Arnaud Nordin (21 ans) n'a pas joué longtemps à Nancy, mais il a été l'un des acteurs majeurs du maintien de l'ASNL lors de la saison 2017/18. Ce vendredi, l'attaquant retrouvera le Stade Marcel-Picot avec l'équipe de France Espoirs. L'occasion pour Goal de le rencontrer et de faire un point sur son évolution à l'AS Saint-Etienne. Le moment choisi également pour évoquer ses premières semaines sous les ordres de Claude Puel , intronisé début octobre à la place de Ghislain Printant.
Vous avez débuté en Espoirs par un but et une passe décisive le mois dernier. C'est l'idéal pour lancer cette aventure ?
Arnaud Nordin : C'est vrai que c'est l'idéal. Je suis très content d'avoir pu honorer mes deux premières sélections. En plus, avec deux victoires. Tout était parfait.
Ça vient récompenser votre début de saison aussi.
C'est ça, même si on a fait un début de saison mitigé collectivement. Individuellement, c'était positif même si je peux encore corriger quelques détails. Le fait d'être en sélection me fait plaisir. C'est un petit peu le fruit de mon travail.
Le sélectionneur Sylvain Ripoll disait après coup qu'il vous sentait "plus libéré". C'est le cas ?
Quand on nous accorde un peu plus de confiance, c'est sûr qu'on prend plus de risques, surtout à mon poste qui demande beaucoup de percussion. Aujourd'hui, je sens que je suis plus libéré et je pense que c'est ce qui peut me permettre de passer un palier.
Vous vous sentiez bridé avant ?
Je ne sais pas si on peut dire ça... L'année dernière, quand je suis revenu de mon prêt à Nancy, il y avait un groupe de grande qualité à Saint-Etienne. Du coup, j'étais un petit peu avec le frein à main au départ. Mais au fur et à mesure des séances, avec le travail, je me suis libéré automatiquement.
Il vous fallait peut-être reprendre confiance dans un groupe de Ligue 1, même si à Nancy ça s'était très bien passé pour vous ?
Entre la Ligue 2 et la Ligue 1, il y a quand même un niveau d'écart. Même entre Nancy et Saint-Etienne. Malgré tout le respect que j'ai pour Nancy, il y a une différence de niveau. Saint-Etienne avait fait un très gros recrutement avec l'arrivée d'internationaux. Il fallait passer ce petit cap qui allait me permettre de me lancer.
"Avec Claude Puel, il y a moins de statuts entre les anciens et les jeunes"
Vos six mois à Nancy restent quand même importants dans votre jeune carrière.
Ce prêt a été vraiment bénéfique même si on a joué le maintien de bout en bout. Le faire à 19 ans, ça forge un mental. Ça va me permettre de relativiser sur certaines difficultées que je pourrai rencontrer à l'avenir.
Il était prévu que vous retourniez là-bas, mais ça ne s'est pas fait. Comment avez-vous vécu cette période de flou autour de votre avenir l'an dernier ?
C'est vrai qu'on avait beaucoup parlé d'un possible retour à Nancy. Mais je suis resté concentré sur mon club formateur et j'avais quand même à cœur de montrer de bonnes choses. J'avais aussi cette envie de rester et de jouer.
Comment ça se passe avec Claude Puel à Saint-Etienne ? Vous sentez qu'il responsabilise un peu plus les jeunes ?
C'est un coach qui n'a pas peur de mettre des jeunes, et franchement c'est bien. Tout le monde est concerné, il y a moins de statuts entre les anciens et les plus jeunes. Il n'y a pas de question d'âge à partir du moment où le joueur est performant.
Vous tient-il ce discours ou c'est votre ressenti ?
On le sent tous les jours. C'est plein de petits détails. On le voit sur les compos d'équipe aussi. Il n'a pas peur de mettre certains cadres sur le banc parce qu'un autre est plus performant à l'instant T. Ça permet à tout le monde de rester concentré et attentif, ça amène de la fraîcheur, beaucoup d'envie, et ça s'est vu sur les derniers matches.
