Les sifflets du Parc des princes envers Neymar et Messi contre Bordeaux ont fait le tour du monde. Mais ces sifflets n'étaient pas seulement liés à l'élimination du PSG en Ligue des champions, quelques jours plus tôt. Ils sont la conséquence d'un mal plus profond.
Depuis le rachat du club par le Qatar, le PSG assomme la Ligue 1 et empilent les stars, qui sont surpayées et qui bénéficient de passe-droits, les empêchant de construire un collectif cohérent dont le seul objectif de la saison se résume à gagner la Ligue des champions.
Depuis plusieurs saisons, les stars du PSG ont ainsi pris le pouvoir au détriment des entraîneurs. Pochettino, comme Tuchel et Emery avant lui, ont tenté de bâtir, en vain, un collectif.
Le PSG est une brillante démonstration de ce qu'il ne faut pas faire dans le football : injecter des millions pour s'offrir des stars sans avoir un véritable projet de jeu.
Un autre club est d'ailleurs en train de suivre la voie du PSG : Manchester United. Au-delà du bilan moyen de Ralf Rangnick, entraîneur-intérimaire jusqu'à la fin de saison, c'est le retour de Cristiano Ronaldo, dans les dernières heures du mercato d'été, qui fait écho au projet parisien.
Comme au PSG, Manchester United est une équipe qui s'en remet d'abord aux exploits de sa star plutôt qu'à son collectif (son triplé contre Tottenham en est la parfaite illustration). Autre point commun : la mauvaise ambiance qui règne au sein du vestiaire mancunien et qui fait le bonheur des tabloïds anglais.
A une époque pas si lointaine, une équipe pouvait s'en remettre à un seul joueur afin de gagner et de régner sur la planète football. Mais ces cinq dernières années, le football européen a profondément changé, notamment au niveau tactique. La rivalité Messi-Ronaldo a ainsi été éclipsée par la domination de clubs comme Manchester City et Liverpool.
Dans ces deux équipes, les footballeurs apprennent des schémas de jeu pratiquement par cœur à la façon des joueurs de la NFL (la grande ligue de football américain) et se comportent sur le terrain comme des « robots », laissant peu de place à l'improvisation ou au génie d'un seul joueur.
Depuis les trois sacres consécutifs du Real Madrid de Zinédine Zidane en Ligue des champions, qui s'appuyait d'abord et avant tout sur Cristiano Ronaldo, les trois entraîneurs qui ont inscrit leur nom au palmarès sont Jürgen Klopp (Liverpool), Hansi Flick (Bayern Munich) et Thomas Tuchel (Chelsea). Et ces trois entraîneurs allemands mettent un point particulier à travailler le positionnement et le mouvement de chaque joueur sur le terrain.
Bien évidemment, on trouve des stars dans les équipes de ces entraîneurs mais celles-ci doivent s'intégrer à un système de jeu et non l'inverse.
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si cette saison, en Ligue des champions, le PSG et Manchester United ont déjà pris la porte. Le dernier grand club européen qui repose sur une star est… le Real Madrid avec Karim Benzema. Mais Carlo Ancelotti ferait bien de s'adapter à l'évolution du football. Car sans Benzema, le Real Madrid a été balayé 4-0 à domicile lors du dernier Clasico et ce résultat sonne comme un avertissement. De nombreux observateurs ne donnent d'ailleurs aucune chance au Real Madrid face à Chelsea pour les quarts de finale de la Ligue des champions en avril prochain.
La large victoire du Barça lors du Clasico porte la signature de Xavi, arrivé à la tête de l'équipe en novembre dernier. Héritier de Pep Guardiola, dont il a été le joueur au sein du club catalan, il privilégie le collectif sur les individualités et préfère donner sa chance à des joueurs issus de la Masia plutôt qu'au recrutement de noms ronflants.
Concernant le PSG, à moins d'un grand ménage, le club va continuer à faire confiance à ses stars. Mais peut-être que cette philosophie pourrait marcher avec un Zinédine Zidane aux commandes, ce dernier étant régulièrement annoncé comme le futur successeur de Pochettino.
Le champion du monde 1998 possède une aura naturelle et sa reconversion en tant qu'entraîneur est un véritable succès. Au Real Madrid, il a su gérer un vestiaire miné par les égos et a construit une équipe autour de Cristiano Ronaldo.
Mais même en cas d'une éventuelle réussite de Zidane avec le PSG, il s'agirait d'un contre-exemple. Ancelotti et Zidane sont les derniers entraîneurs à miser principalement sur l'aspect psychologique plutôt que sur un profond travail tactique.
Tuchel a ainsi échoué dans sa volonté de changer la philosophie du PSG et Rangnick est dans la même situation avec Manchester United. Si Pochettino venait à lui succéder, l'été prochain, il sera intéressant de voir si l'Argentin subit le même sort qu'au PSG.




