Il y a des soirs où l’esthétique cède la place à l’histoire. À Bilbao, Tottenham a soulevé la Ligue Europa dans un frisson collectif, une délivrance que le club n’avait plus connue depuis 2008. Le but victorieux de Brennan Johnson, sur un centre de Pape Matar Sarr mal repris puis miraculeusement repropulsé au fond (42e), n’avait rien d’un chef-d’œuvre. Mais qu’importe. Ce fut le but d’un triomphe attendu depuis des décennies. Un but que tous les supporters des Spurs graveront, non pour sa beauté, mais pour ce qu’il symbolise.
La revanche de Postecoglou
Moqué, chahuté, parfois méprisé, Ange Postecoglou est aujourd’hui un homme vengé. L’entraîneur australien a résisté aux vents mauvais, aux critiques sur son jeu, sur ses choix, sur sa gueule. À l’heure de vérité, il a fait ce que Mourinho, Conte ou Pochettino n’avaient su accomplir : ramener un trophée à Tottenham. Et si ce titre a été bâti sur le dos d’un repli collectif, d’un gardien en état de grâce et d’un football minimaliste, il est aussi le fruit d’une foi inébranlable. Vicario, impérial sur sa ligne, a multiplié les arrêts. Van de Ven, sur sa ligne, a sauvé l’indéfendable. Et Son, entré pour gérer la fin, a incarné la fidélité récompensée.
United, des regrets plein les bras
Manchester United, lui, aura loupé le coche. Dominateur en seconde période, avec trois occasions nettes — Højlund, Fernandes, Garnacho —, il n’a pas su briser le verrou londonien. Le manque d’efficacité, une fois de plus, aura coûté cher. Et le bilan est terrible : une saison blanche, une non-qualification pour l’Europe, et une finale perdue face à un Tottenham loin d’être irrésistible. Amorim pourra regretter que son équipe ait attendu la 68e minute pour se montrer réellement menaçante.
Getty ImagesUn match au rabais, mais une coupe bien réelle
Cette finale, 100% anglaise, avait tout pour faire saliver. Elle s’est transformée en purgatoire footballistique. 106 passes seulement pour Tottenham, une seule frappe cadrée avant le but, et un rythme au ras des pâquerettes. Mais c’est souvent ainsi que s’écrivent les histoires les plus solides. Dans l’effort et dans l’abnégation.
Le triomphe d’une équipe qu’on n’attendait plus
Ce 21 mai 2025, Tottenham a mis fin à une éternité d’attente. Les hommes de Postecoglou ont ramené à Londres une coupe européenne, leur première depuis 1984. C’est moche, mais c’est grand. Et dans le foot, la grandeur ne tient parfois qu’à un orteil bien placé.




