C'est un parcours de globe trotter que les Américains connaissent assez peu. A 22 ans, Nicholas Gioacchini a déjà connu des expériences professionnelles aux Etats-Unis mais aussi en France du côté de Caen et de Montpellier. Sans oublier un passage, plus jeune, en Italie d'où son père est originaire. Après quelques mois passés du côté d'Orlando, l'attaquant souhaite retrouver de la stabilité et retrouver un jour l'Europe où il rêve de disputer la reine des compétitions.
Les supporters de Saint Louis City ne le savent peut-être pas mais à 22 ans, vous avez un parcours de globe-trotter. Pouvez-vous nous le raconter ?
Je suis à Kansas City, côté Missouri où j’ai vécu pendant huit ans, j’ai joué dans le village où nous vivions. Ensuite j’ai déménagé en Italie dont mon père est originaire, il vient de Parme. J’y ai passé quatre ans là-bas où j’ai évolué avec un petit club qui s’appelle Audace et un autre nommé Milan Club, proche de l’AC Milan. Et ensuite nous sommes rentrés chez nous aux Etats-Unis où j’ai passé trois ans et demi à Washington. Dans le Maryland, nous avons vécu dans trois villes. J’ai rejoint le club de Cerritos où j’ai appris la grinta parce que c’était très physique puis j’ai démarré avec les U15 de DC United mais je n’y ai passé que trois mois car je ne me sentais pas bien là-bas
Dans votre parcours, il y a aussi la France…
J’avais un coach personnel aux Etats-Unis qui m’entraînait une fois par semaine et à 15 ans, il m’a demandé si je voulais aller en France. L’Europe a toujours été mon objectif et j’ai donc dit oui. Je suis parti au Red Star (qui évolue en troisième division française et à longtemps été en seconde) faire des essais. J’y suis resté trois mois mais ils n’ont pas réussi à valider ma licence et dans la foulée j’ai fait des essais au Paris FC (qui évolue en seconde division) où j’ai passé deux saisons avant de signer stagiaire pro à Caen (qui évolue dans la même division et était en L1 lorsqu’il il a signé). Par chance, mes parents cherchaient aussi à étendre leur entreprise familiale en France.
Que retenez-vous de chacune de vos expériences en Italie, aux Etats-Unis et en France ?
Aux USA, j’ai appris la grinta avec Cerritos. C’était une équipe de Sud-Américains avec un environnement différent de ce que l’on peut trouver ici. En Italie, j’ai vécu la passion du football. Ils vivent ce sport comme une religion, ça t’oblige aussi à tout donner sur le terrain. Et en France, je retiens l’aspect tactique et technique. Tu es entouré de jeunes très talentueux qui ont une liberté impressionnante sur le plan technique. Ils s’amusent avec le ballon.
Il y a eu un moment où à Caen cela s'est plutôt bien passé avec une dizaine de buts marqués sur deux saisons. Qu’est-ce qui a fait que cette dynamique s’est enrayée ?
C’est vrai. Il y a eu le départ de Pascal Dupraz qui a eu un effet. C’est lui qui m’a lancé en professionnel. Après son départ, je n’ai pas réussi à trouver du temps de jeu avec les nouveaux coachs et la nouvelle direction. Il y a eu beaucoup de changements et je n’étais plus un objectif du club. Cela m’a fait perdre beaucoup de confiance.
Pascal Dupraz vous donnait beaucoup de confiance ?
Oui, c’est aussi grâce à lui que j’avais cette confiance sur le terrain. Si je faisais un mauvais match, il me rassurait et me gardait pour la rencontre suivante. Il me disait que j’allais avoir du temps de jeu et que j’allais marquer des buts. C’était presque mon père à Caen. Après son départ, le coach de la réserve (Fabrice Vandeputte) a fait la saison pour jouer le maintien et ensuite Stéphane Moulin a pris la direction de l’équipe. Je n’étais pas son joueur donc ça a été plus compliqué et c’est là que je suis parti à Montpellier.
Après une expérience à Montpellier, vous avez quitté l’Europe pour retrouver les USA. Pourquoi ce choix ?
Je pensais que c’était le moment de rentrer chez moi. Ça faisait déjà sept ans que j’étais en France. Les dernières années, j’ai galéré. Donc je me suis dit qu’il serait bon d’aller prendre l’expérience aux Etats-Unis, que cela pouvait m’aider. Financièrement, c’était aussi plus intéressant que ce que je pouvais avoir en L2. Mon objectif, ça sera toujours de revenir jouer en Europe et je me suis dit que pour y arriver une ou deux années en pleine confiance en MLS, ça peut me faire rebondir en Europe.
A 22 ans, vous avez déjà beaucoup voyagé. Cela vous donne-t-il l’envie de stabiliser votre situation et de vous inscrire dans la durée ?
Oui, c’était un de mes objectifs. J’étais comme un vagabond dans le football. Quand tu bouges beaucoup, tu n’arrives pas trouver un rythme et je me suis dit qu’il fallait trouver un club dans lequel je vais jouer sans problème pendant une ou deux saisons. Je voulais trouver un endroit stable. J’ai cru que cet endroit stable pouvait être à Orlando parce que c’est eux qui sont venus vers moi en contactant mon frère sur Instagram puis en prenant attache avec ma mère. Mais je suis arrivé en fin de saison dans un contexte difficile avec une équipe déjà en place, un coach qui ne me faisait pas confiance et seulement six ou sept joueurs qui parlaient anglais car il y avait beaucoup de joueurs latinos.
Vous êtes arrivés en novembre à Saint-Louis et vous avez de bonnes statistiques avec 3 buts et une passe décisive en neuf matchs. Comment voyez-vous la suite ?
Je me vois terminer la saison ici déjà. Même si j’ai de bonnes statistiques lors du mercato d’été, je dois trouver un endroit où je suis stable. Au moins une saison ici, ensuite on verra ce qu’il se passe à l’hiver ou l’été 2024. Ça serait un bon plan. Mais je dois encore me focaliser sur mon club pendant quelques mois pour faire une à deux saisons.
Votre rêve c’est toujours de retrouver l’Europe…
Oui. Mon rêve c’est de jouer la Ligue des champions. Je suis Américain et dans notre culture quand nous avons quelque chose en tête nous voulons aller jusqu’au bout. J’ai l’envie de faire ce que j’ai toujours voulu faire depuis tout petit. J’en ai parlé un peu avec Mamadou Sakho mais surtout avec Roman Burki (qui l’a disputé avec Dortmund) et ce qui revient, c’est cette musique d’entrée qui te met un coup d’adrénaline unique dans une vie. Ça m’a donné encore plus envie.
Vous avez aussi quelques sélections avec l’équipe nationale américaine, on imagine que la prochaine Coupe du monde c’est dans un coin de votre tête…
Oui mais je n’y pense pas beaucoup. Je suis focalisé sur ce qu’il se passe aujourd’hui donc la Coupe du monde n’est pas encore présente dans ma tête. Avant de penser à ça, j’espère vraiment revenir en Europe avant la Coupe du monde. J’y penserai certainement plus un ou deux ans avant le début de la compétition. Il y a encore beaucoup de temps.