GettyEst-ce l'entraîneur le plus rigoureux que vous ayez connu ?
Ah oui, c'est le plus rigoureux. On travaille beaucoup sur les petits détails, on regarde ce qu'on a fait de bien ou de mal pour tenter de corriger nos problèmes de placement par exemple. Tactiquement, il veut vraiment que tout soit clair, net et précis. Et franchement, ça nous fait du bien.
Lui-même regrette de ne pas avoir suffisamment de temps pour travailler ces petits détails en raison d'un calendrier chargé. Mais on sent que ça prend petit à petit...
C'est vrai qu'on a du mal à travailler avec la Coupe d'Europe et les matches tous les 3-4 jours, mais malgré ça on trouve toujours des moments pour bosser techniquement et tactiquement avec la vidéo, qui est un très bon outil pour progresser.
La Coupe d'Europe vous permet de jouer davantage, mais vous n'avez été titulaire que quatre fois en L1 cette saison. N'avez-vous pas l'ambition d'être un titulaire en puissance avec l'ASSE ?
Comme tous les joueurs, j'ai envie d'être titulaire. Je continue à travailler, j'essaye d'être le plus performant et j'espère le devenir le plus vite possible.
"Le départ de Jean-Louis Gasset a fait mal à l'équipe"
Que vous manque-t-il aujourd'hui ?
L'efficacité dans les derniers mètres, faire une passe dé, un but. Pour un attaquant, maintenant, les statistiques sont très importantes. Et quand je commencerai à être un peu plus décisif, je pense que j'aurai ma place. Il faut que je sois plus tueur. Mais depuis que le coach Claude Puel est arrivé, on travaille beaucoup sur ça. Il me parle beaucoup de cette efficacité qui va me faire passer ce fameux palier. On travaille aussi ça avec la vidéo et j'espère que ça va me faire progresser.
Vous allez devoir forcer votre naturel du coup ?
Pas forcément. Il faut surtout que je sois plus intelligent dans mes choix. Quand je sors d'un dribble, j'ai parfois tendance à me précipiter, à centrer vite et à moins regarder ce qui se passe autour de moi. Je dois prendre plus mon temps, bien analyser la situation, et m'appliquer pour faire mieux les choses encore.
Comment vit-on dans ce championnat un peu fou depuis le début de la saison où tout est très ouvert ?
C'est vrai que cette saison c'est assez fou. Il y a un mois et demi, on était derniers du classement. Et aujourd'hui, on est quatrième, à un point du deuxième. Il faut continuer comme ça, gagner le plus de matches possibles et on regardera le classement plus tard.
C'est l'effet Claude Puel ou ce serait dénigrer le travail de Ghislain Printant ?
Ce serait dénigrer son travail parce que le coach Printant avait aussi fait du bon boulot avec nous. En début de saison, il nous a fallu un peu de temps, mais au fur et à mesure des matches ça allait beaucoup mieux. Après, Claude Puel est arrivé, il a amené une autre dynamique. Je pense que le groupe était prêt et on le voit bien.
Ce début de saison difficile, il était directement lié au départ de Jean-Louis Gasset ? C'était un choc pour le groupe ?
Franchement, oui, son départ a fait mal à l'équipe car c'était quelqu'un qui nous apportait beaucoup de confiance, qui nous parlait beaucoup. Il nous donnait vraiment tout. Humainement, je n'ai pas connu mieux. C'est quelqu'un de grandiose, et on pensait que le fait de garder un lien avec le coach Printant, qui était son adjoint, nous ferait du bien... Ça ne nous a pas fait du mal, mais en championnat ça n'allait pas et les dirigeants ont simplement voulu prendre la meilleure décision pour nous.
Propos recueillis par Benjamin Quarez, à Clairefontaine.


