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Après l'échec Tudor, la Juve tente le pari Spalletti : un bâtisseur pour un chantier en ruines

La statistique est saisissante. Avant son rebond de mercredi avec le coach interimaire Massimo Brambilla (succès 3-1 contre l'Udinese), la Vieille Dame n'avait signé aucun succès pendant un mois et demi (depuis le 13 septembre). Elle était aussi incapable de trouver le chemin des filets durant 360 minutes – une première depuis 1991. Cela ne pouvait que déboucher sur un remaniement de la barre technique.

 L'instabilité est devenue la norme à Turin. Pirlo, Allegri (le retour), Motta, Tudor... et maintenant Spalletti. Le sixième technicien en cinq ans. Le licenciement d'Igor Tudor, qui avait pourtant sauvé les meubles la saison passée en arrachant la C4, n'est que le symptôme d'un mal profond. La Juventus, 25e sur 36 en Ligue des Champions, 8e en championnat, n'est plus un cador. C'est un géant malade qui a besoin d'un remède immédiat. Et ce remède, selon le directeur général, le Français Damien Comolli, et le conseiller Giorgio Chiellini, s'appelle Luciano Spalletti.

Ce choix, qui devrait être officialisé ce jeudi, est tout sauf une évidence. Il dit l'urgence d'un club prêt à signer un contrat court (juin 2026) à 3 millions d'euros nets, assorti d'une simple clause de prolongation en cas de qualification pour la Ligue des Champions. Il dit aussi le pragmatisme d'un entraîneur de 66 ans qui accepte une mission commando, huit mois seulement après son départ piteux de la Nazionale, limogé suite à une défaite humiliante en Norvège.

  • Spalletti 2x1Getty Images

    Le choix d'un coach revanchard

    Car c'est bien là que réside tout le paradoxe de cette nomination. La Juventus ne s'offre pas le Spalletti triomphant, celui qui a ramené un Scudetto historique à Naples en 2023 avec un football champagne. Elle s'offre le Spalletti "ferito" (blessé), comme le souligne le Corriere dello Sport, celui qui cherche une revanche personnelle.

    Pendant que la direction, Chiellini en tête, vante son "expérience" et son "jeu moderne",les tifosi, eux, doutent. Un sondage Sport Mediaset le plaçait en troisième position de leurs favoris, derrière Palladino et Mancini. Auprès de l'opinion publique, on rappelle aussi son âge, son caractère rigide – qui a tant fait parler à Rome avec Totti – et, surtout, ce récent échec avec La Nazionale (12 victoires pour 6 défaites en 24 matchs). Malgré ce tableau, la direction bianconera, elle, fait donc le pari inverse : celui que le "bâtisseur" (selon les termes propres à Comolli) saura redonner confiance à un groupe à la dérive, comme il l'avait fait lors de son arrivée à l'Inter en 2017.

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  • FBL-ITA-SERIE A-JUVENTUS-UDINESEAFP

    Un 4-2-3-1 comme électrochoc ?

    Spalletti n'arrive pas pour faire de la figuration. Il doit apporter ce que Tudor n'a jamais su offrir : une identité de jeu claire et, surtout, offensive. Fini le jeu direct et stérile du Croate. Le Toscan va importer son 4-2-3-1 fétiche, celui du titre napolitain. Un système conçu pour remettre les talents au centre du projet. Le premier chantier sera Dusan Vlahović. L'attaquant serbe (12M€ annuels), isolé et famélique sous Tudor, doit redevenir le pivot qu'était Osimhen à Naples.

    Le second bénéficiaire désigné est Kenan Yıldız. Le prodige turc devrait être installé en numéro 10, protégé par un double pivot (Locatelli-Thuram ?) mais libre de créer. L'objectif est clair : utiliser le pressing haut, les transitions rapides et la largeur (via Cambiaso et Kalulu) pour enfin faire marquer cette équipe. Le chantier est immense, car au-delà de Vlahović, les recrues estivales offensives (David, Openda) pèsent un seul but à elles deux.

  • FBL-EUR-NATIONS-ITA-GERAFP

    Entre rigueur tactique et gestion des égos

    Spalletti n'est pas un magicien, c'est un méthodiste. Son staff (Domenichini, Sinatti) est réputé pour son exigence obsessionnelle. Si Tudor était rigide, Spalletti est décrit comme un "maniaque" du détail tactique. Sa philosophie repose sur une discipline collective totale, où le talent individuel doit se mettre au service de l'équipe.

    C'est là que le pari devient risqué. Le Toscan, qui n'a jamais entretenu de relation particulière avec la Juve – si ce n'est une rivalité féroce du temps de l'Inter et de Rome –, saura-t-il gérer un vestiaire qui n'a pas la même culture de la "gagne" que ses aînés ? Saura-t-il, comme le demande Fabio Capello, ne pas être "têtu" et adapter son jeu à un effectif qu'il n'a pas choisi ? Son contrat court le dit : il n'est pas là pour bâtir sur trois ans, mais pour sauver une saison. La qualification en Ligue des Champions est la seule ligne de son cahier des charges.

    Samedi, à Crémone, Luciano Spalletti jouera déjà une partie de son avenir. Pour le "romantique" revenu chercher un dernier frisson sur un banc, et pour la Juventus, qui ne peut plus se permettre le moindre faux pas, l'échec n'est tout simplement pas une option.

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