Adrien Rabiot, le milieu de terrain de la Juventus, est de retour en équipe de France, deux ans après avoir refusé de figurer dans la liste des réservistes pour la Coupe du monde 2018 en Russie. L'ancien Parisien a pris la parole ce jeudi lors d'un point presse.
Comment se passent les retrouvailles avec l'équipe de France et Didier Deschamps ?
Adrien Rabiot : Les retrouvailles se passent très bien. Je suis très heureux d'être de nouveau au château avec l'équipe. Avec Didier Deschamps, ça se passe aussi très bien. On a eu l'occasion de discuter et d'échanger un petit peu sur ce qui s'est passé en 2018. On a également parlé de ce rassemblement et de ce que je vis à la Juventus.
Qu'attendez-vous de cette sélection ? Quel est votre état d'esprit ?
J'attends de bonnes choses, que ça me permette de rejouer en équipe de France, de pouvoir m'affirmer et me montrer dans cette équipe. Je suis venu assez tôt quand même et je n'ai pas été le plus performant. J'arrive dans un bon état d'esprit, je suis très heureux, avec des gens et un lieu que je connais.
Vous attendiez-vous à retrouver la sélection sous l'ère Deschamps ?
Oui... Je ne vais pas dire non. Il s'est passé ce qui s'est passé, mais je sais que le sélectionneur ne reste pas figé sur ce genre de choses. Il regarde les performances et suit les joueurs. Sur ces derniers mois, j'ai eu des périodes assez compliquées. Ce n'était pas justifié à ce moment-là de revenir en équipe de France, mais à partir du moment où j'ai rejoué, j'ai retrouvé mon niveau.
Aujourd'hui, que feriez-vous de différent par rapport à cette période trouble avec le sélectionneur ?
Avec le sélectionneur, je ne trouve pas qu'il y ait eu de périodes troubles. Votre question est sûrement liée à la lettre, mais on en a discuté. Et comme je l'ai dit, il n'y a jamais eu d'affront fait au sélectionneur ou d'agressivité envers lui, et il le sait bien. Il n'y a pas eu de problèmes vis-à-vis du sélectionneur.
"Ça me fait bizarre d'entendre : 'est-ce qu'il va présenter des excuses ?"
Comment réagiriez-vous si vous étiez réserviste pour l'Euro l'an prochain ?
C'est loin encore. Forcément, mon objectif n'est pas d'être parmi les réservistes s'il y en a. Mon objectif, c'est d'être dans les 23 et on verra par la suite.
En 2018, vous sembliez estimer que vous méritiez votre place dans les 23. La concurrence est-elle plus rude aujourd'hui et où vous situez-vous par rapport à cette concurrence ?
Il y avait déjà de la concurrence. Je ne sais pas si on peut dire qu'elle est plus rude aujourd'hui. Cela fait plusieurs années qu'il y a de très bons joueurs en équipe de France, et les générations qui arrivent sont très bonnes aussi. Il faut toujours se dépasser et être au niveau pour mériter sa place dans cette équipe.
Pensez-vous avoir grandi en tant qu'homme ces deux dernières années ?
Deux ans dans le football d'aujourd'hui, c'est dix ans à l'extérieur j'ai l'impression. Entre mes années à Paris et mon passage à Turin, j'ai déjà pas mal changé en tant que footballeur. C'est vraiment différent. C'est un championnat différent, une autre langue, une autre ville. Et en tant qu'homme c'est pareil. Quand on part d'un endroit où on a l'habitude d'être, où on est bien, dans un certain confort, ça nous change et ça nous permet d'évoluer.
En quoi votre année à la Juventus a été utile pour retrouver l'équipe de France ?
Tout n'a pas été simple au départ. J'ai dû me battre, mais je suis quelqu'un de très optimiste et qui aime la compétition. Ça n'a pas été un problème, et à partir du moment où j'ai trouvé ma place à Turin, j'ai essayé de la garder, de ne pas la lâcher. Quand on est performant, qu'on a la chance d'évoluer dans un grand club et qu'on est titulaire, on sait que ça peut nous ouvrir les portes de l'équipe de France, et ça m'a boosté.
GettyComment avez-vous vécu le titre de champion du monde en 2018 et qu'avez-vous ressenti ? De la joie, de la tristesse, les deux ?
J'étais content. Je ne suis pas rancunier. Au contraire, j'étais derrière l'équipe de France et vraiment content de cette victoire.
Avez-vous pensé à appeler Didier Deschamps pour vous excuser ?
Comme je l'ai dit, il ne s'est rien passé entre le sélectionneur et moi. Rien de personnel. Il n'a rien pris contre lui. Même chose pour le président de la Fédération (Noël Le Graët, ndlr). Il n'y avait rien de personnel, et rien contre aucun joueur présent à ce moment-là. Ça me fait bizarre d'entendre : "est-ce qu'il va présenter des excuses ?"
"Il n'y a pas eu un match où j'ai été vraiment bon en Bleu"
Êtes-vous ouvert aujourd'hui à l'idée d'évoluer à plusieurs postes au milieu ?
Ça aussi, ça a souvent été mal interprêté ou amplifié. Comme beaucoup de joueurs, j'ai été formé à un poste, relayeur gauche, où je me sens le mieux. Je l'ai toujours dit. Mais je peux bien sûr évoluer à d'autres postes au milieu, je suis capable de le faire. C'est bien de le clarifier, car ce n'est pas un refus de ma part.
Comment jugez-vous votre saison à la Juventus ?
Je suis content de ma saison. Tout n'avait pas forcément bien commencé, j'arrivais après une période d'inactivité assez longue. C'était un petit peu compliqué de se mettre dans le bain. Mais c'est allé en s'améliorant et ça s'est très bien fini. C'est quelque chose de très positif. J'ai su combattre, ne pas lâcher, aller de l'avant et obtenir ce que je voulais. En plus, ça me permet de revenir en équipe de France après ma bonne fin de saison, donc c'est bien.
Et vos matches en Bleu jusqu'ici, qu'en pensez-vous ?
Il n'y a pas eu un match où j'ai été vraiment bon en Bleu, donc plutôt moyen...
La vie loin des médias français est-elle plus tranquille ?
En réalité, la vie loin des médias tout court est plus tranquille (rires). Mais ça fait partie de l'environnement, de notre quotidien. Moi, ça fait un moment que je suis là-dedans et j'ai su faire abstraction même si très souvent on ne me lâche pas. Maintenant, je le prends plus tranquillement. Je ne suis pas quelqu'un qui parle beaucoup, donc c'est vrai que quand on sort régulièrement des choses sur moi, c'est un petit peu gonflant, mais c'est comme ça... Il y aussi pas mal de choses positives. Il faudrait que ce soit équilibré.
