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L'équipe qui a fait grandir une nation : le legs irremplaçable du Team USA 2002

Bienvenue dans Legacy, le podcast de GOAL qui lance le compte à rebours vers le Mondial 2026. Chaque semaine, nous explorons les histoires et l'âme des nations qui font vibrer la planète foot. Je suis Tauan Ambrosio, et dans cet épisode, inspiré d'un récit de Ryan Tolmich, nous revisitons l'un des chapitres les plus extraordinaires de l'histoire du football américain : cet été 2002 où la sélection masculine des États-Unis a stupéfié le monde entier.

De la victoire choc contre le Portugal à l'inoubliable "Dos a Cero" contre le Mexique, sans oublier le crève-cœur de cette main non sifflée contre l'Allemagne, ce tournoi a tout changé. Ce fut le moment où l'équipe US a prouvé qu'elle pouvait regarder les meilleurs dans les yeux, une épopée qui définit encore le soccer américain plus de deux décennies plus tard.

Malgré tout ce qui s'est passé dans le football américain au cours des 23 années qui ont suivi ce Mondial inoubliable, une question hante toujours les esprits : et si l'arbitre avait sifflé cette maudite main ? À l'été 2002, le VAR n'existait pas, aucun moyen pour les officiels de revenir sur leur décision. La main de Torsten Frings a bel et bien stoppé le ballon sur la ligne, c'est indéniable. Imaginez ce qui aurait pu se passer si cela avait été reconnu ce jour-là, et non 23 ans trop tard.

Si le coup de sifflet avait retenti, si ce jour avait souri aux Américains, ce parcours légendaire aurait pu aller encore plus loin — au moins d'une marche. Pourtant, même sans ce coup du sort, l'été 2002 reste un moment fondateur. C'est l'instant précis où la sélection américaine a véritablement débarqué sur la scène mondiale, pavant la voie pour tout ce qui allait suivre.

C'était l'été où les États-Unis se sont hissés en quarts de finale, la performance la plus aboutie de leur histoire. Certes, le Mondial 1994 avait inauguré une ère nouvelle pour le soccer en Amérique, mais à bien des égards, 2002 en fut l'apogée. Lors de cette aventure en Corée du Sud et au Japon, l'USMNT (comme elle est surnommée au pays de l'Oncle Sam) est allé plus loin que n'importe lequel de ses prédécesseurs ou successeurs.

En chemin, ils ont fait tomber un géant européen, remporté un match décisif contre leur rival historique et, tout au long du voyage, le monde a découvert des visages comme Landon Donovan et DaMarcus Beasley, des icônes qui allaient définir toute une génération.

C'est pourquoi, même aujourd'hui, l'impact de ce tournoi est incontestable. Il demeure la référence absolue pour le programme américain, un sommet que la nation n'a pas encore réussi à atteindre de nouveau. C'était la plus belle prestation des États-Unis en Coupe du Monde, et elle a influencé toutes celles qui ont suivi.

Le décor est planté

USA goalscorer Brian McBride (2/L) celebrates hisGetty Images

Pour saisir à quel point ce parcours de 2002 était improbable, il faut comprendre d'où venait cette équipe. C'était un groupe à la charnière de l'ère moderne, mais qui n'y était pas encore tout à fait. Si 1994 avait été le catalyseur du football en Amérique, le tournoi de 1990 avait marqué le retour des États-Unis après 40 ans d'absence au plus haut niveau.

Un retour brutal : balayés d'entrée, trois défaites, six buts encaissés. Puis vint 1994. Sous les yeux du monde entier, à domicile, les États-Unis livrèrent une performance respectable, sortant des poules avant de tomber en huitièmes, montrant des signes de vie dans un pays où le ballon rond avait le vent en poupe.

Puis arriva 1998. Alors que l'élan s'était construit sur quatre ans, les États-Unis s'effondrèrent totalement en France, perdant à nouveau leurs trois matchs. Les questions fusèrent : 1994 était-il un accident ? Cette équipe américaine pouvait-elle, de manière réaliste, rivaliser avec l'élite mondiale hors de ses frontières ?

Il semblait même que les États-Unis n'auraient peut-être pas l'occasion de répondre. Sous la houlette de Bruce Arena, une nouvelle ère débuta, utilisant 37 joueurs durant les qualifications. Le parcours fut semé d'embûches et de polémiques, notamment vers la fin du tournoi hexagonal où les Américains gâchèrent une avance confortable avec des défaites consécutives face au Mexique, au Honduras et au Costa Rica.

