L'une se revendique comme la fière héritière d'un passé minier, l'autre est encore aujourd'hui communément assimilée aux Lumières. D'un côté, Saint-Etienne. De l'autre, Lyon. Deux villes si proches sur la carte - 62km de distance - mais à la fois si loins... Et qui, deux fois par an, se livrent à une rivalité sans équivalent en France, lorsque les Verts de l'AS Saint-Etienne affrontent leurs rivaux de l'Olympique Lyonnais. Deux villes que tout oppose, ou presque, car ironie du destin, celles-ci se trouvent parfois quelques points communs... Dernier en date ? Un homme nommé Claude Puel, devenu entraîneur de l'ASSE ce vendredi, quelques années après son passage sur le banc de l'OL, entre 2008 et 2011.
Nommé manager général et entraîneur des Verts pour succéder à un Ghislain Printant en manque criant de résultat, Claude Puel arrive en effet dans le Forez avec un timing pour le moins déconcertant. Libre depuis la fin de son aventure chez les Foxes de Leicester en février dernier, le natif de Castres dispute ce dimanche soir son premier match officiel sous ses nouvelles couleurs contre un adversaire qu'il connaît bien : l'Olympique Lyonnais.
Totalisant 506 matches sur le banc d'une équipe de Ligue 1 au 21e siècle, ce qui fait de lui le technicien le plus expérimenté sur cette période, celui qui a aussi officié du côté de l'AS Monaco, du LOSC et de l'OGC Nice va donc débuter sa mission les pieds dans le plat, dans un Chaudron qui, derby et tradition obligent, devrait revêtir son costume des grands soirs : celui d'une enceinte pouvant accueuillir près de 42 000 personnes chauffées à blanc, prêtes à jouer à merveille leur rôle de 12ème homme.
Trop juste pour une vraie préparation, mais de l'expérience en amont
"C’est un 12e homme dont on aura bien besoin. Je l’ai perçu jeudi soir (face à Wolfsburg en Ligue Europa) quand l’équipe arrivait à mettre de l’intensité. Le public peut être extraordinaire. On sent une ferveur, un bruit de fond. Pour les joueurs, c’est énorme", confiait justement Claude Puel, samedi, en conférence de presse d'avant-match. Des joueurs avec lesquels il n'a justement passé que de très courts instants avant ce match d'ores et déjà décisif, l'ASSE pointant à une très symbolique place de lanterne rouge au classement.
"Je n’ai pas voulu leur prendre la tête aujourd’hui (samedi). Il n’y aura pas de choses miraculeuses. Je ne veux pas tout chambouler en quelques heures (...) Il n’y a pas de contexte particulier pour moi. Je ne fonctionne pas comme cela. Je prépare toujours mon équipe pour de bonnes raisons. J’ai été intronisé hier vendredi. Bien sûr, je n’ai pas de recul, je ne connais pas encore bien tous mes joueurs. Je vais les accompagner, essayer de les aider. Je partagerai les difficultés du moment avec eux sur ce match. Pour, ensemble, aller chercher quelque chose", ajoutait le technicien, déterminé à débuter sous les meilleurs auspices.
GETTYS'il a été contraint de sa cantonner à de simples ajustements, nul doute que Claude Puel dispose de l'expérience nécessaire de ce que représente un derby dans la région, et qu'il saura trouver les mots pour galvaniser un groupe en proie au doute ces dernières semaines. Et pour cause, en trois saisons passées sur le banc de l'Olympique Lyonnais, Claude Puel a disputé pas moins de six derbies. Si son bilan est positif (trois victoires), il restera à jamais dans l'histoire de cette rivalité pour avoir été sur le banc de l'OL lors de la défaite face aux Verts à Gerland (0-1), lors du centième derby de l'histoire. Le premier remporté par les Verts depuis 1994. Ce soir là, Dimitri Payet avait expédié une merveille de coup franc dans la lucarne d'Hugo Lloris... Mais ce dimanche, le contexte se veut radicalement différent.
Un derby en apéritif, la volonté de construire comme impératif
Si ce derby face aux hommes d'un Sylvinho parfois apparu désabusé par les prestations de ses joueurs représente un premier défi de taille pour Claude Puel, qui n'a pû oublier le traitement que lui avait réservé le président lyonnais Jean-Michel Aulas à la fin de son aventure dans le Rhône, celui-ci ne fera qu'office d'apéritif. Dès le lendemain, et alors qu'une trêve internationale arrivant à point nommé se profile, le nouvel entraîneur de l'AS Saint-Etienne pourra passer au plat principal : redonner à ce club une ligne directrice, vouée à faire naître un projet viable sur le long terme. À ce sujet, il avait d'ailleurs été très clair dès sa présentation aux médias, vendredi, à l'Etrat.

"Partout où je suis passé, dans mon implication et mon travail, j’ai essayé de donner le maximum et le meilleur de moi-même. Je ne suis pas carriériste. Je respecte mes dirigeants et les supporters. Quand je défends les couleurs d’un club, je les défends à fond. Ma vision est tournée vers le long terme afin de développer les composantes du club, mettre en place un projet sportif et collectif, faire progresser des joueurs, une équipe, faire la liaison entre la formation et les professionnels. C’est quelque chose qui me tient à cœur (...) Tout un club va travailler main dans la main de façon à redonner une meilleure image et de bons résultats aux Stéphanois. C’est un vœu pieu de ma part. On donnera notre maximum", avait prévenu l'entraîneur, alors entouré des présidents Roland Romeyer et Bernard Caïazzo.
Réputé pour sa qualité de bâtisseur n'hésitant pas à incorporer les jeunes du centre de formation à l'équipe professionnelle, nul doute que Claude Puel aura de quoi faire à l'ASSE. En plus d'un groupe qui peut s'appuyer sur des joueurs d'expérience, le club a en effet remporté la Coupe Gambardella la saison dernière au Stade de France, grâce à une génération de joueurs talentueux déterminés à gravir les échellons dans leur club formateur. Ainsi, des joueurs comme Charles Abi, Bilal Benkhedim, Stefan Bajic, Wesley Fofana, Tyron Tormin ou encore Marvin Tshibuabua pourraient être amenés à pointer le bout de leur nez plus vite que prévu.




