Il y a des parcours comme ça où rien ne vous est donné. Où il faut cravacher pour s'ouvrir les portes et atteindre ses objectifs. Celui de Jordan Faucher (27 ans) en est le parfait exemple. Arrivé au Red Star (L2) l'été dernier après six grosses années à l'étranger, l'attaquant s'est accroché. Un parcours tout en abnégation démarré à Metz où il n'est pas passé professionnel malgré son statut de meilleur buteur et une Coupe Gambardella remportée en 2010, avec Bouna Sarr, Kalidou Koulibaly et consorts. "La persévérance ? Il n'y a que ça, confirme l'intéressé pour Goal. En finale de Gambardella, je marque contre Sochaux, le club contre lequel je m'étais blessé un an plus tôt. Pour moi, c'était un signe du destin. J'ai toujours voulu jouer au foot. Ce n'est pas une blessure qui allait m'empêcher d'être pro."
Tours lui a offert cette opportunité à 19 ans. "Si je signe à Tours, c'est parce qu'à Metz on me propose de reprendre avec la réserve alors que je vois mes potes reprendre avec le groupe pro. Je n'ai pas compris, sachant que j'avais fini meilleur buteur du championnat en 19 ans et que j'avais marqué lors des trois derniers tours de Gambardella. Je pensais être un de ceux qui méritaient le plus", nous explique l'offensif du Red Star. "J'ai été vexé de leur proposition, précise-il, "triste de ne pas avoir signé professionnel dans mon club formateur, mais sans regret". Car il le reconnaît aisément. "Ça a été un peu plus compliqué pour moi physiquement après ma grosse blessure. J'ai mis un peu plus de temps que d'autres à évoluer et ça m'a demandé beaucoup d'efforts pour passer un cap."
Les routes empruntées par Jordan Faucher ont été "sinueuses". Après Tours, il est parti en Belgique (Tournai, Antwerp). Puis en Israël où il est resté quatre ans, marquant 77 buts en D2 et D1 avant de signer au Red Star. "L'éloignement commençait à me peser, raconte-il au moment d'expliquer son retour en France. J'avais envie de prouver que je pouvais être aussi performant ici que dans le championnat israélien, et être basé à Paris est vraiment un plus pour moi qui ai vécu loin de tout pendant plus de six ans."
Le natif de Créteil, en région parisienne, n'est pas du genre à regarder en arrière. Mais avec le recul, il se dit que six ans c'est long. Surtout quand vous restez aussi loin des radars dans votre pays natal. "Les opportunités m'ont amené à droite, à gauche. En pesant le pour et le contre, ça s'est fait comme ça. J'étais en contact avec le Red Star depuis l'année dernière, et hormis ça rien de concret", ajoute l'attaquant, dont le parcours en Israël a été semé de rebondissements.
Une longue histoire autour de son transfert en Israël
"Quand je suis parti d'Antwerp, ce n'était pas forcément prévu. À l'époque, je travaillais avec un agent belge et israélien. Il restait dix jours avant la fin du mercato et j'ai demandé à partir parce qu'on n'était pas payé depuis plusieurs mois. Il m'a proposé un club de D1 israélienne. Tout était ok. Mais avant de partir, je me suis rendu compte que mon passeport était expiré. Du coup, je n'ai pas pu prendre le vol qu'ils m'ont envoyé. J'ai appelé le président d'Antwerp pour lui dire que je prenais un autre vol. Le problème, c'est que ça tombait le jour d'un match de championnat et que je faisais encore partie du groupe. Il m'a dit 'non, tu partiras le lundi parce que dimanche on a match et tu es dans le groupe'. L'agent a rappelé le club pour décaler une seconde fois, et ils ont cru que je faisais traîner les choses... Ils ont fermé le dossier et ont pris un autre joueur. Je me suis retrouvé le bec dans l'eau à quelques jours de la fin du mercato. Alors, l'agent m'a dit : 'Il reste un club en D2. Ils te veulent. Ce sera juste un prêt avec option d'achat. Le salaire sera bon, et la ville est très agréable.' En gros, tu fais six mois au soleil, tu t'éclates, et quand tu reviens, on aura le temps de trouver autre chose." Mais tout ne s'est pas passé comme prévu...
Prochain match:
Jordan Faucher a inscrit 10 buts en 12 matches et avant même qu'il ait eu le temps de dire "ouf", le président du Maccabi Herzliya, où il est resté trois ans, avait déjà levé l'option d'achat. "Je ne m'attendais pas du tout à ça. On en a discuté avec mon ancien agent. Il m'a convaincu de rester en me disant que j'aurais des offres de plus gros clubs. J'ai signé. Et effectivement, il y a eu de très belles propositions, mais le président n'a jamais voulu me vendre. Du coup, je suis resté jusqu'à la fin de mon contrat." Trois saisons au cours desquelles il a continué de marquer. Et après avoir finalement découvert la D1 israélienne, on le retrouve en France, où il a inscrit 3 des 14 buts du Red Star en Ligue 2.
"Au niveau des statistiques, c'est moyen, mais il ne faut pas lâcher", réplique-t-il, avec l'envie de faire mieux. Pour peut-être un jour suivre les traces de son ami Umut Bozok, qui comme lui n'est pas passé professionnel à Metz et qui découvre la Ligue 1 avec Nîmes cette saison. "C'est marrant parce que j'étais en vacances avec lui cet été, révèle-t-il à l'évocation du nom de l'attaquant franco-turc. On est potes et on a une carrière un peu similaire." Pour la suite, il faudra voir ce que ça donne.