Ils avaient besoin que les résultats tournent en leur faveur — et ce fut le cas. Grâce à une victoire sur la Jamaïque lors de l'avant-dernier match et un nul contre Trinité-et-Tobago pour conclure, les États-Unis se qualifièrent, mais de justesse.

"La mission était simple", racontait le milieu de terrain Earnie Stewart à U.S. Soccer en 2022. "Nous devions gagner nos matchs et ensuite attendre le reste, sur lequel nous n'avions aucune influence. On essaie de faire abstraction de ça autant que possible, car ça n'aide pas le jeu."

"J'étais juste tellement soulagé qu'on soit qualifiés", ajoutait Brian McBride.

Une fois en Asie, la tâche ne s'annonçait pas plus simple. Le premier adversaire ? Le puissant Portugal. Ce qui suivit fut l'un des plus grands exploits de l'histoire du tournoi.

Le coup de tonnerre

US forward Landon Donovan (R) celebrates after scoGetty Images

L'équipe du Portugal qui se dressait face aux États-Unis pour ce premier match était portée par une génération dorée. Rui Costa, Luis Figo, Pauleta — des légendes vivantes. L'équipe américaine ? Beaucoup moins intimidante sur le papier. Pourtant, ce sont bien les Américains qui sortirent vainqueurs de ce duel inaugural, au terme d'une performance d'anthologie.

Tout commença très vite avec un but de John O'Brien dès la quatrième minute. Ce n'était que le début. Un but contre son camp de Jorge Costa doubla la mise avant que McBride, élu homme du match, ne porte le score à 3-0 à la 36e minute, laissant l'une des meilleures équipes du monde totalement sonnée. Le Portugal tenta bien de réagir, inscrivant deux buts, mais ce ne fut pas suffisant. Au coup de sifflet final au Suwon World Cup Stadium, le tableau d'affichage indiquait : USA 3, Portugal 2.

"C'est probablement la plus grande victoire de l'ère moderne", affirmera Arena après le match.

Ce match marqua aussi les débuts en Coupe du Monde de deux joueurs qui allaient devenir les visages de l'équipe américaine pour la décennie à venir. En attaque, Landon Donovan, qui faisait déjà parler de lui après avoir remporté le Ballon d'Or au Mondial U17. C'est lui qui provoqua le but contre son camp de Costa, son tir dévié par le défenseur donnant un élan décisif aux siens.

"J'étais stupéfait", confiera Donovan.

Sur l'aile gauche ? DaMarcus Beasley, qui émergea lui aussi comme un talent incontournable. Ces deux jeunes stars allaient participer aux trois matchs de poule, incluant un nul contre la Corée du Sud et une défaite 3-1 contre la Pologne (marquée par un but de Donovan). Au final, les États-Unis terminèrent deuxièmes du groupe, tandis que la légendaire équipe du Portugal prenait la porte prématurément.

Le test suivant, cependant, allait avoir une saveur unique. Le destin plaçait sur leur route leur rival le plus intime, pour un duel sur la plus grande des scènes.

Le mythe du "Dos a Cero"

USA's Claudio Reyna (L#10), Carlos Llamosa (C#16)Getty Images

Si vous suivez l'équipe américaine, vous connaissez l'expression "Dos a Cero" (Deux à Zéro). C'est devenu un score légendaire dans la rivalité entre les USA et le Mexique. Mais le moment fondateur, le plus grand de tous associé à ce score, s'est produit le 17 juin 2002 à Jeonju, en Corée du Sud. C'est ce jour-là que le "Dos a Cero" est entré dans la légende.

S'affrontant pour la première — et unique — fois de leur histoire en Coupe du Monde, les États-Unis et le Mexique se retrouvaient en huitièmes de finale. L'honneur était en jeu, mais surtout une place dans le top 8 mondial. Les États-Unis prirent rapidement les devants grâce à un but de McBride, un avantage qu'ils ne lâchèrent jamais. Lorsque Donovan fit trembler les filets à la 65e minute, l'affaire était pliée.

Dos a Cero. Et les États-Unis étaient en quarts.

"J'avais conscience, même à 20 ans, qu'il était possible qu'on ne les joue plus jamais en Coupe du Monde", a raconté Donovan à ESPN. "Il y a un contexte historique : si c'était la seule fois... on voulait s'assurer d'avoir cette victoire pour toujours."

