Les histoires d’amour finissent mal, en général. Et en ce jour de Saint-Valentin, la maxime ne perd pas de son sens concernant Vadim Vasilyev et Monaco. L’homme fort des dernières années sur le Rocher n’est désormais plus le vice-président du club et les mauvais résultats sportifs depuis le début de la saison, conséquence directe de plusieurs mercatos manqués, invalident la manière dont il aura mené la politique sportive du club jusqu’au bout. Couronné de succès lors de la saison 2016-2017, Vadim Vasilyev aura contribué à écrire une des plus belles pages de l’histoire du club.
La mise en place d’un modèle économique et sportif
À son arrivée en janvier 2013, Vadim Vasilyev imaginait peut-être déjà tout le succès qu’il pourrait avoir en Principauté. Mais celui qui était alors le conseiller du propriétaire Dmitri Rybolovlev - avant d’en devenir le directeur sportif puis le vice-président - partait de loin. Depuis, le train monégasque a filé, de la remontée en Ligue 1 à l’arrivée de Radamel Falcao jusqu’au titre de champion de France 2017 et à une inoubliable épopée en Ligue des champions. Un bilan qui - malgré le ternissement des derniers mois - restera comme l’un des plus glorieux de l’histoire du club.
Après le premier gros succès de la remontée au sein de l’élite, l’AS Monaco et son richissime propriétaire avaient entamé un projet dantesque qui avait vocation à concurrencer celui du Paris Saint-Germain. Le club de la Principauté avait alors entrepris des investissements massifs pour enregistrer les arrivées de joueurs comme Radamel Falcao, James Rodriguez ou encore Joao Moutinho. Mais le projet n’avait pas fait long feu en raison des règles restrictives du Fair Play Financier. Sans ressources liées à la billetterie ou au marketing, l’AS Monaco sous pavillon russe devait se réinventer.
Vadim Vasilyev, première voix du club et principal artisan de sa politique, a alors agit de main de maître. Le dirigeant de 53 ans, assisté par Luis Campos, avait mis en place un modèle économique et sportif basé sur l’achat de jeunes talents, leur maturation à haut niveau et à leur exposition sur les terrains d’Europe pour une revente et des profits maximisés. Avec 5 podiums, un titre de champion de France et une demi-finale de Ligue des champions, Vadim Vasilyev avait su lier un businesss modèle à une réussite sportive que le club n’avait plus connu depuis 17 ans. Depuis l'été 2017 et la "fuite des talents", le club a acheté pour 219,7 millions d'euros pour un total de ventes qui s'élève à 589,1 millions d'euros*.
La chute s’est amorcée à l’été 2017
Même si le début de la chute se situe très certainement à l’été 2017, juste après le titre de champion de France et la saison extraordinaire du club de la Principauté, il convient de mentionner également le départ de Luis Campos, un an auparavant. Au mois de juin 2016, l’ancien directeur sportif avait annoncé son départ dans un communiqué laconique qui mentionnait tout de même Vadim Vasilyev. « J'aimerais remercier tout particulièrement le président, ainsi que le prince pour tout le soutien qu'ils m'ont donné, et surtout Vadim qui a été la personne avec laquelle – nous sommes arrivés pratiquement ensemble – j'ai passé le plus de temps à travailler dans le développement du club », avait-il écrit. Près de trois ans plus tard, beaucoup considèrent que cette séparation fut la véritable bascule, masquée par la saison qui suivi et la récolte de tout ce qui avait été semé.
Avec Antonio Cordon à ses côtés pour les mercatos d’été 2016 et 2017 puis avec Michael Emenalo pour l’exercice 2018, Vadim Vasilyev a enrayé la machine qu’il avait lui-même lancé. Car la seule vente des meilleurs éléments du club (Mbappé, Bernardo Silva, Mendy, Bakayoko, Fabinho, Lemar…) n’est pas responsable de la dégradation du modèle. Le recrutement effectué ces deux dernières années l’est tout autant. « Des erreurs importantes ont été commises l’année dernière, ce qui nous a menés aux pires résultats sportifs que le club ait connus depuis sept ans, expliquait pour sa part Dmitri Rybolovlev dans le communiqué. De tous les recrutements majeurs effectués depuis (Keita Baldé, Tielemans, Kongolo, Jovetic, Diakhaby, Meité, Mboula, Benaglio, Ghezzal, Pierre-Gabriel, Panzo, Barrecca, Golovin, Aholou, Pelé, Geubbels, Grandsir), aucun n’a apporté ou n’a encore apporté de véritable satisfaction.
Le modèle construit en 2015 reposait sur un équilibre des forces entres celles qui quittaient le club et celles qui étaient censées y arriver pour les remplacer. Baldé Keita, Youri Tielemans ou Adama Diakhaby, recrutés à l’été 2017 pour arriver à maturité cette saison, ne portent même plus le maillot monégasque et les rouages de la machine sont aujourd’hui quasiment à l’arrêt. À 24 points du podium et à 18 points de la 5e place, il est quasiment acté que l’AS Monaco sera privée de Coupe d’Europe la saison prochaine : ultime coup porté à l’édifice. Après le grand ménage des joueurs effectué cet hiver, Dmitri Rybolovlev souhaite donc ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire. Mais le départ de Vadim Vasilyev ne fera pas repartir Monaco de zéro. Car même si l’épilogue de la saison devait être chaotique, le dirigeant russe ne laisse pas derrière lui un champ de ruines mais bien un club à l’histoire renforcée.


