportifs...). Mais, peut-on légitimement demander, à qui incombe la faute de ces bouleversements internes et de cette instabilité chronique au niveau de la direction sportive ? La responsabilité finale revient toujours aux patrons, aux décideurs ultimes. Quels que soient les problèmes ou les changements qui se tramaient au niveau de la direction, le dossier stratégique d'Alexander-Arnold aurait dû rester une priorité absolue : soit le convaincre de prolonger avec un contrat en béton, soit le vendre au plus offrant pendant qu'il était encore temps. Inutile de chercher à compliquer les choses ou à trouver des excuses : c'est aussi simple (et basique) que cela en matière de gestion d'actifs dans un club de football moderne.

    Les émotions complexes suscitées par l'annonce de son départ chez les supporters sont évidemment bien plus difficiles à analyser. Il y a d'abord, et c'est indéniable, une immense gratitude pour tout ce que Trent Alexander-Arnold a apporté à Liverpool depuis ses débuts. Les Reds n'auraient sans doute jamais atteint un tel niveau de jeu et de succès, n'auraient jamais été cette force collective aussi implacable qu'irrésistible sous l'ère Klopp, sans leur latéral droit aux allures de pirate, capable de délivrer des centres d'une précision diabolique et doté d'une qualité de passe longue franchement hallucinante. Mais il y a aussi, et c'est tout aussi indéniable et compréhensible, beaucoup de colère et d'amertume de le voir claquer la porte maintenant, juste au moment où il entre dans ses meilleures années de footballeur (26 ans), et surtout au moment où Liverpool, après une saison de transition, semble redevenu une force majeure capable de lutter pour les titres en Angleterre et en Europe. Ironie suprême, Alexander-Arnold était censé incarner l'avenir de Liverpool et l'aider à battre le Real Madrid dans les années à venir, pas à le rejoindre pour tenter de gagner un Ballon d'Or...

  • Manchester City FC v Liverpool FC - Premier LeagueGetty Images Sport

    La fin d'une belle histoire d'amour (et le début des regrets ?)

    Au-delà de la colère ou de l'incompréhension, c'est finalement surtout un profond sentiment de tristesse et de gâchis qui prédomine à l'idée qu'une si belle histoire d'amour, quasi idyllique, entre Liverpool et son enfant prodige se termine ainsi, de manière aussi abrupte, décevante et quelque peu mélancolique. Les joueurs d'un seul club, fidèles à leurs couleurs du début à la fin de leur carrière, sont une espèce en voie de disparition dans le football moderne. Mais Trent Alexander-Arnold semblait sincèrement destiné à en faire partie, à devenir ce modèle ultime pour les générations futures, ce joueur qui trace un chemin radieux depuis les terrains de l'académie jusqu'au capitanat à Anfield.

    N'avait-il pas lui-même déclaré, il n'y a pas si longtemps, que les trophées remportés par Liverpool sous l'ère Klopp avaient intrinsèquement plus de valeur que ceux accumulés par Manchester City sur la même période, car, disait-il, « Nous [Liverpool] luttons contre une machine qui est bâtie et programmée pour gagner » ? Une déclaration forte, pleine de sens et d'attachement. Et pourtant, le voilà aujourd'hui qui s'apprête à rejoindre le Real Madrid, ce club richissime, le plus puissant et le plus titré d'Europe, soutenu lui aussi par des moyens financiers considérables et une forme de pouvoir quasi étatique. Son choix manque cruellement de cohérence avec ses propres discours passés et laisse un arrière-goût amer.

    Mais, comme Alexander-Arnold l'a lui-même laissé entendre lors de son interview à Sky Sports, il n'est peut-être plus guidé principalement par la quête de trophées collectifs avec une équipe particulière, mais bien par l'accomplissement d'objectifs personnels, par la réalisation de son potentiel individuel maximal. Il n'y a sans doute rien d'intrinsèquement étrange ou d'inhabituel à cela dans le football moderne, où les carrières sont souvent gérées comme des entreprises individuelles. La majorité des footballeurs professionnels d'aujourd'hui pensent probablement de la même manière.

    Les supporters de Liverpool, eux, resteront cependant profondément meurtris et déçus par ce dénouement. Le mieux qu'Alexander-Arnold puisse désormais espérer est un adieu sobre et respectueux, sans effusion excessive, lors des dernières semaines de la saison. Difficile d'imaginer un hommage grandiose quand on sait qu'il négociait son transfert à Madrid en coulisses pendant que son équipe se battait encore pour le titre de champion, créant ainsi une distraction et une source de tension totalement superflues et évitables. Le ressentiment profond et durable des fans des Reds est donc parfaitement compréhensible : Trent était l'un des leurs, l'enfant de la ville, le "Scouser" qui vivait le rêve partagé par des milliers d'entre eux. Mais voilà, Alexander-Arnold a apparemment fini de réaliser ce rêve-là, et il s'en est trouvé un nouveau, plus personnel, plus brillant à ses yeux.

    Dans son esprit, courir après l'objectif quasi inaccessible du Ballon d'Or sous le maillot du Real Madrid signifie désormais plus que de porter un jour le brassard de capitaine de Liverpool à Anfield. Malheureusement pour lui, et c'est là toute l'ironie tragique de son choix, il y a fort à parier qu'il n'obtiendra au final jamais ni l'un (le Ballon d'Or) ni l'autre (le capitanat qu'il semblait convoiter). Et seul Alexander-Arnold saura, le jour où il se regardera dans le miroir après la fin de sa carrière, si ce sacrifice de son statut d'icône potentielle à Liverpool en valait vraiment la peine.