"Ça a ancré dans l'esprit des fans mexicains que cette rivalité était désormais réelle. Peu importe ce qui arrive en qualifications ou en amical, ils ne pourront jamais, jamais nous enlever ça. Ça nous a donné une crédibilité immédiate."

Avec cette crédibilité en poche, les États-Unis n'avaient plus rien à perdre en quarts de finale.

Une sortie controversée

Michael Ballack Oliver Neuville Germany 2002 World CupGetty Images

Des années plus tard, cela reste l'un des moments les plus controversés de l'histoire de la Coupe du Monde. Les États-Unis en furent les victimes, ce qui précipita leur sortie.

Opposés à une puissante équipe d'Allemagne comptant dans ses rangs Oliver Kahn et Michael Ballack, les Américains étaient, une fois de plus, les outsiders. Un statut confirmé en fin de première période lorsque Ballack trouva l'ouverture, renvoyant les USA aux vestiaires avec un but de retard et l'obligation de marquer pour garder leur rêve en vie.

Pourtant, les États-Unis avaient des raisons d'y croire. Donovan avait forcé le légendaire Kahn à deux parades décisives, donnant un semblant d'élan pour la seconde mi-temps. Puis, l'incident survint. Un centre de Claudio Reyna trouva Gregg Berhalter (le futur sélectionneur), dont la volée fut repoussée par Kahn. Le rebond qui suivit frappa clairement le bras du défenseur Torsten Frings sur sa ligne de but.

Cela aurait dû être un carton rouge et un penalty qui aurait changé la physionomie du match. Au lieu de cela : rien. Pas de coup de sifflet. Le jeu continue.

"C'était penalty à 100 %", dira Arena. "Je déteste dire qu'on s'est fait voler... Mais on avait le momentum. On contrôlait le match. On aurait battu l'Allemagne et on serait allés en demi-finales. L'une de mes conclusions, c'est qu'en tant que pays, nous n'avions pas encore gagné le respect du monde du football."

D'une certaine manière, ils l'ont gagné ce jour-là. Le légendaire Franz Beckenbauer fut parmi ceux qui affirmèrent que les États-Unis méritaient de passer. Kahn, pour ses exploits, fut nommé homme du match, preuve s'il en est que les Américains avaient réellement mis en danger la constellation de stars allemandes.

Ce jour-là, les États-Unis ont montré qu'ils pouvaient jouer contre n'importe qui et, malgré le résultat, cela reste l'une des plus grandes déclarations d'intention de l'histoire du soccer américain.

Un héritage durable

Landon Donovan USMNT 2002 World CupGetty Images

Aujourd'hui encore, 23 ans plus tard, la sélection nationale américaine court après cet été-là. L'équipe n'a jamais égalé les sommets de 2002 et, bien qu'il y ait eu de grands moments depuis, aucun n'a atteint ce niveau vertigineux. Ce fut, à bien des égards, la véritable introduction de la sélection américaine dans la cour des plus grands. Tout ce qui s'est passé ensuite trouve sa source dans cette équipe de 2002.

Donovan, reconnu comme le meilleur jeune joueur du tournoi, a donné le ton pour une génération aux côtés de son coéquipier de toujours, Beasley, guidant l'équipe à travers ses plus grands moments. Des joueurs comme McBride, Reyna et Brad Friedel ont acquis un statut de légendes.

Tout comme Arena, le coach le plus titré de l'histoire de la sélection. Berhalter a lui aussi pris les rênes par la suite, ramenant les États-Unis sur la scène mondiale au Qatar en 2022, avant d'échouer une marche plus bas que celle atteinte par son équipe de 2002.

Et maintenant, alors que le tournoi de 2026 à domicile se profile, 2002 reste la référence.

Pour avancer dans une Coupe du Monde, une équipe doit inévitablement abattre des géants. Les États-Unis l'ont fait et, avec un petit coup de pouce du destin, auraient pu prolonger cette course remarquable. C'est un rappel qu'un peu de chance peut mener loin.

Peut-être que cela arrivera l'été prochain. Peut-être que 2026 sera enfin l'année où les États-Unis briseront ce plafond de verre pour franchir un cap — le nouveau coach Mauricio Pochettino a d'ailleurs fixé les quarts de finale comme objectif sur le sol américain.

En attendant, cette épopée de 2002 gardera sa place dans l'histoire pour ceux qui se souviennent non seulement de ce que les États-Unis ont accompli, mais aussi à quel point le football américain a grandi grâce à cela.

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